Démocrate désespérément.

Selon une organisation américaine, l’humanité aurait consommé, au 19 août de cette année, ce que peut produire la planète en une année. L’humanité vivrait donc, à compter de cette date, à crédit ou, si l’on préfère, il faudrait une planète et demie pour pourvoir aux besoins de l’espèce humaine.

Cette situation ne peut que s’aggraver dans les décennies à venir.

Par-delà ce constat, il est évident que « Homo économicus » souille son milieu de vie par ses pollutions, maltraite les animaux dans des élevages industriels usines à viande, saccage la nature pour son profit ou ses loisirs débiles et calamiteux, cancérise l’espace au nom des petits intérêts privés.

Certes, les médias informent régulièrement sur la mort de la biodiversité et des colloques, des conférences internationales alertent l’opinion publique mondiale sur les altérations du climat, l’empoisonnement des océans, l’appauvrissement de la biosphère, les déforestations massives, la surexploitation des ressources.

Puis, les gouvernants, ces déclamations solennelles satisfaites, appellent rituellement la croissance, prônent le développement « durable », célèbrent le culte du Marché, du commerce, de la concurrence, c’est-à-dire font l’inverse d’une politique écologique.

En démocratie, l’élu pense dans les limites de son mandat et de sa circonscription. Son obsession est de conserver son mandat électif à l’issue de ses cinq années de griserie des apparences du pouvoir.

Après tout, se dit-il, cela durera bien aussi longtemps que nous !

L’écologie peut attendre et même, pour la droite décomplexée : « L’environnement, ça commence à bien faire ».

Alors, faut-il pour sauver la vie imposer une dictature écologiste, seule capable de rendre vertueux des humains dont les comportements individuels et collectifs nous révèlent, tous les jours, l’irresponsabilité, l’égoïsme, la cupidité, l’irrationalité.

Pour édicter de bonnes lois, pour qu’émergent des attitudes saines, sages, hédonistes altruistes et non irresponsables, conformes à l’intérêt supérieur du vivant, faut-il en passer par un régime autoritaire ?

 PLATON rêvait déjà d’une république dirigée par un roi philosophe ou par un philosophe devenu roi.

Nous connaissons la théorie voltairienne du « despote éclairé », le commun des hommes étant incapable de penser le bien public et de surmonter ses pulsions à l’enrichissement personnel et au défoulement au détriment d’autrui, de la nature et de l’avenir.

Pour actualiser la pensée platonicienne, doit-on aspirer à une monarchie dans laquelle des Théodore MONOD, des Albert JACQUARD, pour citer deux sages amis récemment disparus, auraient les pleins pouvoirs ?

A ceux que tenterait cette issue de secours, j’objecte que, d’une part, un Théodore MONOD, un Albert JACQUARD, ont suffisamment de sagesse pour ne pas revendiquer un quelconque pouvoir et que, d’autre part, lorsque les peuples se dotent d’un guide, d’un chef providentiel, d’un leader incontesté, ils optent pour des MUSSOLINI, HITLER, STALINE et plus modestement pour des personnages médiocres, des athlètes de la foire médiatique !

Le philosophe ne devient pas roi.

Il n’y aura pas de dictature écologiste qui sauvera la planète, la nature et l’humanité.

Les dictatures, par essence, sont religieuses, nationalistes et mafieuses.

Elles ne servent pas une éthique supérieure.

Alors, la démocratie ?

Votre voisin, votre collègue de travail, votre cousin continueront encore à vous raconter avidement leur dernier voyage au CHILI ou au Japon.

Votre voisin, votre collègue de travail, votre cousin continueront à intriguer auprès de leur maire pour rendre constructible leur petite parcelle de terrain.

Ils continueront à polluer, à urbaniser, à détruire, en toute bonne conscience car, enfin ce n’est pas un petit voyage par avion, un pavillon de plus qui provoqueront la catastrophe finale !

L’humain conserve ses spécificités qui risquent de faire de l’espèce une impasse évolutive.

 Il n’y aura pas de « dictature vertueuse », et la démocratie responsable paraît un objectif lointain et aléatoire.

 Par défaut, j’opte pour la seconde, mais désespérément.

Que les sages, les philosophes, les scientifiques fassent leur devoir en invitant chacun à agir autrement.

Depuis quand, faudrait-il espérer pour entreprendre et réussir pour persévérer ?

Et, si nous échouions, si ce monde restait un enfer pour l’arbre, l’animal et l’homme, si l’évolution connaissait un loupé, nous n’aurons que l’humble mérite d’avoir essayé.


Gérard CHAROLLOIS


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