La cour administrative d’appel de TOULOUSE autorise la reprise des travaux de la très contestée autoroute A69 entre TOULOUSE et CASTRES en réformant le jugement du tribunal administratif.
La question est la suivante : cet ouvrage comporte des atteintes à la Nature.
Celles-ci sont-elles justifiées au regard d’un intérêt public impératif ?
Le tribunal observa que cette voie privée de 53 kilomètres, comportant des coûts de trafic excessifs, n’apparaissait pas d’intérêt général supérieur.
En deux lignes, sans grande motivation, la cour estime que l’intérêt économique prévaut.
Or, comme tous le soulignent, cette autoroute voulue par des intérêts financiers locaux, ne fait gagner qu’une dizaine de minutes de trajet entre ces deux villes.
Dès lors en cette affaire, il n’y a pas d’intérêt public mais des intérêts très privés.
Ce n’est pas une autoroute mais des péages qui sont en cause en cette lamentable affaire.
Comment expliquer l’erreur manifeste des conseillers d’appel ?
Je ne suis guère surpris par cet arrêt « contre Nature ».
La France et l’ensemble des pays d’Europe occidentale bénéficient de juridictions impartiales, encore indépendantes et n’ayant pas à redouter l’arbitraire et les sanctions d’un « pouvoir fort ».
Les magistrats judiciaires et administratifs se déterminent encore dans un esprit de probité.
Dans le monde existent trop de régimes qui instrumentalisent la justice, la corrompent et la soumettent aux caprices du tyran.
Mais ici, dans un état de droit, le juge, fut-il honnête, statue en fonction de ses connaissances, de sa subjectivité dont nul ne peut totalement se départir.
Or, les études supérieures dispensés par les facultés de droit, les écoles des sciences politiques dont sont issus les magistrats, ignorent tout des sciences de la Vie et de la Terre.
Les magistrats toulousains qui ont commis l’arrêt favorable aux promoteurs bitumeurs, à l’instar de trop de nos collègues, sont formés à l’économie, à la finance publique, aux règles administratives, mais ne savent que peu de choses sur la biodiversité, la chimie de l’atmosphère, les équilibres écologiques, donc de la prévalence de la Vie sur l’argent.
Ils pensent aux intérêts très privés derrière ces grands ouvrages inutiles en oubliant que la Terre est malade de cette artificialisation, de ces empoisonnements, de la mort de la Nature .
N'en doutons pas, le juge s’est dit : « Ce n’est pas ce modeste tronçon autoroutier qui va compromettre la viabilité de la planète ».
Partout, le bitume et le béton submergent l’espace terrestre.
Notre société oublie, dans une idéologie « trumpiste », que de « l’entrepreneur » au mafieux, il n’y a qu’un pas distant de moins de dix minutes !
J’ai toujours émis le conseil de rendre obligatoire aux concours d’accès des hautes fonctions juridictionnelles une épreuve de science.
Comment bien juger sans connaître le fonctionnement de la biosphère ?
Un peu de connaissances éviterait bien des arrêts aberrants.
Parfois, l’ignorance s’avère aussi désastreuse que la mauvaise foi.
En un temps où l’état de droit est menacé par la montée des néofascismes liés aux milieux de la finance, la société a besoin de juridictions impartiales mais aussi compétentes pour comprendre les défis de l’époque et que l’écologie prime sur l’économie pour sauver le Vivant.
Gérard CHAROLLOIS