La nature en deuil : la LPO a raison

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Cette semaine, la LPO se mobilise pour proclamer que la Nature est en deuil.
Au 18ème siècle, des philosophes allumaient les Lumières en invitant les hommes à lire dans le grand livre du monde avec le secours de la raison, en rejetant les dogmes et les superstitions.
Le siècle des Lumières enfanta la démocratie, les droits de l’homme, l’essor des connaissances et l’émancipation des humains.
Présentement, des réactionnaires hargneux veulent éteindre ces Lumières et rétablir le temps des ténèbres en censurant la science, en maîtrisant les médias, en saturant l’opinion de théories complotistes confinant à la paranoïa.
Ils nient la liberté des mœurs, les droits de l’homme, la séparation des pouvoirs, la science et l’empathie pour assouvir leur exploitation forcenée de toutes choses et des êtres réduits à n’être que des choses.
Nous assistons, ailleurs mais aussi ici, à des régressions de civilisation .
En France, deux syndicats agricoles imposent à une classe politique inconsistante des mesures législatives honteuses : l’article premier de la récente loi sur l’agriculture interdit de prohiber les molécules chimiques que n’écarterait pas l’Union européenne.
L’article 13 de la loi supprime le délit de destruction d’espèces protégées et de sites de ces espèces lorsqu’une intention de détruire n’est pas établie, faisant d’un tel fait une simple contravention.
L’article 15 somme les juridictions de statuer plus rapidement, en moins de deux ans, dans les litiges concernant par exemple les méga-bassines.
Le monde rural devient zone de non-droit, sans norme, sans contrôle, avec une féodalité intouchable dont la violence effraie les trop petits hommes qui gouvernent.
Le parlement s’agite, à droite, contre la loi « résilience » d’août 2021 ayant édicté un « zéro artificialisation nette », frein au bétonnage et bitumage .
Ces agents des lobbies veulent expulser la Nature pour permettre aux promoteurs et aménageurs de se gaver et ce au nom du « développement durable » et du refus des « réserves d’indiens ».
Dans le même temps et contre la volonté de 80% des personnes sondées, le gouvernement soutient les pires arriérés voulant anéantir les loups.
Deux loups présents en Corrèze, sur le plateau des Milles Vaches, suscitent la crise de nerfs d’une poignée d’ennemis de la Terre en mal d’aseptisation de la Nature et les pouvoirs publics bêlent à l’unisson.
Les députés et sénateurs du Tarn volent au secours des intérêts sordides qui militent pour une inutile autoroute de 53 kilomètres (dite A69) faisant gagner dix minutes de temps de trajet aux automobilistes entre TOULOUSE et CASTRES.
Ces élus veulent par la loi faire échec aux décisions des juges administratifs en violation du principe fondamental de la séparation des pouvoirs et du caractère général de la loi dont la majesté consiste à ne pas se réduire à un instrument de satisfaction d’intérêts très privés et, en l’espèce, privés de scrupules.
L’A69 n’est qu’une occasion de profits, un support de tiroirs-caisses.
Or, l’état soutient et n’hésite pas à marquer un parti pris en intimidant les opposants (sans doute des écoterroristes !).
La mort de la Nature est niée par ces esprits qui nient tout et ne servent que la spéculation.
Pour les ennemis de la Terre, l’écologie devient ce que l’anarchisme fut aux conservateurs de la fin du 19ème siècle et le communisme à ceux du siècle passé : un fantasme.
Les états tombés aux mains des néofascistes criminalisent ouvertement la science et la liberté de critique de la ploutocratie.
Ici, des démocraties chancelantes préparent cette chasse aux sorcières en affaiblissant les principes fondamentaux du droit pour obéir aux forces d’argent qui sont derrière les pesticides et les grands ouvrages inutiles.
Au fond, les gouvernants actuels font le lit des néofascistes qui s’apprêtent à les remplacer et qui serviront les mêmes maîtres au grand détriment des peuples abusés.
Alors, faut-il désespérer ?
Aux USA, en Europe et ailleurs, une prise de conscience s’amorce.
J’évoquais naguère, devant l’émergence du péril, un Conseil National de la Résistance. J’avais sans doute mal estimé l’ampleur du mal : c’est un Conseil Mondial de la Résistance qui s’impose car le mal ignore les frontières.
Oui, la Nature est en deuil.
La raison, l’idée de solidarité, les droits du vivant agonisent.
Si rien ne change, la Terre saura se débarrasser du grand nuisible.
Le climat s’altère. La biodiversité s’effondre. L’état de droit vacille.
A part ça, tout va bien !

Gérard CHAROLLOIS