A Bassens, cité sensible de Marseille, le mouton d’Abraham sera sacrifié sur le béton du quartier, à même le sol. La débrouille pour les musulmans phocéens quand les abattoirs autorisés de la ville sont saturés. Ici, on a vu défiler des dizaines de personnes devant les immeubles pour profiter du « spectacle ». Et peu importent les interdictions, à la cité Bassens, dans le 14e arrondissement, c’est un week-end pas comme les autres qui a débuté hier.
Sur les balcons du rez-de-chaussée, les moutons profitent de leur dernier instant à bêler en toute liberté. Ils seront, quoi qu’il arrive, abattus dans les deux jours. Pour l’Aïd el Kabîr, la tradition veut que l’animal soit tué à mains nues chez soi. Mais la législation française ne l’autorise pas. Afin de respecter les règles sanitaires, la préfecture des Bouches du Rhône a mis à disposition douze abattoirs dans le département dont deux à Marseille, chemin de la madrague. Sur place, on a plutôt l'impression qu'il n'y en a qu'un. Difficile alors, pour les musulmans phocéens, de se procurer un mouton.
Dans la cité Bassens, la police est intervenue dans la matinée pour interdire l’abattage des animaux dans de telles conditions. Mais le rituel se poursuivra une partie de l’après-midi. Au bout du 17ème sacrifice, l’homme, les mains pleines de sang, se dit repu et satisfait de son premier jour de fête. Aujourd’hui pour le deuxième jour, il devrait reprendre du service, toujours au pied des immeubles, et les moutons installés sur le balcon de l’immeuble seront alors descendus.