L’animal : une question de civilisation.

Façonnée par les monothéismes, la société mondialisée confine l’animal à un rang inférieur, souvent à celui des choses, des marchandises et même des souffre-douleurs,
des symboles expiatoires.

C’est que les mythes fondateurs du monde contemporain intimaient à l’homme de devenir « comme maître et possesseur de la nature », « effroi de toutes les
bêtes dont il peut disposer ». Et les prescripteurs antiques d’enjoindre à l’homme de « croître et multiplier, jusqu’à emplir la terre » !

Bref, l’humain devait se comporter dans la biosphère, exactement à l’instar d’une cellule cancéreuse dans un organisme.

Ces prescriptions, divinement nocives, fondèrent une civilisation dévastatrice pour la planète, infernale pour les animaux et, par ricochet, pour les hommes eux-mêmes instruits à dominer, asservir, exploiter, éliminer ce qui dérange.

Nous assistons, présentement, à une rupture de civilisation générée par les progrès des connaissances en paléontologie, science de l’évolution des espèces, biologie moléculaire, éthologie, écologie qui convergent vers une vérité objective : l’unité du vivant dans la diversité des formes.

Longtemps ignorée, la question animale émerge, tant dans la philosophie que dans la vie quotidienne des humains.

La fréquentation des animaux dits de compagnie, la constatation de la raréfaction de la faune, l’industrialisation massive de l’élevage et de l’abattage, la cruauté effrayante de certaines traditions sanguinaires, appellent une remise en cause des dogmes anciens.

S’impose, aux esprits de tous, une interrogation critique face à la traditionnelle rupture radicale entre l’humain/animal et les autres espèces.

Les brutalités d’employés des abattoirs suscitent de vives réactions dans l’opinion publique, contraignant des ministres, par ailleurs hermétiques à la sensibilité envers les animaux, à réagir, au besoin en faisant fermer des établissements.

Bien qu’encore minoritaire, des contemporains réduisent considérablement leur consommation de viande ou y renoncent totalement et le grand public entend parler du phénomène dit "vegan", de moins en moins confidentiel.

Tout ceci participe d’un mouvement de fond, d’un changement de civilisation auquel s’opposent des forces passéistes dont la chasse, l’élevage, la tauromachie constituent les noyaux durs de réactions violentes parce que vaines.

Eu égard au stade d’évolution des connaissances et des mentalités, l’heure est venue d’abolir, par la loi, tous les usages cruels de l’animal à des fins de loisir et de spectacle.

Puisque l’animal est un être sensible, ce qui est reconnu quasi-universellement, le temps est venu d’interdire la chasse loisir, la tauromachie et l’utilisation des animaux dans les jeux et spectacles.

Lorsque je qualifie « d’arriération » la chasse et le goût des spectacles de mort, je n’injurie nullement des pratiques, mais les décrit sociologiquement.

Tuer pour se distraire, pour jouir de la mort d’un être sensible, relèvent d’une arriération puisque la connaissance et la conscience invitent au respect et à la bienveillance envers cet autrui différent, mais partageant, avec nous, le sort de vivre.

Il serait du devoir de l’État de légiférer, conformément aux souhaits d’une majorité de citoyens, en abolissant la mort loisir et la mort spectacle.

Bien sûr, l’État ne respectera pas ce devoir de civilisation.

Pourquoi ?

Parce que les démocraties actuelles ne sont que des leurres, des écrans factices, des illusions entretenues à dessein pour préserver des intérêts très privés.

Combien sont-ils les électeurs, sujets captifs de la propagande insidieuse, à savoir qu’en votant pour Monsieur X, ils optent pour la chasse, la corrida, la fin des services publics, le sacrifice des droits acquis des petites gens, la mort des loups et des droits sociaux, la perpétuation des privilèges de la fortune ?

La propagande vise à occulter ces faits, ces évidences qu’il faut taire.

Ainsi, la question « animale » se trouve indissociablement liée à l’échec actuelle de la démocratie.

 

Gérard  CHAROLLOIS

 

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