Donner la mort : une obscénité

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Un policier blanc écrase la trachée artère d’un homme noir aux USA et les cités américaines s’enflamment.
Le psychopathe, élu parce que milliardaire et parce que sachant parler aux « beaufs », grand ennemi des ours de l’Alaska, ne condamne pas le meurtre mais les violences qui en découlent.
George FLOYD est mort victime de la brutalité tellement caractéristique du primate qui s’imagine supérieur, créé par des divinités et à leur image, maître de la terre et de tout ce qui y vit.
Une fois encore la cruauté primaire, la violence qui rabaisse l’homme bien en-dessous de l’animal s’est manifestée aux USA, pays qui vénère les armes à feu, la domination, l’exploitation, le mépris des plus vulnérables, pays d’un darwinisme social de droite édictant que les forts doivent régner et écraser les faibles.
Qu’il bombarde DRESDE ou édifie des camps d’extermination, qu’il assassine un journaliste dans les locaux d’une ambassade en Turquie, qu’il tue des amérindiens au NICARAGUA pour déforester et élever du bétail ou mutile des gilets jaunes avec des lanceurs de balles, qu’il traque le canard sauvage ou tourmente le taureau dans l’arène, l’homme, grand nuisible devant la nature, prouve qu’il n’est pas encore pleinement hominisé, pas à la hauteur de ce qu’il imagine être dans son orgueil mégalomaniaque.
Pour l’homme, depuis toujours, tout devient occasion de conflits, de guerres et d’anéantissement.
Tribus, cités, nations, races, espèces, toutes ces identités meurtrières offrent de magnifiques occasions d’exalter la violence stupide et sanguinaire.
La violence : voilà le mal absolu.
Qu’un blanc tue un noir ou inversement, qu’un homme tue une femme ou inversement, qu’un jeune tue un vieillard ou inversement, qu’un aryen tue un sémite ou inversement, qu’une brute primaire tue un oiseau de passage ou une biche aux abois, l’horreur crie que cette terre est un enfer et le SS, l’assassin,le chasseur et le torero endeuillent le monde et avilissent l’homme.
Pour nous, humains hominisés, tout être vivant mérite le respect de son intégrité et nous ignorons les frontières ethniques, sexistes, spécistes.
Non pas que tous soient identiques.
La diversité fait la richesse de la vie.
Mais comment hiérarchiser les êtres vivants, sur quels critères ?
L’aptitude à faire parler les odeurs, à courir, sauter, nager, voler, résoudre une équation doit-elle être prise en compte ?
Réjouissons-nous de la multiplicité des talents, des cultures, des mœurs et manières et abolissons la violence, cette indignité irréductible.
Les suprématistes blancs et les émules de Frantz FANON qui parlait de « l’impatience du couteau » se rejoignent dans la fomentation de la haine et du mépris.
Il n’y a pas de bonne violence, de justes meurtres et il ne faut jamais dissimuler le sang qui coule, quelle que soit la direction de son flot.
Des dirigeants politiques sinistres sévissent ici et là, mais dans ses profondeurs, la société humaine s’achemine vers un état supérieur tenant à son intolérance à la mort, ce scandale définitif.
Les réactions suite à la mort de George FLOYD, aux USA, et les tentatives du pouvoir politique français pour minimiser les violences policières infligées à Nice à Geneviève LEGAY révèlent cette immunisation contre le virus de la banalisation du mal.
Même ces mauvais dirigeants politiques ont dû réagir à la pandémie de Covid19 qui, autrefois, aurait été supportée avec une relative indifférence par la communauté humaine.
Cette réaction sanitaire démontre que la vie devient une valeur importante pour tous les contemporains, à la relative exception d’un TRUMP et d’un BOLSONARO.
La vie prime sur l’argent et je participe ardemment à ce refus de la banalisation du malheur, à ce bannissement de la souffrance et de l’anéantissement.
Toute évolution s’accompagne de crispations « traditionalistes » qui se désolent devant ce souci du soin envers autrui.
Laissons les réactionnaires grincheux regretter le temps où l’on pouvait assassiner par millions et réifier l’animal, l’étranger, le différent, le pas du trou à bouseux où se forgeait l’identité meurtrière.
Bien sûr, le processus d’hominisation apparaît trop lent, trop vacillant pour nous qui éprouvons toute mort comme un deuil personnel.
Dire qu’en France, des Maurice PAPONS d’aujourd’hui ouvrent la chasse en juin, période sensible de reproduction de la faune.
Pour lutter contre les dangereux sangliers proliférants ?
Non.
Pour assouvir les pulsions de ceux qui ne savent pas encore que donner la mort est une obscénité.

Gérard CHAROLLOIS