Un marteau voit tout problème en forme de clou

 

Lorsque l’actuel président de la république, homme du Marché, de l’entreprise privée et du monde des affaires parle écologie ou climat, il additionne les milliards d’euros en faveur des énergies renouvelables, de l’industrie verte, pour la décarbonation du trafic aérien, pour une reconversion.
Bref, « un pognon de dingue » en direction du monde de l’entreprise.
Le capitalisme est plastique.
Il sait tirer profit de tout et de nos jours, les préoccupations environnementales offrent d’opportunes occasions pour de nouveaux profits et de juteuses spéculations sans la moindre incidence positive pour la viabilité de la Terre.
Pendant que s’affiche le compteur des milliards d’euros pour le climat, les affaires vont bon train.
L’Inde vient de commander 500 avions à l’industrie européenne.
Le gouvernement perdure à bitumer et artificialiser en traçant de nouvelles autoroutes, des lignes ferroviaires à grande vitesse et malheur aux « extrémistes » qui osent contester ces agressions contre la Nature.
Les champs photovoltaïques des grandes firmes grignotent les forêts et préparent de douloureuses fournaises, lors des canicules, avec des dizaines d’hectares dénués d’ombre.
Or, pour agir effectivement pour le climat, il faut interrompre le processus qui altère l’atmosphère, détruit la biodiversité, raréfie la ressource en eau.
Comment ?
En prohibant toute nouvelle artificialisation des espaces naturels.
Un moratoire sur les grands travaux inutiles ne coûterait rien et c’est bien pour cela que les hommes politiques thatchériens refusent les mesures qui préserveraient le climat, la biodiversité, les ressources en eau car, pour eux, dans leur logique, il faut que cela coûte aux peuples pour que cela rapporte aux oligarques.
Pour sauver la vie sur Terre, inutile de transférer des milliards d’euros de l’état aux hommes de la finance et de l’industrie .
Il suffit d’interrompre toutes les agressions contre la biosphère.
Quant à la biodiversité, elle n’existe pas pour les tenants du profit d’abord, puisqu’il est difficile de l’alléguer pour détourner de l’argent public en faveur des petits copains du monde des affaires.
Alors, la Nature qui ne rapporte rien se voit systématiquement sacrifiée tant aux intérêts économiques qu’aux arriérations récréationnelles.
La loi dite « d’accélération des énergies renouvelables » abaisse les normes de préservation précédemment édictées en faveur du vivant, normes suspendues pour briser les oppositions locales et permettre aux groupes financiers de semer partout leurs champs photovoltaïques et leurs éoliennes en faveur desquelles une ardente propagande assomme l’opinion.
Les agro-terroristes sont protégés lorsqu’ils se livrent à des exactions à l’encontre de militants écologistes et de députés n’appartenant pas à la mouvance néo-conservatrice, cependant que la moindre peccadille des opposants au système est érigée en cas pendable, en attentat intolérable.
Quand on est un marteau, on voit tout problème en forme de clou.
Un homme d’affaires voit tout en forme de tiroir-caisse.
Pour les tenants du Dieu Marché, l’écologie représente une peinture verte appliquée sur les profits des firmes et actionnaires.
En revanche, l’écologie effective, sérieuse, honnête, devient « punitive » et « commence à bien faire ».
Je n’exonère pas nombre de nos contemporains des nuisances et agressions contre le vivant puisqu’ils s’adonnent trop souvent à des activités nocives pour la Nature au nombre desquelles ne figure pas que la chasse, le loisir de mort.
Ainsi, à titre de petite illustration, nos amis de la Ligue pour la Protection des Oiseaux ont demandé au maire de NEVERS, préfecture de la Nièvre, de déplacer de 800 mètres les feux d’artifices de sa commune, le 14 juillet, pour ne pas perturber des colonies de sternes nichant sur un îlot de la Loire.
L’an passé, effrayés par ces jeux de lumières et ces détonations, des oiseaux sont morts et ont abandonné leurs nichées.
L’élu local refuse cet aménagement et privilégie la foule qui viendra soumettre ses oreilles internes aux traumatismes sonores, en bon troupeau grégaire, dans l’indifférence du sort des colonies d’oiseaux sur le fleuve, malheureux oiseaux condamnés à fuir dans l’obscurité les jeux puérils des hommes.
Décidément, l’homme se révèle trop souvent un grand nuisible.
Pour la lutte en faveur du climat, les gouvernants repasseront avec leurs dizaines de milliers d’avions sillonnant le globe en tous sens, leurs autoroutes, leurs industries verdâtres, leurs mensonges grossiers, leurs destructions durables.
Ce ne serait pourtant ni difficile ni onéreux de mettre le vivant à l’ordre du jour et apprécier toute activité à l’aune de ses effets sur la Nature.
Notre époque demeure beaucoup trop anthropocentrée pour que l’humanité ne s’achemine pas vers une chute finale, une impasse évolutive.
Sauver la vie sur Terre n’est pas affaire d’argent, mais de civilisation.
L’affairisme cupide est une barbarie ordinaire qui mène l’humanité à sa perte.
Sans préconiser une « décroissance », terme et concept sentant un peu son sado-masochisme, adoptons une croissance purement qualitative, celle qui améliore le sort des hommes tout en les réconciliant avec les autres vivants partageant la planète.
Rejetons le toujours plus pour accéder à un toujours mieux.

Gérard CHAROLLOIS

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