La course à l’abîme.

Que diront des archéologues, dans cinquante millions d’années, poulpes ou primates, en étudiant les éléments fossilisés du temps de l’anthropocène ?
Ils ne découvriront aucune trace des orgueilleux monuments vénérés par nos contemporains, ni les infrastructures performantes de l’époque de l’hubris, mais seront frappés par le brutal effondrement de la diversité biologique dans les strates des sols correspondantes à notre époque.
Ni événement géologique majeur, ni chute d’un astéroïde pour expliquer cette massive extinction des formes de vies sur Terre, mais une sixième grande disparition dont l’unique cause tient à une espèce animale déprédatrice : l’homo economicus, trop peu sapiens pour n’avoir pas été une impasse évolutive.
Dès aujourd’hui, 95% des animaux peuplant la planète s’avèrent être de « rente ».
La faune disparaît victime de l’imbécile chasse, des pesticides, de l’urbanisation, des transports, victime de la cupidité insatiable des hommes coupables d’un écocide radical.
Certains optimistes me diront :
Il y a une prise de conscience de la part de nos contemporains de cette mort de la nature et des menaces pesant sur la viabilité de la Terre, sur l’empoisonnement généralisé des fluides vitaux, air et eau.
Les béats ajouteront :
Même les dirigeants politiques, donc leurs mandants, les oligarques, parlent d’écologie.
C’est dire s’il faut y croire et espérer !
Or, tout ceci n’est que fumigènes et illusions.
Prenons l’exemple du climat qui se dégrade.
Il ne s’agit là que d’un pur symptôme et non de la pathologie fondamentale.
L’homo economicus cancérise la Terre.
Je ne ferai pas la liste exhaustive des périls et je ne mentionne ici que deux éléments potentiellement létaux : les pollutions globales et notamment les polluants perpétuels, l’artificialisation des sols à laquelle ne veulent surtout pas renoncer les agents du Marché, les politiciens fossilisés addicts au béton, au bitume parce qu’addicts à l’esprit de lucre.
Les remèdes aux nuisances d’homo economicus ne sont pas techniques mais d’ordre éthique.
Que proposent des dirigeants formatés au service du profit ?
Substituer une énergie décarbonée aux énergies fossiles, voire modifier l’environnement spatial de la Terre par la géo-ingénierie.
Or, si demain, homo economicus maîtrisait la fusion nucléaire et pouvait sans gaz à effet de serre couvrir la planète d’infrastructures de transports « propres », rien ne serait changé.
Car le défi tient à ceci :
Le profit vaut-il mieux que la vie ?
La vie s’entend de toutes ses formes, en partant de tout individu qui possède un intérêt légitime à vivre et à ne pas souffrir.
Les dirigeants parlent d’écologie mais célèbrent la croissance infinie tant de la démographie que de la production, croissance évidemment absurde puisque rien ne peut croître indéfiniment dans un espace nécessairement fini.
Il n’y a pas débat entre croissance et décroissance mais nécessaire dépassement de ces concepts.
Ce qui doit croître, c’est la maîtrise d’homo devenu sapiens pour faire reculer la souffrance et la mort.
Mais homo économicus n’est pas sapiens.
Le processus de civilisation n’est pas parachevé et ne semble pas en passe de l’être en contemplation des guerres, de la quête du profit, des pulsions mauvaises animant trop de nos contemporains.
Dommage !
L’homo deviendra sapiens le jour où il obéira à cet impératif éthique premier : « Fais ce qui accroît le bonheur et détruit la souffrance ».
Ce n’est nullement la planète qui est menacée.
Elle ne manque pas de temps pour mieux faire, à savoir, environ quatre milliards d’années, de quoi faire émerger d’autres formes de vies.
Avant de se proclamer « créé à l’image d’un quelconque dieu tout puissant et totalement bon », homo economicus, notre contemporain devrait contempler l’enfer qu’il édifie ici et maintenant pour les animaux, pour ses semblables et pour une nature qu’il anéantit.
Homo economicus est coupable et la biosphère saura s’en débarrasser pour repartir sur d’autres fondements.
Il paraît que les poulpes attendent leur heure !
Alors, je les salue et leur souhaite de faire mieux, de ne pas envahir l’Ukraine, de ne pas bombarder Gaza, de ne pas s’enfermer dans des identités meurtrières, de ne plus considérer les autres animaux comme des marchandises, de ne jamais faire de la mort d’un être un jeu, de construire un monde célébrant la douceur de vivre, de réaliser ainsi le grand dessein de la vie.

Gérard CHAROLLOIS

 

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