L’humanité devrait s’inquiéter des agressions qu’elle perpétue à l’encontre d’une nature qui existe et qui agonise parce que l’animal cupide, cruel et superstitieux l’oublie.
Malgré ses capacités cognitives remarquables, l’homme préfère des croyances imaginaires et farfelues à ce qui est.
Il combat, sacrifie, torture, massacre pour des mythes et ignore les soucis de la planète.
Au lieu de se préoccuper du climat, de la composition chimique de l’atmosphère, de la mort de la biodiversité, du malaise social, de la maltraitance animale, nos concitoyens se confrontent à des terroristes issus des brumes du Moyen-âge, des esprits dérangés au point de tuer et de mourir pour une illusion.
Qui osera proclamer, par-delà les pusillanimités d’un temps qui fait fort dans la lâcheté, à la face de ce monde hideux, ce cri salutaire : « Ni dieu, ni maître » !
Les sectes ne deviennent un problème que lorsqu’elles veulent exterminer l’infidèle ou gouverner la vie des gens qui ne leur demandent rien.
Lorsqu’elles s’abstiennent de tuer et de régir les mœurs, elles se révèlent riches de petites fables burlesques et distrayantes.
Ne nous laissons pas dégrader, aspirer vers le bas, par des débats déraisonnables et abandonnons les délirants à leurs billevesées qui ne méritent pas le moindre intérêt.
L’assassinat en relation avec une entreprise terroriste empoisonne la vie publique et menace la démocratie.
Les pouvoirs en place, les lobbies, la finance profitent, bien évidemment, de cette stupéfaction de l’opinion pour faire taire les alternatives à leur dévastation.
N’étant nullement frappés de paranoïa, nous ne donnerons pas dans les élucubrations complotistes qui veulent toujours, au mépris de la plus élémentaire vraisemblance, découvrir des manipulations grotesques derrière tout événement qui se suffit à lui-même.
Les islamistes n’ont aucun besoin de comités secrets occidentaux les téléguidant pour assouvir leur haine d’une société dans laquelle la femme est émancipée, le blasphème libéré, la libre pensée célébrée.
Depuis trente ans, des groupuscules de cette mouvance perpétuent des attentats.
Les gouvernants Occidentaux, que nous condamnons pour leur politique hostile à la nature, ne fomentent pas ces actes criminels.
Mais, ils doivent se garder d’en faire des occasions de détournement de l’attention et de l’ardeur militante au sein des démocraties.
Les manifestations pour le climat, pour les loups, sont prohibées, au nom de la sécurité, mais les foires, marchés, spectacles tauromachiques et autres, perdurent, car le dieu commerce exige la célébration de son culte quotidien.
Le silence imposé aux idées laisse percevoir, plus encore que d’ordinaire, le fracas des tiroirs-caisses d’une société mercantile à l’échelle de la planète.
Qu’il faille combattre, par les armes, le djihadisme qui ne connaît pas de limites dans l’horreur de ses crimes, ne souffre aucune hésitation.
Mais, pourquoi, dans le cadre de l’état d’urgence mis en place contre l’islamisme, perquisitionner dans la ferme de jeunes agriculteurs bio, en DORDOGNE, bien que ceux-ci n’aient aucun lien culturel avec cette religion ?
Qu’y a-t-il de commun entre un agriculteur bio, opposant à l’aéroport VINCI, protecteur de la nature, et un fondamentaliste islamiste ?
Pourquoi, en vertu de l’état d’urgence, assigner à résidence 24 militants écologistes ?
Instrumentaliser les attentats, agiter les fumigènes de l’ordre, entretenir la peur, museler les contestataires pacifiques, c’est offrir la victoire aux djihadistes.
L’état d’urgence repose sur une nécessité de combattre des assassins.
L’utiliser pour harceler des militants écologistes déshonore les gouvernants.
Ces perquisitions, chez des distributeurs de tracts contre l’aéroport VINCI constitue une violation des droits et libertés garantis par la Convention Européenne de sauvegarde des droits de l’homme et notamment son article 8 (protection du domicile et de la vie privée) et son article 10 (protection de la liberté d’expression).
Bien sûr, la France a émis des réserves suspendant partiellement l’application de cette Convention, du fait de la déclaration de l’état d’urgence, mais la cour européenne des droits de l’homme demeure compétente pour apprécier les faits au regard de la convention et desdites réserves légitimes tout autant que circonscrites aux nécessités de la prévention des attentats.
Or, après épuisement des voies de recours internes, cette cour pourrait bien sanctionner les « visites domiciliaires » chez des écologistes qui n’exercèrent jamais aucune violence, perquisitions et assignations à résidences ordonnées sous prétexte de prévenir le terrorisme djihadiste.
Je ne peux qu’inviter les militants victimes de ces perquisitions administratives à engager la responsabilité de l’Etat.
La liberté ne saurait souffrir d’agressions manifestement abusives.
Dans une « guerre », fut-elle asymétrique, il convient de déterminer l’ennemi et de ne pas instrumentaliser une violence ciblée pour troubler l’esprit public, entretenir une stratégie de la tension et attenter aux libertés essentielles de citoyens totalement étrangers au conflit.
La peur des attentats, parfaitement légitime, la volonté d’éliminer le péril, justifient des mesures militaires et policières appropriées. L’état d’urgence ne doit pas être un alibi pour des atteintes aux droits des personnes.
Attaqués par les djihadistes, les pays ont le devoir de riposter et de protéger leurs citoyens, mais cette protection n’exige pas la violation de l’état de droit.
A défaut, les obscurantistes, poignées d’illuminés perdus, gagnent leur guerre en nous faisant renier les principes démocratiques et régresser vers leur barbarie.
C’est, au contraire, en affirmant la liberté d’expression, en amplifiant la démocratie, en nous préoccupant de sauver le vivant et non de regarder vers un arrière-monde qui n’existe pas, que nous leur infligerons la plus sévère défaite.
Si une religion est l’opium du peuple, refusons de mourir d’une overdose, nous qui avons sû nous dégager, au moins depuis deux siècles, des tyrannies théocratiques.
FEUERBACH et NIETZSCHE ne tuèrent pas dieu, car nul ne tuera jamais une chimère, mais agissons pour que cette chimère ne tue plus et que ses adorateurs n’étouffent pas l’intelligence en enfumant l’opinion de vapeurs délétères.
Abandonnons les gourous, les prophètes, les marabouts, les dieux grands ou petits, les démiurges, les sortilèges, à ceux qui en ont besoin, et sauvons les loups et les abeilles, car eux existent !
La nature vaut mieux que le surnaturel et la vie douce que le martyr.
Gérard CHAROLLOIS