Des dimanches sans chasse ou un pays sans démocratie ?

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Le 6 avril prochain, l’assemblée nationale pourrait débattre d’une proposition de loi du député écologiste Charles Fournier, proposant des dimanches sans chasse.
80% des Français souhaitent des dimanches sans chasse.
Mais que valent les opinions majoritaires en ce pays ?
En commission, les petits députés ont récité stupidement la propagande du lobby de la chasse : « Cette proposition de loi interdira la chasse aux gens modestes ».
Et autres balivernes du même niveau.
Le dimanche, la chasse interdit aux 98% de Français non chasseurs de jouir de la quiétude de la promenade.
Ce débat que trancherait avec éclat la démocratie révèle le naufrage institutionnel de la France.
Ici, les lobbies font la loi contre la volonté des citoyens.
Les représentants ne représentent plus grand-chose et chaque jour, le fossé se creuse entre les élus et le peuple qui n’est surtout pas un ramassis de chasseurs.
Je rappellerais volontiers aux politiciens incultes que le nombre des chasseurs ne cesse de diminuer : 2.500.000 en 1975 et 900.000 à ce jour.

Si 80% des Français veulent des dimanches sans chasse, 50% souhaitent l’abolition du loisir de mort et j’en suis.
La chasse s’organise en un lobby corporatiste hérité du gouvernement de VICHY qui, par une ordonnance du 28 juin 1941, créa les « sociétés départementales des chasseurs ».
Dotés de moyens financiers disproportionnés, ayant leurs entrées privées au château, les dirigeants de la chasse exercent une mainmise sur l’état.
La chasse révèle le mal français.
Ici, les lobbies imposent leurs exactions et l’état sert leurs intérêts .
Si vous en doutiez, sachez qu’à Sainte-Soline, le gouvernement déploya
3.200 gendarmes avec force consignes de fermeté pour défendre un simple et vulgaire trou, sans aucun enjeu, au risque avéré de mutiler et éventuellement de tuer des gens.
J’ignore comment cette altération de la démocratie, de la probité et de l’impartialité publique finira, mais la chute s’accélère.
Des nuées montent à l’horizon de la société thatchérienne .
Les manipulations par la peur des opinions publiques, raison des incidents programmés des Deux-Sevres, n’opèrent plus guère.
Les lobbies et leurs agents rêvent de juin 1848 et, plus près de nous, de juin 1968.
Mais l’illettrisme recule et les réflexes phobiques des esprits sénescents allergiques aux désordres font défaut en ce printemps au climat bien déréglé.
Un fossé se creuse entre un pouvoir serviteur des lobbies et le peuple.
Pourvu qu’il ne soit pas plein de sang !
La violence, toujours regrettable, ne naît pas du désordre mais de l’injustice et du mépris.
Alors, des dimanches sans chasse ?
Ou un pays sans démocratie ?

Gérard CHAROLLOIS