La démocratie : c’est par où ?

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Les philosophes des lumières et les nobles principes de 1789 ont représenté indéniablement un immense progrès humain, une rupture de civilisation en ce sens que la liberté et les droits de tout individu ont été proclamés.
La théocratie, l’obscurantisme, l’absolutisme royal étaient congédiés pour leur substituer la loi des hommes libres et de la raison émancipée des dogmes farfelus.
Cependant, plus de deux siècles plus tard, les lumières demeurent bien vacillantes et les gens de mieux peinent à poursuivre la marche vers cet horizon d’émancipation et d’élévation du comportement humain.
Nombre de peuples croupissent encore sous le joug des religions, des fanatismes identitaires, des crispations ethniques et sous la botte de dictateurs criminels qui tuent ou emprisonnent leurs opposants.
Ici et maintenant, les droits des animaux et de la Nature sont niés par des forces réactionnaires et des intérêts bien gardés et nul ne peut encore mesurer l’incidence des « nouvelles technologies » sur le psychisme des générations « virtualisées ».
Les aspirations de la majorité des citoyens sont sacrifiés par les gouvernants aux exigences des lobbies et la démocratie n’est qu’un leurre.
En occident, à la pointe la plus avancée de l’humanité, là où la parole reste libre et où les opposants ne risquent ni l’empoisonnement, ni le goulag, là où l’on peut écrire, parler sans encourir la prison, là où les élections sont libres et non faussées matériellement, là où l’information pourrait être plurielle, là où chacun peut aller et venir, franchir une frontière et bénéficier de garanties de ses droits, la démocratie demeure néanmoins une illusion.
La preuve par la chasse et ses abus que récuse la majorité écrasante de nos contemporains, à l’instar de la régression permanente des acquis sociaux sous les coups des « réformateurs ».

Par le financement des campagnes électorales, par l’achat des médias et le pouvoir doux de la main qui nourrit, les oligarques règnent sans que le bon peuple s’en aperçoive.
Après 70 ans de paix européenne, de croissance sans exemple dans l’histoire de la productivité, les droits sociaux et les services publics se délitent, les écarts entre le peuple et une infime poignée de milliardaires se creuse, le climat s’affole, la biodiversité se meurt, les citoyens désabusés s’atomisent et deviennent des proies pour les manipulateurs de « temps de cerveaux disponibles » et sont sommés de subir les « réformes », c’est-à-dire les régressions sociales.
Dormez en paix : « Il n’y a plus d’alternative ».
Tout ce qui s'oppose aux maîtres du système n’est qu’aventurisme, extrémisme, danger pour le troupeau sous contrôle.
Pour la présidentielle, le mot d’ordre était : « Braves gens, gardez-vous à droite », extrémisme !.
Pour les législatives : « braves gens, gardez-vous à gauche » extrémisme !
Car tout opposant n’est qu’un extrémiste. Alors, vous n’avez pas le choix.
Et cela marche parfaitement.
Immuablement, le même scénario permet non pas à une idéologie, car les gouvernants n’en ont pas, mais à des intérêts de perdurer dans leurs nuisances contre la biosphère, contre les vivants.
Soyons concrets en énonçant quelques exemples passés sous silence par les médias :
Elu sans le soutien d’un quelconque parti politique en 2017, mais non sans les moyens financiers nécessaires à une campagne électorale présidentielle, Emmanuel MACRON séduisit Nicolas HULOT, devenu son ministre de l’écologie.
Le lundi 27 août 2018 se tint à l’Élysée une réunion sur le thème de la chasse. Le président y invita un certain Thierry COSTE, lobbyiste des chasseurs et des amoureux des armes à feu, contre le souhait de son ministre qui, le lendemain matin, annonçait à France Inter sa démission.
Christophe CASTANER, le ministre de l’intérieur en macronie qui déclara un jour vouloir "buter" les loups, créa en 2019 une cellule de gendarmerie dite Demeter, véritable milice au service des idées et valeurs de la FNSEA, destinée à lutter contre les dangereux terroristes animalistes qui osaient filmer ce qui se passe dans les élevages concentrationnaires et certains abattoirs.
Quant au parlement, sous surveillance étroite, s’il lui était permis de légiférer sur la condition animale, ce n’était qu’à la condition absolue de ne pas déranger les lobbies chasse et de l’élevage.
Or, chasseurs et éleveurs industriels ne sont plus que d’infimes minorités dans notre société.
Leur poids disproportionné sur l’appareil d’état prouve que nous ne sommes pas en démocratie mais dans un régime où les réseaux, les officines, les forces d’argent font la loi et dictent au bon peuple les choix fondamentaux.
Nous n’en sortirons qu’en changeant les institutions et en mettant en place des structures démocratiques dégagées du poids des lobbies.
De fait, le pouvoir exécutif devient législateur et le président se trouve « solutus absolutus » (législateur unique) pour parler le latin des professeurs de droit.
Le parlement, fruit d’un mode d’élections grossièrement déformateur de l’image du pays, n’est qu’une chambre d’enregistrement et le pouvoir judiciaire est abaissé en France comme nulle part dans une démocratie occidentale.
Mais, bien sûr, « je suis un extrémiste », comme tout opposant, dès lors qu’il n’est pas dévot du marché, de la privatisation, du culte de l’entreprise, de la compétition de tous contre tous !
Car évidemment, un nationaliste, un socialiste, un écologiste sont d’infréquentables « extrémistes » Seul un adepte du thatchérisme n’est jamais qu’un gentil et raisonnable « centriste » !
Faute de débattre, d’argumenter, de présenter projets contre projets, les gouvernants manipulent l’opinion en l’anesthésiant et en proférant cette seule invective à l’encontre de tout opposant : « extrémiste » !
Pour rétablir une vraie démocratie : opposants, unissez-vous !
Sans cette union qui seule fait la force, les lobbies imposeront leur insidieuse domination.
Aucun progrès humain, aucune avancée de civilisation ne sont à attendre des agents des lobbies.
Le grand massacre de la Nature perdurera et, dans l’ordre social, les services publics se paupériseront, les salariés seront flexibilisés, précarisés avec une dérive abyssale entre les humains « ordinaires » et la caste dirigeante qui « achète les élections ».
Résistez !
Soyez des citoyens éveillés et non des sujets du marché !
Ne succombez pas à l’anesthésie et au conditionnement pourvoyeurs de résignations.
Pensez par vous-mêmes et n’abandonnez pas ce monde.
Il faut sauver la viabilité de la planète et faire reculer la violence et la cruauté partout !

Gérard CHAROLLOIS