CVN: commentaire politique et témoignage émouvant.
Vous trouverez, ci-dessous, un beau témoignage d'une militante anticorrida confrontée, lors d'une manifestation, à la brutalité primaire des amateurs de torture animale.
En ces jours de "primaires de la gauche", auxquelles j'ai participé personnellement sans donner aucune consigne de votes, il convient de s'interroger sur l'indigence de la classe politique française face à l'éthique animale.
Après des "primaires de l'écologie" qui virent la victoire de la candidate qui exprima sa relative tolérance à l'égard de la corrida et de la chasse à courre, il ne fallait guère attendre des candidats socialistes des prises de positions éclairées et courageuses en faveur du vivant, de la nature, des animaux.
Ces sujets sont mêmes tabous en ce pays où les lobbies font peur.
En l'absence de reprise de nos valeurs, je ne pouvais pas donner à mes amis militants une quelconque directive, si ce n'est celle de battre la droite de l'argent qui est aussi celle des chasseurs, des aficionados, des maquignons, des tenants de l'agrochimie intensive et productiviste, des promoteurs, bétonneurs, donc de tous les ennemis de la terre.
Or, pour battre cette droite qui vote chaque année une loi pro-chasse, qui inscrit la corrida au patrimoine immatériel cuturel de la France, qui laisse tuer les loups et qui, en sus, sacrifie les intérêts des services publics, des salariés, des gens les plus vulnérables aux lois de fer du Marché, il faut bien soutenir ceux qui peuvent faire bouger les lignes.
D'où ma participation personnelle et sans soutien public de quiconque aux primaires des diverses oppositions de gauche au pouvoir funeste du profit et des traditions, à ce pouvoir UMP CPNT.
Alors, amis des animaux et de la nature, surveillez les déclarations de l'un ou de l'une est opter en faveur de celle ou celui qui sera le mieux disant pour notre écologie .
S'abstenir, c'est être complice de ceux qui depuis tant d'années servent la mort loisir et la mort spectacle.
Gérard CHAROLLOIS
Témoignage magnifique:
Lors de la manifestation à Rodilhan le 8 octobre...
Quand on est arrivé près des arènes, par petits groupes de deux, on est passé près du camion où vous attendiez, sans le savoir, votre massacre prochain.
Alors je vous ai envoyé une pensée, « on va faire en sorte d'empêcher le massacre ».
Et puis on est rentré, comme hors du temps, dans cette arène, malaise, je regardais les gens autour de moi et je me demandais, comment peuvent-ils venir là comme s'ils venaient au théâtre ? Ils riaient, se disaient bonjour, attendaient.
Nous, nous savions qu'ils allaient être surpris. Alors ça nous donnait la force.
15h50, le coup de sifflet, on déploie les banderoles ; il leur a fallu moins de trois minutes pour intervenir, une dizaine de fous furieux qui nous ont sauté dessus, certains sont montés directement, d'autres tiraient d'en bas, donnaient des coups de balais, ils arrachaient, tiraient hurlaient. Ce n'étaient
pas des êtres humains que nous avions en face de nous. C'étaient des psychopathes.
Une fois les banderoles arrachées, ils se sont apaisés un peu, mais ils n'avaient pas encore vu qui se passait en bas. Nos amis de combat s'étaient enchaînés
sur le sable de l'arène ; plus de 50 personnes criaient « Abolition ! Abolition ! » en levant le poing.
J'ai essayé d'aller récupérer une banderole, mais un type m'a poussée dans l'escalier en me donnant un coup de pied et en me disant que ça suffisait ; son
regard en disait long sur ce qu'il me ferait si j'essayais de remonter dans les gradins avec ma banderole.
Ca ne servait à rien, j'ai lâché ma banderole, je suis descendue, et j'ai sauté au milieu pour rejoindre mes amis, mes amis de combat...
Pas de chaîne alors je me suis mise au milieu du cercle pour crier avec eux « Abolition ! Abolition ! La torture n'est pas notre culture ! »
De là où j'étais, je pouvais voir les visages déformés par la haine de ces gens qui tapaient sur les miens, qui arrachaient leurs vêtements, qui arrosaient avec le puissant jet d'eau de pacifiques militants enchaînés, sans défense.
Comment comprendre ces êtres dans les gradins qui éructaient leur violence et réclamaient notre mise à mort en baissant le pouce vers la terre ?
Comment se sentir de la même espèce que ces gens-là ? Comment les considérer comme des humains ? Humains ???
Mais qu'importe, nous ne pensions qu'à vous qui attendiez, sans le savoir, votre dernière heure, dans ce camion derrière les arènes. Pour vous, il fallait
tenir. Si on tenait suffisamment longtemps, ils annuleraient.
Ils ont hurlé, frappé, ils ont tiré, ils ont déchiré, ils ont donné des coups de poings, des coups de pieds, ils ont réussi à nous trainer hors de l'arène,
un par un, parce que pour eux, ce qui comptait, ce n'était pas ce que nous faisions, ou pourquoi nous le faisions, mais que le « spectacle » puisse commencer.
Après qu'ils aient fini leur sale boulot, le premier, les portes se sont fermées finalement.
La fin d'un espoir, la fin de notre espoir de vous sauver hélas.
Après avoir repris mes esprits, ne sachant plus trop quoi faire, je me suis dirigée vers le camion, j'ai posé ma main sur la tôle, j'ai fermé les yeux, et je vous ai envoyé une pensée. pour vous demander pardon d'avoir échoué, mais nous étions là, nous l'espèce humaine, l'espèce « humaine » ;
On sera là chaque fois. On ne lâchera pas tant qu'en France et dans le monde, on pourra torturer des animaux juste pour le plaisir.
Alors je ne sais pas si vous nous avez entendus, si vous avez senti notre présence, je sais juste que ce matin, quand je me suis levée, comme beaucoup d'entre nous présents hier, oui j'avais mal, au bras, au dos, à la tête, mais ce qui faisait le plus mal, c'est de devoir se réveiller dans un monde un peu moins beau, sans vous.
Alors j'ai cherché vos noms sur internet, sur les site taurins.. ; je voulais vous dédier notre action, mais ils ne sont même pas cités, vos noms. Juste « 6 toritos de Dos Hermanas , « propriété » de Patrick Laugier ; c'est tout ce que nous saurons de vous, ça et que vous êtes morts sous les coups des apprentis tortionnaires.
Avant que nous repartions, nous avons attendu les derniers.. Ceux d'entre nous qui étaient restés pour filmer la suite, ou prendre des photos. Une pensée pour notre ami qui nous a rejoint et qui n'a pu retenir ses larmes, parce qu'il a dû assister à la suite. Merci à lui. Merci à tous ceux qui étaient présents ce 8 octobre pour dénoncer la barbarie, et à tous ceux qui n'étaient pas présents mais qui luttent chaque jour pour qu'on arrête le massacre.
A vous les six veaux sans nom, votre calvaire est terminé, quand la corrida sera abolie, on vous enverra une pensée. A vous qui êtes tombés sous les coups des apprentis tortionnaires.
Et pour l'heure, au nom de l'espèce Humaine : Pardon !...
Delphine