L’écotourisme peut-il sauver les espèces menacées ?

Source : le site du Monde

  • Clémentine Thiberge
    Journaliste au Monde

 

Observer les guépards, randonner parmi les orangs-outans ou plonger avec les lions de mer ? Un choix cornélien pour les amoureux de la nature. A mesure que ces voyageurs se multiplient, les activités liées à l’écotourisme se diversifient. Mais ce « tourisme vert » est-il bénéfique pour ces animaux vivant dans les lieux prisés des vacanciers ? Dans l’ensemble oui, répond une étude menée par l’université australienne de Griffith. Ce travail, publié le 17 février dans la revue PLOS One, démontre que l’écotourisme peut faire la différence entre la sauvegarde ou l’extinction des espèces menacées.

Principale source de financement pour les parcs nationaux et la conservation de la biodiversité à l’échelle mondiale, l’écotourisme progresse d’environ 20 % par an. Ce mode de voyage, tourné vers la nature et le développement durable, séduit de plus en plus. Selon une enquête du cabinet d’études GMV, 88 % des Français se disent prêts à agir en faveur de l’environnement lorsqu’ils prévoient des vacances.

Mais en gagnant du terrain, l’écotourisme entraîne un recul des espaces naturels. Infrastructures, hôtels, transports en 4x4 ou hélicoptère, les conséquences négatives sont nombreuses. « Nous savons que l’écotourisme s’étend à l’échelle globale, en nombre de visiteurs et en surfaces protégées. Nous savons également que cette activité peut avoir des impacts positifs comme négatifs », explique le professeur Ralf Buckley, cosignataire de l’étude.

Effet important sur la préservation des orangs-outans

Alors que des recherches précédentes avaient évalué séparément les effets positifs et négatifs, ce travail est le premier à développer un modèle calculant le bilan total du tourisme vert et à quantifier précisément ses impacts sur les espèces menacées. L’équipe australienne a estimé le risque d’extinction des populations pour neuf espèces, réparties sur cinq continents, par rapport à leur taille, leur structure et leur habitat, en fonction de différentes intensités d’écotourisme.

 Les résultats montrent que l’écotourisme a un effet globalement favorable sur les animaux menacés : huit des neuf espèces étudiées en bénéficient. Mais cet appui passe par des moyens différents selon les espèces : installation de réserves pour les guépards, restauration de l’habitat pour les gibbons et les tamarins, diminution des prédateurs sauvages pour les manchots ou mesures antibraconnage pour les aras.

L’effet le plus frappant est observé sur les orangs-outans de Sumatra. Alors que, sans écotourisme, cette espèce est vouée à s’éteindre, une pratique largement diffusée permettrait la sauvegarde de cet animal. En adoptant le tourisme vert à grande échelle, les bénéfices seraient suffisants pour surpasser les impacts de la déforestation et ainsi sauver l’habitat des primates.

Unique point noir de l’étude : le lion de mer de Nouvelle-Zélande. Cette espèce marine est la seule pour laquelle le tourisme vert a des conséquences globales négatives. Menacé par l’industrie de la pêche qui diminue ses sources de nourriture, cet animal marin voit sa mortalité infantile augmenter. La présence humaine liée à l’écotourisme ne fait qu’accroître cet effet, interférant dans la relation mère-petits.

Implication des populations locales

Pour optimiser les effets de l’écotourisme, l’équipe de recherche insiste sur l’implication des populations locales, facteur déterminant pour la conservation des espèces. « Les habitudes et les modes de vie doivent être pris en compte pour mettre en place un écotourisme adapté à la région. » Les habitants de ces régions, premiers acteurs de la conservation, peuvent maximiser les ressources provenant des animaux en empêchant, par exemple le braconnage. Car avec l’écotourisme, ces espèces deviennent intéressantes d’un point de vue économique, certains touristes allant jusqu’à faire le tour de la planète pour les observer dans leur habitat naturel.

« Les communautés sont prêtes à se battre quand elles se rendent compte que des animaux comme les tigres valent plus vivants que morts », explique Julian Matthews, président de Travel Operators for Tigers, une campagne indienne militant pour que l’industrie du tourisme joue un rôle actif dans la conservation des espèces. En quatre ans, la population de tigres observés a augmenté de 30 % dans le pays, surtout grâce aux efforts de conservation mis en place à l’aide de l’écotourisme.

Alors, peut-on généraliser ce résultat à l’ensemble des animaux en voie de disparition ? « Il n’y a pas de modèle universel, tout dépend de l’espèce et du niveau d’intensité d’écotourisme, répond Ralph Buckley. Il est nécessaire d’étudier chaque espèce pour permettre à l’écotourisme d’évoluer en faveur de la conservation. »

 
  • Clémentine Thiberge
    Journaliste au Monde

 

 

 

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