par Michelle Chagnon
Après les grandes cités taurines d’Espagne, c'est au tour de la ville de Nîmes de revoir sa programmation taurine. (D.R)
La Ville permet aux délégataires de revoir la programmation taurine. Deux corridas seraient ainsi supprimées pour raison économique.
Après Bayonne, Saragosse, Malaga, Cordoue et d’autres grandes cités taurines d’Espagne, dont la capitale Madrid, la ville de Nîmes a décidé de revoir sa programmation taurine. Samedi dernier, le conseil municipal a voté une délibération visant à réduire le nombre de corridas en 2013.
Concrètement, l’an prochain, la feria de Pentecôte devrait être amputée d’une corrida (celle de l’ouverture, le mercredi). Idem pour les Vendanges. A la place, le délégataire de service public, Simon Casas Production, envisage de programmer les novilladas qui se déroulaient jusqu’à présent le vendredi matin. "Cela correspond à la conjecture économique générale et à celle de la tauromachie. En Espagne, ça diminue de partout, affirme Simon Casas, joint lundi par téléphone. Il faut s’adapter à la réalité économique car le principal péril, ce ne sont pas les anti, non, mais la viabilité économique de la tauromachie."
Le arènes ne font pas le plein
Au compteur de 2013 donc, deux corridas en moins. Cette révision "optionnelle" - rendue possible par la convention du 4 février 2010 - planait depuis plusieurs années. "Depuis le début de la crise", soutient Simon Casas. Apparues sous l’époque de Jean Bousquet dans les années quatre-vingt, les corridas matinales, création nîmoise, ont longtemps rempli les arènes et écrit de beaux chapitres de l’histoire taurine locale, telle la première grâce d’un toro le 30 mai 2004, par Enrique Ponce.
Mais depuis 2008, certaines corridas ne font plus le plein. Si le phénomène est encore plus sensible de l’autre côté des Pyrénées (l’empresa vedette, Chopera, a démissionné de Cordoue), Nîmes n’y échappe pas. Dernier exemple marquant en date : le seul contre six de Javier Castaño, un triomphe qui n’a attiré que 8000 spectateurs dans les gradins, soit deux tiers d’arène.
Si les corridas passent de 8 à 7 à la Pentecôte et de 4 à 3 aux Vendanges, le nombre de spectacles aux ferias restera stable. Comment ? Les courses camarguaises intègrent le créneau des novilladas (mais n’entreront pas dans l’abonnement). Les cartels définitifs seront validés par le maire puis dévoilés durant le premier trimestre 2013.
TVA : "Un débat avec les impôts"
Les corridas organisées dans le cadre d’une délégation de service public sont assujetties à la TVA (contrairement à celles encadrées par une régie municipale). Depuis la feria des Vendanges 2011, Simon Casas, membre du groupement des entrepreneurs de spectacles taurins français, applique de son propre chef un taux de TVA à 5,5 % (en vigueur pour les spectacles culturels) au lieu des 19,6 %. Au conseil municipal du 17 novembre, l’opposition s’est dite choquée.
« Je le fais en toute transparence, répond M. Casas. Ce débat existe depuis 35 ans, comme si la corrida était un service ! Mais désormais, nous avons des arguments incontestables dont l’inscription de la corrida à l’inventaire du patrimoine culturel immatériel. Nous appliquons la TVA que nous estimons être la bonne. Un débat cadré juridiquement est engagé avec les impôts et nous attendons leur réponse. »