La condition animale : un choc de civilisation

Durant des siècles, en Occident, berceau de la civilisation mondiale contemporaine,, l’animal non-humain recevait un statut inférieur, le rangeant parmi les biens, c’est-à-dire les choses.
L’animal humain, à part et d’une autre essence, se voyait enjoint de « croître et multiplier, d’emplir la Terre et asservir tout être vivant d’une autre espèce placé-là pour sa jouissance ».
Désormais, nous savons l’unité profonde du vivant.
Biologiquement, l’homme est un animal avec des spécificités remarquables, au même titre que toute espèce vivante possède ses caractéristiques adaptatives tout aussi remarquables.
L’homme s’avère moins performant que beaucoup d’autres espèces à la course, au vol, au saut, à la nage et à l’appréhension de son environnement par l’odorat.
Il ne possède ni la force musculaire, ni les dents ou griffes efficaces de tant d’autres animaux.
En revanche, il présente des capacités cognitives (conférées par son cortex cérébral) très supérieures aux autres espèces peuplant la planète.
Spécifique et remarquable, cette supériorité neuronale ne dispense pas l’espèce humaine de subir le sort de tous les êtres biologiques, car l’homme est un être biologique.
Que doit-il faire de sa capacité cognitive supérieure à toute autre ?

Maîtriser le feu, comprendre les faits de la Nature, construire des machines sans cesse plus complexes lui conférant, à ce jour, la maîtrise encore très relative et partielle de son destin.
Accèdera-t-il, un jour, à la maîtrise finale qui modifierait sa nature ?
Nul ne peut répondre objectivement à cette interrogation à la fois scientifique et éthique et nous, éphémères, ne connaîtrons pas la réponse à cette question fondamentale.
La science et la technique offrent à l’humain des moyens d’actions.
Mais c’est l’éthique et la réflexion portant sur la finalité des moyens qui fera l’humain hominisé.
La maîtrise absolue devient un bien lorsqu’elle est au service du bien absolu.
Oui, si l’homme devenait tout puissant, il lui faudrait devenir totalement bon (ça ne vous dit rien ?).
Que de chemin reste à parcourir sur la voie de cette hominisation inachevée !
Les mauvais sentiments, un virilisme ridicule, la haine, la violence, la pulsion de mort affectent les esprits de ceux qui s’imaginent tellement supérieurs qu’ils peuvent exhaler leurs mépris et leur cruauté.
Dans notre société, en notre temps, la chasse, mort-loisir, la tauromachie, mort-spectacle, manifestent la persistance de cette arriération éthique.
Je ne suis pas de ceux qui dissertent, argumentent, tergiversent sur les accidents de chasse, sur les atteintes à la biodiversité par les idiots de villages, sur l’insécurité soufferte pas nos contemporains dans les campagnes, sur la corruption par un lobby ultra-minoritaire et rétrograde d’une fraction minable de la « classe politique » qui fait la danse du ventre devant des dirigeants de la chasse si souvent caricaturaux.
Je vais au-delà de cette condamnation trop facile.
La mort récréationnelle, la guerre stupide faite à la Nature, la torture érigée en jeux ne se réglementent pas, ne s’interdisent pas car une interdiction est juridique.
Elles s’abolissent au même titre et pour les mêmes raisons que furent abolis l’esclavage, les ordalies, les jeux du cirque antiques, la torture, le bagne, la peine de mort.
Aucune considération d’écologie, de sécurité publique ne surpasse l’impératif éthique suivant :
L’homme hominisé ne tourmente jamais un être vivant sensible pour s’amuser, tromper son ennui, assouvir ses névroses et ses perversions.
Un homme hominisé « ça s’empêche » pour reprendre le mot de CAMUS.
En tuant pour se distraire, l’homme s’avilit, s’abaisse au-dessous de la condition animale ordinaire.
Il s’exerce, s’accoutume au sadisme, au mépris de la vie et peut plus aisément fusiller, égorger, poignarder son semblable lorsqu’il s’est accoutumé à le faire sur d’autres êtres vivants.
Ce qu’il fait à l’animal, il apprend à le faire aux autres hommes lorsque les circonstances s’y prêtent et désinhibent ses pulsions.
Ainsi, abolir la chasse-loisir et les jeux cruels envers les animaux, n’est pas un enjeu technique mais civilisationnel.
Sont-ils mauvais, pervers, sadiques ces contemporains, ces semblables si dissemblables qui s’adonnent aux joies de la mort donnée ?
Bien sûr, il y a des tueurs assoiffés de sang dans les hordes des chasseurs et des amateurs de jeux sanglants, mais par-delà cette nausée que nous inspire leurs comportements, une observation approfondie des mœurs humaines enseigne l’abyssale Banalité du Mal, l’acceptation du crime des foules.
Des hommes font parce que d’autres font et ont fait, par mimétisme, sans analyser l’ampleur du crime.
Notre époque adore dresser les procès bien tardifs des « ancêtres », tels COLBERT et son code noir règlementant l’esclavage ou les révolutionnaires de 1793 s’adonnant à des « raccourcissements d’opposants » tout en énonçant, parmi les premiers dans l’Histoire, les Droits de l’Homme.
Banalité du mal, car en ces siècles anciens, pour COLBERT, l’égalité de tous les êtres humains était un impensée, et pour nos grands révolutionnaires l’incompatibilité de la liberté et de la terreur ne se posait pas.
Comme il est aisé de fustiger les hommes du passé et combien il est téméraire d’affronter les conformismes du temps !
En contemplant nos petits hommes politiques, je discerne bien davantage de « Vichystes » soumis que des Résistants « terroristes » !
Maltraiter un être sensible, ôter la vie par plaisir, jouir de la souffrance et de l’effroi infligés avilissent le tortionnaire quelles que soient la race, l’espèce et l’appartenance de sa victime suppliciée.
L’injonction morale à un hédonisme altruiste, à une biophilie universelle feraient une toute autre société, une société heureuse et apaisée.
Vous qui n’êtes ni conformistes, ni les « Vichystes » du temps, insurgez-vous contre la violence, le virilisme de pacotille, la haine, le mépris de la Vie !
Alors, que vienne la civilisation du Vivant !

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