Plus cohérents et radicaux que les végétariens et autres défenseurs du bien-être animal, les végans abolitionnistes prônent une véritable révolution visant à mettre fin à l’exploitation des animaux non humains et à considérer ceux-ci comme nos égaux en vertu de leur conscience et de leur sensibilité.
S’inspirant du courant immédiatiste en vigueur dans les États-Unis du XIXe siècle qui exigeait l’abolition immédiate de la traite des Noirs et la reconnaissance de leur égalité civile et politique, ils rejettent les principes du gradualisme (politique des « petits pas »). Hostiles aux discours bien-pensants et aux campagnes visant à améliorer le quotidien des personnes animales victimes de l’esclavage, les auteurs de cet ouvrage crient haut et fort leur refus de l’animal-objet et de son exploitation par les humains. Ils soulignent que le problème réside non pas dans la manière d’utiliser les animaux, mais dans le fait de les utiliser.
Élevage, production de viande, de lait, de fourrure, de laine, de cuir, de miel, de soie, etc., « spectacles » aquatiques, chasse, pêche, corridas, zoos, déportation, emprisonnement, vivisection, manipulation génétique, domestication, confiscation, destruction et pollution des territoires… : autant de crimes spécistes auxquels nous collaborons collectivement et devant lesquels nous fermons les yeux depuis toujours.
N’ayant pas besoin de produits d’origine animale pour vivre, nous réduisons en esclavage et massacrons les animaux par simple futilité. L’unique raison qui fait que nous exploitons et tuons plusieurs centaines de milliards d’animaux terrestres et marins chaque année est que nous en aimons le goût.
Ce manifeste bouleverse nos valeurs et pointe du doigt la bonne conscience derrière laquelle se retranchent les adeptes du bio et d’une consommation soi-disant éthique de l’autre animal. Sans détours ni concessions, les auteurs affirment qu’il n’existe pas d’exploitation « humaine » d’autrui, pas plus qu’il n’existe de torture ou de meurtre « humain ».
Ils dénoncent l’anthropolâtrie millénaire et battent en brèche notre prétendue supériorité morale infirmée par la manière dont nous traitons les autres créatures qui partagent avec nous la Terre — créatures que nous avons asservies, réduites à l’état de moyens au service de nos propres fins. Pour réveiller les consciences, ils n’hésitent pas à qualifier notre comportement de génocidaire, citant la fameuse phrase d’Isaac B. Singer, lauréat du Nobel de littérature : « Quand il s’agit d’animaux, tous les hommes se comportent comme des nazis. »
Écrivains, philosophes, juristes et avocats s’accordent ici pour redonner une voix à ces victimes silencieuses qui, comme nous, ont droit à la vie et au respect.
Cet ouvrage constitue une tribune pour les hommes et les femmes œuvrant intellectuellement, pratiquement, pacifiquement pour la cause animale.
Œuvrer pour les animaux, cela signifie mettre fin à leur exploitation, et non la réglementer ; cela signifie procéder à leur émancipation, et non pas aménager leur esclavage. Cela signifie travailler à un monde plus juste qui engloberait dans la communauté des égaux l’ensemble des êtres doués de sentience, en vertu de cette sentience même. De tels objectifs ne peuvent être atteints qu’à travers l’adoption d’un mode de vie végan, application pratique de la théorie abolitionniste et principe moral fondamental. Il se veut encore un outil puissant pour amener d’autres personnes à réfléchir sur la libération animale et ses implications.
Enfin, il espère contribuer humblement à conjurer le cercle de violence que nous avons initié et dont nous sommes tragiquement prisonniers.
Bêtes humaines ? Pour une révolution végane (dir. Méryl Pinque) est paru aux éditions Autrement le 11 mars 2015 dans la collection « Universités populaires & Cie » dirigée par Michel Onfray.
Avec, par ordre alphabétique, les contributions de : Gary L. Francione, Valéry Giroux, Patrick Llored, Méryl Pinque et Gary Steiner.