Les ennemis de la Terre à l’offensive.

Un vent politique mauvais balaie la planète en cette année où quatre milliards d’humains auront à voter pour se choisir des gouvernants, les ennemis de la Terre s’agitent, manifestent avec leur âpreté coutumière.
En Europe, le lobby de l’agro-industrie lance ses tracteurs dans les villes d’Allemagne, des Pays-Bas, de Belgique et de France.
Le patronat récite les mêmes invectives contre « l’empilement des normes, » boulets administratifs attachés aux pieds légers des capitaines d’industrie, de ceux qui savent prendre des risques », à l’opposé des salariés, ces « planqués addicts aux congés maladies, toujours revendicatifs, surtout lorsqu’ils s’abritent bien au chaud dans les services publics qu’il convient de démanteler, de paupériser avant de les livrer à la loi salvatrice du Marché ».
Pour les ennemis de la Terre, la norme imposée par des fonctionnaires est une inadmissible atteinte à la liberté d’entreprendre, de produire, de commercer pour les petits bonheurs des gens et l’immense profit des exploitants exploiteurs.
Or, comme l’énonça LACORDERE au 19ème siècle : « entre le fort et le faible, c’est la liberté qui opprime et la loi qui libère ».
La norme est ce qui empêche d’empoisonner la nature et les personnes, qui édicte des règles de sécurité, qui interdit que les intérêts avides des « entrepreneurs » fassent trop rapidement et de manière voyante, ce qu’ils font durablement, à savoir, rendre la planète inhabitable.
Les exploitants agricoles, tendance FNSEA, adorent le glyphosate, les biocides sans aucune considération pour la mort de l’entomofaune ni pour les incidences sur la santé humaine.
Surtout pas de norme, pas de contrainte, pas de contrôle car sinon le Brésil dominera le marché de la viande et du soja grâce à une totale déréglementation en ces pays du Sud qui ne bénéficient pas d’une bureaucratie protectrice.
Pas de norme au titre du bien-être animal, concept aussi étranger à l’élevage concentrationnaire que les droits de l’homme l’étaient dans les camps des totalitarismes.
Pas de norme pour les cochons, les veaux, les poules de batteries.
Pas de norme pour protéger les dauphins des filets dérivants de la pêche.
Pas de norme d’urbanisme trop contraignante.
L’idéal, pour les lobbies, serait que l’on brûle les codes de l’environnement et celui du travail, compilations écolo-socialistes de technocrates exécrés.
La nature, les droits de l’homme, les droits des autres animaux ne sont que des entraves au profit, religion des temps modernes.
Les courants politiques réactionnaires prennent ce train en marche et relaient les éructations de ces lobbies.
Les gouvernants sont paralysés par la peur des colères corporatistes.
Si ces manifestants brûlaient une préfecture, n’imaginez pas que le pouvoir politique prononcerait la dissolution des lobbies des fauteurs de troubles qui eux ne s’attaquent jamais à la république, ce que firent les écologistes des soulèvements de la terre en s’approchant d’un trou dans un champ.
Des agriculteurs barrent l’autoroute au Sud de TOULOUSE : le président de la république délègue le préfet pour dialoguer, alors que le gouvernement aurait envoyé les CRS si les manifestants étaient autres.
D’aucuns me diront, d’un point de vue démocratique, n’est-ce pas le peuple souverain qui aspire à se doper au glyphosate, aux insecticides et qui condamne les normes protectrices de l’intérêt général ?
La France fut naguère un pays de paysans. Elle ne l’est plus.
La politique productiviste promue par le syndicat agricole et son relai au ministère a fait disparaître des millions de paysans. Il resterait en France quatre cent mille exploitants agricoles.
Ce n’est pas pour boire du glyphosate et défendre l’élevage concentrationnaire qu’une fraction du corps électoral porterait, selon les enquêtes d’opinion, ses suffrages sur des partis réactionnaires.
Le moteur de cette régression morale réside dans un sentiment xénophobe et la peur du « choc des civilisations ».
Les adorateurs du Marché, les tenants de l’abolition des normes se greffent sur ce courant rétrograde y trouvant un effet d’aubaine.
Contre cette dérive funeste, affirmons le clairement :
Que vienne le Zéro Artificialisation Net.
Et que vivent les normes lorsqu’elles protègent un peu, rien qu’un peu la vie contre le profit de quelques-uns.

 Gérard CHAROLLOIS

 

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