Pourquoi tant de haine ?

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Aucun débat d’idées, aucune confrontation d’arguments, aucune réflexion sereine et apaisée ne s’amorcent entre les protecteurs des animaux et les négationnistes de l’écologie éthique, celle prônant le respect du vivant.
Militants opposés à la vénerie molestés et grièvement blessés par des chasseurs à courre, appels aux meurtres affichés en LOT-ET-GARONNE « Sauvez un paysan. Tuez un vegan », injures et menaces proférées au cours des manifestations de chasseurs révèlent cette haine viscérale à l’encontre de tous les courants d’opinion remettant en question le rapport humain/non-humain.
Ces agressions physiques ou purement verbales pourraient être circonscrites aux agrocynégétiques de base, mais il n’en est rien.
Les dirigeants des lobbies de la chasse et de l’agro-productivisme exhalent ce rejet hargneux de tout ce qui récuse l’approche traditionnelle des animaux et de la nature.
Les essayistes, auteurs d’articles ou de livres, affirmant la suprématie ontologique humaine ne parviennent pas à relever le niveau moral et intellectuel du débat. Ils s’en tiennent à des pamphlets vulgaires, maniant l’insulte et le mensonge pour discréditer une pensée qu’ils ne savent pas contredire sur le fond.
L’obsession des lobbies thanatophiles est de frapper d’ostracisme leurs opposants, exigeant de leurs dociles relais politiques que soit exclu des organes consultatifs des pouvoirs publics tout individu suspect de pensée « incorrecte ».
Il ne leur suffit pas de nier les droits des animaux et de la nature, il leur faut nier les droits des citoyens conscients du caractère sensible des oiseaux, des cerfs, des sangliers et des vaches, poules, porcs et autre "porte-viande".
En France, pays soumis aux neuf cent mille chasseurs et à la FNSEA, penser qu’un être vivant n’est pas de la chair à fusil, dire que la nature a d’abord besoin d’être protégée et sauvée et non gérée, interroger sur le défi éthique du rapport à l’acte de tuer deviennent des « délits d’opinion ».
C’est que ceux qui font de la mort un loisir, qui traitent l’animal d’élevage en marchandise, qui feignent d’ignorer que ces êtres sont capables de souffrir, n’ont aucun argument à opposer à leurs contestataires.
Le débat est impossible, car la réfutation est sans arme.
Alors, la propagande mensongère remplace la confrontation honnête des opinions : « Il faut réguler la faune. Les animaux d’élevage existent pour fournir œufs, lait et viande. Le taureau est fier de mourir dans l’arène. La filière a besoin d’exploiter pour survivre. ».
Il va de soi que de telles assertions ne résistent pas au débat et au libre examen. Leur réfutation est tellement évidente que les lobbies se réfugient derrière l’écran de l’injure à l’encontre de tout penseur interrogeant la relation homme/nature.
Or, observons que la violence, l’agression, les mutilations et le refus du débat démocratique émanent unilatéralement du camp des tueurs et exploiteurs.
Constatons aussi que leur stratégie de haine et de négation des principes démocratiques s’avère efficace, jusqu’à ce jour.
Exemple : 84% des Français souhaitent l’abolition de la chasse à courre.
Mais le monarque soutient inconditionnellement ses amis du milieu des veneurs qui est celui des banques et de la finance.
Nous savons qu’à terme, la compassion l’emportera et que les questions éthiques que nous posons recevront les réponses évidentes qu’elles appellent :
L’animal, être sensible, peut-il être traqué, mutilé, tué pour la distraction d’un homme ?
L’économie de Marché peut-elle anéantir toutes les espèces vivantes non bénéfiques aux profits des firmes ?
Quel rapport l’humain doit-il entretenir avec la vie de ses semblables et des autres êtres vivants ?
Que l’agrocynégétique du LOT-ET-GARONNE affichant qu’il faut « tuer un vegan » ne puisse pas relever ces défis éthiques se conçoit. Il est regrettable que les essayistes qui prétendent combattre le biocentrisme ne tentent pas de répondre aux questions que nous énonçons ici autrement que par l’insulte et l’imposture.
Je sais que ce clivage irréductible, cette incapacité de débattre n’affectent pas que le domaine social et moral que j’évoque ici.
Nous vivons sur un volcan, car la société contemporaine est éclatée en strates qui s’ignorent et s’apprêtent à des conflits graves que seul le débat démocratique et l’échange d’arguments auraient pu apaiser.
Milieux sociaux-économiques cloisonnés hermétiquement, communautés religieuses prisonnières de dogmes et de rancoeurs se préparent à des lendemains inquiétants.
Oui, pourquoi tant de haine ?
Ne pourrait-on pas PARLER, tout simplement ?

Gérard CHAROLLOIS