Quand la nuée annonce l'orage

La société mondialisée subit une aspiration suicidaire à la régression, aux replis hargneux et aux délires collectifs.
Identitarismes, intégrismes, nationalismes, négation de la science, des faits, du réel, exacerbations des mauvais sentiments caractérisent les idéologies montantes à l’horizon d’une époque dangereuse.
Les faits : la cour européenne des droits de l’homme constate la violation des prescriptions de l’article 8 de la convention européenne des droits de l’homme et des libertés fondamentales par la Suisse qui n’a pas pris de mesures de nature à protéger les personnes de l’altération du climat par émissions de gaz à effet de serre.
Tout ce que le monde politique compte de réactionnaires, d’anti-écologistes et anti-humanistes fulmine contre la cour dont les juges ne sont pas élus et qui représente une instance supra-nationale (horreur !).
En France, le ministre de l’intérieur, qui a démérité de la république, se targue de n’avoir pas respecté des arrêts de ladite cour européenne, pas plus que des arrêts du conseil d’état.
Le leader du parti nationaliste et populiste proclame vouloir se libérer de l’autorité de la cour européenne des droits de l’homme.
Plus à droite que lui, l’antisocial et pro-chasse président de la région Rhône-Alpes qui, fort heureusement, a raté son « avenir national », dénonce l’autorité du conseil constitutionnel, du conseil d’état et de toutes les juridictions, lieux du pouvoir des juges. Or, il est heureux que les juges ne soient pas élus.
Ils ne représentent pas tel ou tel parti politique et notamment le parti du pouvoir en place, quel qu’il soit, sauf dans les états totalitaires.
Les juges représentent l’état de droit et la seule idéologie fondamentale d’une cour est celle des droits de l’home auxquels toute loi, tout règlement, tout agissement du pouvoir politique doivent obéir.
Or, ce ne sont pas les juges que récusent ces « pétainistes » du jour mais les droits de l’homme.
Pour eux, leur état autoritaire et les petits intérêts financiers qu’ils servent doivent toujours prévaloir, sans contre-pouvoir, sans limite, sans contrôle, sans autre norme que l’arbitraire d’un pouvoir écrasant.
Ils ignorent ce que MONTESQUIEU énonçait dès l’aube du 18ème siècle : "tout pouvoir peut devenir arbitraire et la seule manière de le contenir est de séparer les pouvoirs radicalement".
Le juridictionnel contrôle et punit si nécessaire les abus et turpitudes des détenteurs de l’exécutif.
Sans ce contrôle, il n’y a plus de démocratie.
Partout où les ultras-réactionnaires parviennent au pouvoir, hier en Pologne, aujourd’hui en Hongrie ou en Israël, ils attaquent l’indépendance de la justice.
Le gouvernement de Vichy, émargeant à cette idéologie, épura la magistrature de ses éléments « douteux » et exigea des juges un serment de fidélité au maréchal.
Lorsque j’entends certains leaders politiciens du jour, je me dis que ces temps sinistres pourraient bien être de retour, ici, dans quelques années.
Ce que font ces ennemis de la démocratie à la justice, ils le font à la presse.
Pour eux, la propagande se substitue à l’information.
Nous retrouvons ici le ministre de l’intérieur et ses éructations nauséabondes contre les écologistes, injuriés de terroristes, alors que ce politicien serait en peine de mentionner un meurtre, un attentat ou un massacre perpétrés par un écologiste.
Je déplore que, dans ce contexte d’urgence démocratique, les leaders politiques n’émargeant pas à l’idéologie fascisante ne fassent pas œuvre pédagogique et n’alertent pas l’opinion sur les dérives actuelles.
C’est qu’en politique, comme ce fut pensé avant moi, il y a des hommes d’état et des politiciens.
Les premiers pensent aux générations futures et les seconds aux prochaines élections.
Les chapelles partisanes, les querelles de leaders, les courses d’écuries électorales me semblent bien subalternes au regard des enjeux de civilisation, aux périls contre l’arbre, l’animal et l’homme, contre la démocratie, contre l’état de droit.
Qui parle haut, fort et clair pour défendre les droits du vivant, le refus de la violence, l’amour de la vie et de la liberté ?
Qui ose encore dire que l’état de droit vaut mieux que le népotisme, les corruptions, les lois des lobbies tout-puissants ?
Du temps de ma jeunesse, contre ma génération rouge, je ne marchais pas aux pas cadencés d’autres totalitarismes et je n’ai jamais crié « CRS/SS ! ».
Mais nul ne pouvait imaginer, en ces années-là, que quarante ans plus tard sortiraient de l’ombre d’autres totalitaires, héritiers du Vichysme, qui ne sont d’ailleurs pas que d’un seul parti politique, mais de toute une nébuleuse hostile aux droits de l’homme, à la séparation des pouvoirs, à la science, à l’écologie, à la solidarité envers les plus faibles, une idéologie de l’exploitation et du mépris, une idéologie qui aime la chasse, les pesticides, l’artificialisation de la Nature, une idéologie qui met le Marché, les affaires au-dessus de tout.
Décidément, quel que soit mon âge, j’éprouve une insurmontable répulsion pour tous les totalitarismes et pour la négation des droits du vivant.
Alors : vive la résistance !

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