Abolir la chasse en France, c'est possible !

Livre de Gérard Charollois

Contrairement à ce que prétendent les chasseurs, et même plusieurs associations écologistes, l'abolition pure et simple de la chasse est possible. Il est étrange que cette abolition ne soit réclamée par aucune fraction de l'opinion, comme si la chasse était une fatalité. Quelques associations souhaitent pourtant l'interdiction de chasser. La Convention Vie et Nature pour une Ecologie Radicale n'est pas seulement pour la limitation du nombre de jours chassés, d'espèces chassables ou de moyens de chasse, elle se prononce pour l'abolition totale de l'activité cynégétique en France et en Europe.

Non seulement il n'en résulterait aucun dommage mais cette interdiction n'aurait que des conséquences bénéfiques, sur la nature comme sur la société.

L''abolition de la chasse doit nécessairement s'accompagner de la restauration des équilibres naturels, avec une multiplication des espaces sauvages. Elle implique une autre gestion des parcs nationaux, des parcs régionaux, des espaces Natura 2000, des réserves dites “de chasse” et des réserves volontaires, gestion à laquelle devrait s'ajouter une politique de couloirs de communication.

Ainsi, la France redeviendrait un territoire propice à la vie sauvage et à la préservation des paysages et attirerait de nombreux touristes. L'abolition implique aussi que les équilibres faunistiques soient favorisés (rapport entre les herbivores et les plantes, entre les prédateurs et leurs proies). Les carnivores sauvages ne se mutliplient qu'en fonction des ressources du territoire. Ils ne risquent pas de "proliférer". Cette politique protectrice mettrait un terme au massacre de la faune sauvage et à la désastreuse politique des "lâchers".

En attendant cette restauration, qui ne peut se faire du jour au lendemain, la régulation doit rester l'affaire des pouvoirs publics et donc des gardes de la faune sauvage, et non celle des particuliers ni des fédérations, dont l'objectif n'est pas l'équilibre de la nature mais le plaisir de tuer. L'effectif des gardes doit donc être augmenté, non seulement pour réprimer le braconnage mais pour protéger effectivement la faune et en améliorer la connaissance.

Rien dans la législation européenne ne s'oppose à ce qu'un pays membre abolisse la chasse.

L'interdiction de la vente d'armes et la confiscation des fusils (16 millions en circulation) améliorera les conditions de sécurité. Les accidents de chasse disparaîtront nécessairement, les promenades en forêt en seront rendues plus agréables. La sécurité n'aura qu'à y gagner car la majorité des crimes sont commis avec des armes de chasse. Les milices de chasseurs agressives en tenue kaki disparaîtront des campagnes.
Contrairement à ce que prétend la propagande cynégétique, toutes les activités commerciales liées à la chasse sont déficitaires. La disparition de cette activité n'entraînerait donc ni chômage ni perte financière.

Cette interdiction représenterait encore et surtout un progrès moral dans la mesure où elle proscrirait les pratiques violentes et le goût de tuer. L'abolition des jeux du cirque ou de la peine de mort apparaît aujourd'hui comme un progrès. L'abolition des corridas, des combats de chiens ou de coqs ou de l'expirémentation animale le serait aussi. Pourquoi l'abolition de la chasse ne le serait-elle pas ?

La chasse est interdite depuis une trentaine d'années en Inde et dans tout le sous-continent indien, en Afrique de l'Est, et même, en Europe, dans le canton de Genève. Elle est marginale dans les Pays-Bas. Tous ceux qui ont pu visiter ces pays ont vu qu'aucun déséquilibre ne résultait de l'interdiction de chasser.

L'objectif d'un militant écologiste doit donc bien être l'abolition à court terme de toute forme de chasse et de piégeage. Il faut mettre un terme définitif à la guerre contre les animaux.