Le printemps silencieux et la vengeance du fourmilier

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La nature s’étonne.
Un étrange silence et une paix nouvelle s’installent sur la Terre.
Le grand nuisible, cancer de la terre, tortionnaire de la vie, semble avoir disparu avec ses gros fusils, ses moteurs vrombissants, son piétinement irrespectueux, son arrogance puérile.
Enfin plus de chasse, plus de grands travaux qui écrasent les espaces naturels et déménagent la vie partout.
Des hommes cruels et sots (tares indissociables) tuèrent, consommèrent la chauve-souris et le pangolin au nom de traditions ou de vertus médicinales imaginaires.
La faune sauvage ne demande qu’une chose : qu’on lui déclare la paix.
Certaines pratiques contre-nature favorisent l’apparition de virus nouveaux par mutations et franchissement de la barrière des espèces.
Le mal actuel résulte de ce processus bien connu.
Tout biologiste le sait mais l’animal humain demeure hermétique à la science et à la conscience.
Les déséquilibres écologiques, la surpopulation, les mouvements de masse sur la planète de l’espèce humaine agitée en tous sens ne pouvaient que déboucher sur la catastrophe sanitaire en cours.
Naguère, les pandémies avançaient à la vitesse du pas des hommes ou au mieux des chevaux.
Aujourd’hui, sans passeport, les virus prennent l’avion et la carte de l’épidémie recouvre celle des dessertes aériennes.
Peu probable que l’animal humain apprenne définitivement de l’épreuve qui le frappe.
Demain, un autre virus, tout aussi contagieux mais infiniment plus létal pourrait naître des pratiques d’exploitation immorale de la nature, des élevages concentrationnaires.
Présentement, le chant de la nature remplace momentanément le vacarme malfaisant des hommes cupides et déprédateurs.
Faut-il s’en réjouir ?
J’ai toujours préconisé une autre issue de secours, une autre sortie de la société de dévastation, une sortie non misanthropique, une issue de réconciliation de l’homme avec la vie dans sa merveilleuse et fragile diversité.
Science et conscience s’imposent.
Science, pour faire reculer la souffrance et la mort.
Conscience, pour abolir tout acte de violence et de cruauté à l’encontre des êtres vivants.
Je dis science, ce qui implique que l’humanité consacre des crédits illimités à la recherche bio-médicale pour vaincre les viroses, mais aussi les cancers et les leucoarioses, maladies neuro-dégénératives.
Ces maladies ne sont pas plus des fatalités que ne le furent la peste, le choléra, la phtisie galopante, la diphtérie et la variole vaincues ou éradiquées.
D’aucuns pourraient observer avec une indifférence froide les malheurs accablant ce calamiteux élu des Hautes-Alpes offrant au préfet une queue de loup ou ces électeurs de DORDOGNE préférant une route à la sauvegarde d’une vallée.
N’ont-ils pas mérité la vengeance de la chauve-souris et du pangolin ?
Personnellement, je préfère la conversion du grand nuisible à son châtiment.
Science et conscience sont accessibles à tous les hommes pour peu qu’ils s’en donnent la peine.
L’amour de la vie ne se divise pas.
Changeons de société et apprenons le respect d’autrui, c’est-à-dire celui de la chauve-souris et du pangolin qui ne nous veulent et ne nous feront aucun mal pour peu que nous renoncions à les manger.
Les ennemis de la vie s’appellent ici le chasseur et le virus car tous deux tuent.

Gérard CHAROLLOIS