Le chant des oiseaux ou le cliquetis des tiroirs-caisses

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Pendant que des lanceurs d’alertes, des scientifiques et des défenseurs de la Nature appellent à sauver la viabilité de la Terre, des élus locaux, flanqués de leurs « gendres » et clients, poursuivent l’assassinat de la biosphère.
Au nom de la "croissance et du développement local", ils veulent des routes nouvelles, des lotissements, des zones artisanales, des complexes touristiques.
Bref, ils veulent du béton et du bitume, addiction compulsive et létale.
Sans frein ni limite, leur cupidité insatiable anéantit le vivant au nom d’un conformisme formaté.
Ils pensent et agissent comme leurs pères.
Leurs pères l’ont fait, amenant le climat et la biodiversité là où ils en sont et l’homme au malaise profond d’une civilisation face à ses impasses.
Et puis, sommet de stupidité doublée de malhonnêteté, vous entendrez des petits élus locaux réciter : « Des grenouilles, des chauves-souris et des libellules ne doivent pas empêcher d'asphalter et d’artificialiser au profit des locaux qui n’ont pas à vivre dans une réserve d’indiens » !

Cet argument, à hauteur de « beaufs » débiles, sert de paravent à la cancérisation de la Terre par des infrastructures qui partout déménagent la Nature.
Bien sûr, pour l’élu local, pour son « gendre » promoteur, pour le membre de la chambre de commerce et d’industrie, ce ne sont pas leur très modeste projet écologiquement responsable, leur humble route, leur joli lotissement, leur indispensable zone à urbaniser énergétiquement neutre qui vont compromettre le climat et la biodiversité sur la planète.
Cupidité, quand tu nous tiens !
Par centaines de millions sur la Terre, de très petits élus locaux et leurs très petits amis entrepreneurs avides tuent la vie dans sa fragile diversité en débitant les mêmes sornettes, les mêmes impostures.
Comment peuvent-ils être imbéciles ou malhonnêtes (à moins que ce ne soient les deux) au point de ne pas comprendre que le mythe de la croissance infinie dans un monde fini est une impasse radicale.
Quel maire, quel président aura l’intelligence et le courage de se réjouir publiquement de l’arrêt de la croissance démographique de son domaine d’administration ?
Le toujours plus n’est qu’une course à l’abîme.
Oui, avec les poètes qui ont toujours raison et avec les scientifiques qui éclairent par leurs connaissances, je préfère le chant des oiseaux au cliquetis des tiroirs-caisses des petits élus locaux et de leurs clientèles d’accapareurs.
Le climat, la biodiversité ne seront pas sauvés par des discours, des colloques, des conférences internationales, mais par des changements concrets du comportement des hommes.
Arrêtez le massacre !
Laissez des espaces aux espèces et ne sommez pas la Nature d’aller se faire protéger ailleurs !
Les libellules valent mieux que les intérêts immédiats et voraces des clientèles des élus locaux.
Ceux qui ne l’ont pas compris préparent la chute finale par la perte de viabilité de la Terre.
Sauvegarder la Nature est à la fois un impératif moral premier et une nécessité vitale.

Gérard CHAROLLOIS