L'agonie de la démocratie

Les peuples n’adhèrent plus.
Ils sont désabusés, écœurés, en colère ou pire, résignés.
Ils méprisent leurs dirigeants, se détournent de la chose publique, abdiquant être des citoyens pour devenir des sujets du Marché.
La mort des idéologies se mue en mort des idées.
La France connaît ce processus de décomposition où s’abîme la morale publique.
Les forfaits que constituent la dissolution du groupement les « Soulèvements de la Terre » et le montage ministériel de SAINTE-SOLINE confinent à la caricature de ce pourrissement de l’état par les lobbies et l’argent.
Un débat idéologique de fond, une fracture culturelle et civilisationnelle opposent d’un côté, des lobbies contre nature, de l’autre, une masse croissante de citoyens soucieux d’instaurer avec le Vivant et la biosphère un lien nouveau.
La FNSEA, le lobby chasse, l’agro-industrie, le monde des affaires veulent perpétuer les agressions contre le Vivant et les grands équilibres planétaires afin de satisfaire leurs intérêts égoïstes et leurs préjugés ancestraux.
Les scientifiques, un prix Nobel de littérature, des organisations de magistrats, des intellectuels soutiennent, inversement, les « Soulèvements de la Terre ».
Le patron de la FNSEA, Monsieur ROUSSEAU, (avec nos excuses à Jean-Jacques), menaçait de ne plus pouvoir retenir ses troupes si l’état ne mettait pas fin aux dénonciations des écologistes en lutte contre les pesticides, l’accaparement de l’eau par la maïssiculture et les élevages concentrationnaires.

C’est qu’il n’en faut pas beaucoup pour déchaîner la violence des troupes agrariennes.
Les mobiliers urbains, les locaux d’associations et de l’office français de la biodiversité, les journalistes honnêtes relatant les faits témoignent des violences et troubles à la paix publique générés par certains exploitants pour lesquels le droit et les lois de la république se résument à leurs prérogatives et privilèges.
Que sont les violences imputées aux « Soulèvements de la Terre » à côté de ces exactions connues de tous imputables à certains agriculteurs et autres pêcheurs professionnels ?
Un gouvernement impartial allait il dissoudre la FNSEA ?
Le président MACRON et son ministre de l’intérieur ont obéi à Monsieur ROUSSEAU et ont osé dissoudre le mouvement des défenseurs de la biosphère, vieux réflexe faisant opter pour une injustice afin d’éviter un désordre.
Les Thatchériens préfèrent frapper un adversaire idéologique non violent que déranger des corporatismes qui font peur et qui répondent aux mêmes codes de valeurs : l’argent d’abord.
Il appartient aux avocats des Soulèvements de la Terre de faire annuler par le conseil d’état cette aberration, insulte à l’impartialité de l’état, mépris des principes fondamentaux de la république.
Sociologiquement, cette forfaiture conduit à s’interroger sur la différence de traitement entre la violence habituelle des agrariens en colère défendant leurs intérêts et les manifestations symboliques des protecteurs de la Nature qui n’ont jamais agressé personne.
La violence agrarienne est admise par les pouvoirs publics qui se gardent bien de commenter les agissements brutaux et délictueux des uns, tout en fustigeant la moindre pécadille des autres.
Comme si défendre ses intérêts personnels et égoïstes valait mieux que se battre pour le bien commun et la vie menacée par la dégradation des conditions planétaires !
Le vice de cupidité se porte bien dans l’esprit perverti des agents du Marché, des firmes et des filières.
On peut tout casser, menacer, molester pour assouvir son appât du gain.
En revanche, l’altruisme, le désintéressement, le souci du Vivant apparaissent suspects à ces hommes médiocres qui vénèrent l’argent et considèrent que réussir sa vie, c’est devenir milliardaire, c’est-à-dire parasite social.
Une inversion de valeurs est ici à opérer.
Les hommes politiques, parce que détenteurs temporaires d’attributions définies, ne sauraient demeurer au-dessus des citoyens.
Il leur faut répondre, devant des tribunaux impartiaux, de leurs excès de pouvoirs et de leurs forfaitures.
Ainsi, il conviendrait de supprimer le privilège de juridiction dont bénéficient présentement les ministres, via une cour de justice de la république composée de leurs pairs et chargée de juger leurs turpitudes, c’est-à-dire trop souvent chargée de laver plus blanc que blanc.
Un élu n’est pas au-dessus des autres citoyens.
Il doit supporter davantage de devoirs et justifie un contrôle accru dans l’exercice de ses attributions.
Je m’amuse d’observer, en PERIGORD, l’embarras de l’état face à un président de département qui veut obstinément une infrastructure routière censurée définitivement par le conseil d’état.
L’élu s’acharne et veut cette route litigieuse, malgré l’autorité de chose jugée que l’état ne manquerait pas d’opposer sèchement à tout citoyen ordinaire.
Le comité des droits de l’homme de l’ONU peut déplorer le traitement infligé par le gouvernement français aux défenseurs de l’environnement.
Quel dommage que ce pays ne possède pas davantage de presse d’investigation et d’institutions judiciaires totalement indépendantes du pouvoir politique, car il y aurait de quoi confondre les gouvernants du jour dans les affaires susvisées.
Pourquoi deux cents blessés dont deux graves à SAINTE-SOLINE ?
Parce que de méchants émeutiers venaient y attaquer la république ? C'est ce qu’osa soutenir le ministre de l’intérieur.
Ridicule, puisque ce petit coin de ruralité profonde n’abrite aucune institution de la république.
Il fallait un désordre pour effrayer l’éternel parti de la peur dans un contexte de manifestations syndicales suite à l’élévation de l’âge de la retraite.
Le trou dans un champ que défendaient farouchement les 3200 gendarmes mobiles et CRS était même vide.
Qui dénoncera et sanctionnera cet énorme scandale ?
Certainement pas la presse réactionnaire achetée par un milliardaire.
Dire que le 26 août 1789, nos grands ancêtres qui savaient faire une Révolution, proclamèrent égaux les citoyens devant la loi.
Que devient cette noble proclamation face à la corruption de l’état par les lobbies ?
Que devient l’état de droit devant le népotisme, les copinages, les pressions des réseaux ?
Qu’est-ce que l’écologie pour les bonimenteurs, valets de l’argent ?
Une peinture verte masquant le mur sombre des profits.
Alors, les citoyens méprisent, se détournent de la vie publique, s’intoxiquent par le « tous pourris ».
Et cela satisfait pleinement ceux qui confondent une société d’humains et une firme dépolitisée, sans perspective, sans alternative.
Un homme désabusé, blasé, fatigué et démobilisé cesse d’être un dangereux révolutionnaire.
Il est mûr pour la servitude consentie.
C’est ce qu’ils veulent, du bétail humain à l’engrais dans une société mercantilisée.
Lisez leur anesthésique, écrit sur le flacon : « Créez votre entreprise. Rêvez de devenir milliardaire et laissez nous faire ».
Le droit de rêver est le dernier que l’on vous octroiera.
La démocratie se meurt.
Ne troublez pas son agonie, soyez soumis, nous disent les thatchériens.
Les réfractaires deviendront de redoutables « éco terroristes » que l’on dénoncera au vieux parti de l’ordre et de la peur.
Dormez pendant que nous accélérons vers l’abîme.
Ceux qui refusent de dormir seront bâillonnés, mais en sauvegardant les apparences : nous sommes le pays des droits de l’homme, ne l’oubliez pas !

Gérard CHAROLLOIS

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