L'illusion démocratique

Malheur à ceux qui pensent la société, abordent le fond des problèmes, formulent des propositions, dessinent un avenir, s’adressent à l’intelligence des gens et non aux fumées de la propagande mercantile, s’élèvent à la radicalité c’est-à-dire à la racine des défis.
Ils pourraient tout aussi bien se désintéresser d’un monde de demain où ils ne seront plus.
S’ils voulaient réussir en politique, ils devraient participer à la société du spectacle, communiquer et s’abstenir de réfléchir, faire la danse du ventre devant tous les lobbies au lieu de montrer un chemin, soigner leur image et faire la couverture d’un quelconque PARIS-MATCH, flanqués de leurs femmes ou de leurs charmants enfants ou de leurs touchants parents, s’ils ne sont pas fâchés avec eux.
Les tailleurs de madame, sa coiffure, ses goûts musicaux, sa biographie arrangée font une élection mieux que de brillants discours sur les maux de la planète ou sur les injustices du temps.
Indéniablement, nous assistons à une grave baisse de niveau de la « classe politique » et même des essayistes et pamphlétaires.
Il n’y a plus d’idées mais des personnages construits par la publicité.

Contemplant le paysage politique français, je ne découvre guère de penseurs dans la société, peut-être un seul, dont je tairai le nom.
Trop de politiciens s’avèrent incapables de construire un discours idéologique, d’y intégrer les données scientifiques et d’appeler à une issue.
Pour échapper à l’abrutissement médiatique ambiant, il suffit de démasquer la société du spectacle, de quitter les images fabriquées par les médias et d’écouter, de lire, en recourant à la raison libérée.
En ce jour, le très conservateur président de Région Auvergne-Rhône-Alpes fulmine à la réunion des maires ruraux contre le « ZAN », le Zéro artificialisation net, intention affichée de moins bétonner les espaces encore vierges de nuisance anthropique.
Ce personnage dangereux détourne des millions d’euros de son budget régional pour arroser ses amis les chasseurs et prive de toute subvention les associations de protection de la nature de sa région. Il veut du béton, des autoroutes, des profits pour les entrepreneurs et des coups de bâton sur les salauds de pauvres, les assistés.
Etant du parti de l’arbre, de l’animal et de l’homme, je récuse l’apolitisme. Je suis supra-politique en ce que je dénonce les ennemis de la Terre et que j’appelle à se mobiliser contre leurs malfaisances.
Ce président de région, adepte de chasse, pesticides, béton et régression, justifie une mobilisation de tous les gens de cœur contre sa nuisance.
En ce pays et chaque année, trente mille hectares sont artificialisés.
Comment ne pas appeler à sanctionner un tel individu ?
Au nom de l’arbre, de l’animal et de l’homme, j’invite les gens de mieux à participer aux élections pour faire barrage à de tels politiciens nocifs, laissant à chacun le soin de découvrir inversement les forces politiques de mieux pour la Nature et l’humain.
Les milliardaires achètent les chaînes de télévision, les stations de radios et les journaux, non pas pour jouer aux journalistes, mais pour anesthésier, façonner l’opinion et ainsi contrôler la société tout aussi efficacement que le font les grossières dictatures casquées et bottées.
En démocratie, les élections s’achètent et dépendent de la capacité financière de l’officine téléguidant le candidat officiel, vous savez, celui « du bon sens, de la modération, de la tranquillité assurée ».
Qui détient le pouvoir dans nos démocraties ?
L’argent.
Or, l’argent n’est pas entre les mains de la vraie élite, des meilleurs, de ceux qui le mériteraient pour leur utilité pour le bien public, les scientifiques, les découvreurs, les humains qui font reculer la souffrance et la mort.
Non, les oligarques ne sont que de vulgaires marchands, des spéculateurs, des exploiteurs des ressources de la Terre et des autres hommes.
Loin d’être utiles, leurs agissements sont nuisibles tant en écologie qu’en équité pour les autres humains.
Ces personnages qui contrôlent les temps de cerveaux disponibles ne peuvent pas s’adresser à l’intelligence, au raisonnement, à l’examen des faits. Ils doivent créer des images et vendre leurs candidats successifs comme de vulgaires produits commerciaux, la chose qu’ils font le mieux.
Le pire est que cela marche.
Bien sûr, la société comporte ses réfractaires, ses « décalés », ses incontrôlables, ceux qui ne lisent pas trop les magazines des salles d’attentes et les médias habilement formatés. L’essentiel, pour ces oligarques, est que le troupeau soit guidé et vote comme le souhaite les financeurs.
Pour pérenniser leurs intérêts, les lobbies discréditent toute alternative et parviennent à persuader les gens qu’ils sont libres de leurs jugements, alors que les préjugés, les a priori et les émotions sont inspirées par une propagande sournoise.
Même les opposants jouent le jeu, leurs rôles de cautions morales feignant même de croire qu’ils pourraient renverser une table bien scellée.
Qui gouverne ici et ailleurs, aujourd’hui et demain ?
Des acteurs en représentation qui, « en même temps » disent tout et son contraire, rendent hommage aux exploitants agricoles qui n’empoisonnent pas la Terre, aux chasseurs qui gèrent la Nature en meilleurs écologistes, aux pêcheurs aux filets dérivants qui ne vident pas la mer de ses poissons et ne tuent jamais les sympathiques dauphins, aux industriels qui ne produisent jamais des molécules toxiques, aux entreprises qui se convertissent à la transition écologique et cessent de vivre pour le profit.
Que tout ceci soit mensonger ne les dérange pas.
Leurs discours sont creux, sans perspective, sans vérité.
Font-ils la danse du ventre pour avoir des voix ?
Non. Mais pour recevoir de l’argent pour leurs campagnes électorales, car l’argent compte ici plus que les voix qui viendront de surcroît.
La démocratie n’est qu’une ploutocratie et voilà pourquoi la Nature se meurt, les services publics se paupérisent, les salaires et pensions de retraites s’amenuisent alors que les profits explosent.
Mais pour ces personnages de vacuité, tout va bien. Ils maîtrisent et abusent les peuples.
La prochaine fois, ici, en 2027, y aura-t-il une rupture, une alternative ?
Hélas, désolé de vous décevoir, mais le scénario est prévu d’avance.
Les grands intérêts verrouillent parfaitement le système, créant en mirage de fausses alternatives.
La prochaine fois, la France restera dans la configuration italienne avec à Matignon un personnage aussi sinistre que celui que j’évoquais ci-dessus, un personnage qui flatte chasse, pesticides, béton et traditions, pas moins qu’aujourd’hui.
Quant aux citoyens, ils déchanteront bien vite, sans comprendre que tout ceci est pipé.
L’état n’est plus que le jouet des lobbies.
Plus tard, bien plus tard, les gens se réveilleront et comprendront qu’ils sont manipulés.
Je sais que je ne serai plus là pour apprécier la chute, mais elle viendra.

Gérard CHAROLLOIS

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