Un archipel socioculturel et un état qui a peur

Un jeune homme a été tué par un fonctionnaire de police.
Il ne s’appelait pas Rémi Fraisse.
Le président de la république exprime sa compassion et, sans attendre le jugement d’un tribunal, condamne le fonctionnaire de police, auteur du coup de feu.
Le parlement observe une minute de silence.
S’agit-il de soudaines manifestations d’empathie, de solidarité avec une victime, la mesure de l’horreur de toute mort ?
Heureux celui qui y croira.
Non, ils ont peur.
Les brassages de populations sur le globe, couplés avec l’accélération des connaissances et des mutations, génèrent une société éclatée, fractionnée et travaillée par des crispations identitaires de part et d’autre, crispations d’autant plus âpres qu’elles sont vaines.
Vaines, car à l’heure des smartphones et de la biologie moléculaire, de l’exploration de l’espace et du décodage du génome, aucune idéologie ne pourra durablement ramener les hommes au 6ème siècle, prétention des uns, ou au maréchalisme et sa « terre qui ne ment pas », nostalgie des autres.
Ces affrontements et ces chocs culturels peuvent s’avérer meurtriers, ils n’en demeurent pas moins dénués d’intérêts pour la construction d’un futur qui se fera sans eux.

Le biocentrisme aspire au « grand dépassement » et à une civilisation du vivant ignorée tant par la charia que par l’Opusdei.
Il est remarquable que des conflits interviennent en parallèle comme s’il y avait au même moment et sur le même territoire, des sociétés totalement séparées.
Ces conflits se côtoient dans l’indifférence des tribus non impliquées.
Conflits sur l’âge de la retraite opposant les salariés aux thatchériens, conflits pour la biodiversité, le climat, l’eau et la qualité de la vie opposant les écologistes aux exploitants exploiteurs, conflits des « jeunes » (terme pudiquement dérisoire) contre la police, tous ces conflits s’ignorent superbement les uns les autres.
Lorsque Rémi Fraisse, botaniste âgé de 21 ans, fut tué par une grenade de gendarme mobile à SIVENS en octobre 2014, pas une seule voiture ne brûla dans les périphéries des villes.
Il y a des faits qui en disent davantage que des commentaires.

Moralité : nous vivons le temps des tribus, alors que nous aspirons à une civilisation du Vivant.
L’issue de secours est par où ?
Ni dans la haine, ni dans la peur, ni dans l’obscurantisme, ni dans les identités meurtrières des uns et des autres.
Le seul combat qui vaille est celui pour la vie.

GC.

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