Et ça ose se revendiquer de gauche !


Par David JOLY - Vice Président de la CVN.


        Bousies, petit village du Nord. Particularité de celui-ci parmi tant d’autres : on y trouve l’une des cinq A.C.C.A. créées dans le département.

            A.C.C.A. : késako ? Association communale de chasse agréée. Comme son nom l’indique, il s’agit d’un groupement sous forme associative d’individus prenant plaisir à semer la mort au sein de la faune sauvage,  et bien plus souvent au sein de la faune d’élevage relâchée quelques instants avant le carnage programmé du dimanche.

            Association agréée s’il vous plaît. Agréée par qui ? En l’occurrence par le Préfet, ma petite dame. Autrement dit par le représentant local de l’État. Ledit représentant délivre donc, au nom de la nation, un agrément qui témoigne que l’association de chasse est reconnue comme sérieuse, organisée, respectueuse des consignes de sécurité, de l’environnement, de la tranquillité du voisinage, de la liberté de conscience de celles et ceux qui préfèrent voir un animal vivre que criblé de plombs.

            Lorsque vous traversez Bousies et croisez le panneau de sortie d’agglomération,  vous vous faites très vite une idée de la valeur de l’agrément décerné à l’A.C.C.A. locale :

Un panneau qui a été transpercé d’une balle de chasseur, depuis la route principale traversant la commune, et comme le montre l’impact, tirée depuis l’intérieur du village :

            « Un incident isolé » diront certains édiles qui se sont empressés de changer le panneau endommagé avant que certains clichés ne soient pris : loupé !

             Continuons donc notre promenade dans cette charmante bourgade. À peine quelques centaines de mètres plus loin, vous pouvez croiser le panneau suivant :

            « Chasseurs, respecter les … ». Les quoi ? On ne saurait trop dire, puisque le dernier mot a été effacé. À y regarder de plus près, tailladé est plus exact. Bon, on ne sait pas trop qui a joué le Rambo de service sur ce méchant panneau, mais étant donné qu’il s’adressait aux chasseurs en général, on peut supposer que c’est là l’œuvre d’un artiste issu de leurs rangs. D’autant que tout chasseur qui se respecte doit être muni de son couteau : on n’est jamais à l’abri d’un renard vous sautant à la gorge, dans ce cas le fusil devient inutilisable et seule votre fine lame peut vous sauver la vie.

            « Oui, mais si le mot manquant était insultant, on peut comprendre qu’un chasseur ait perdu ses moyens ». Mouais…

            Tiens, surprise : on retrouve le même panneau à une trentaine de mètres de là. Celui-ci est intact. Posé en face des fenêtres d’une habitation, Rambo n’a certainement pas osé poursuivre ses dégradations matérielles devant d’éventuels témoins. Ce qui nous permet de découvrir l’injonction dans son intégralité :

             Limites : voilà le terme manquant qui a donné un coup de sang à notre ami de la nature (morte). On ne l’insultait pas, on ne lui interdisait pas de chasser, on ne lui rappelait pas les conséquences néfastes, tant du point de vue éthique qu’écologique, de son hobby. Non, le poseur de panneaux lui demandait simplement de respecter les limites des terres où la chasse est autorisée, c’est-à-dire ne pas mettre en danger la vie d’autrui et prendre en considération, comme la loi l’impose, la volonté de celles et ceux qui ne veulent pas de la mort-loisir chez eux.

            Une demande qui apparaîtrait légitime aux yeux de quiconque, mais qui est irrecevable pour tout semeur de mort agréé.

            Voilà donc le genre d’individus que l’État reconnaît comme responsable à travers les agréments qu’il délivre. En a-t-il conscience ? Certainement pas. Pour cela, il faudrait se rendre un minimum sur le terrain et constater ce qui s’y passe. Mais bien au chaud au sein des ors de la République, nos gouvernants préfèrent garder cette tradition de calinothérapie des lobbies sources de toutes les souffrances des représentants du Vivant, qu’ils soient d’origine humaine, animale ou végétale, et ce en contradiction de plus en plus prononcée avec les aspirations de la société civile contemporaine.

            C’est ainsi que Jean-Marc Ayrault  entretient depuis de longs mois une guérilla au sein du bocage nantais pour y implanter le joujou dont il rêve depuis des décennies et qui assurera de belles rentrées financières au bétonneur Vinci : un aéroport tout neuf (sur ce point, il est étonnant de voir les médias français dénoncer les méthodes de brute utilisées par le Premier ministre turc pour déloger des citoyens hostiles à un projet immobilier au sein du parc Gezi d'Istanbul et taire les mêmes méthodes employées par le Premier ministre français).

            C’est ce qui explique que Manuel Valls déplace plus de 600 CRS depuis Paris jusqu’à Alès lors du week-end de la feria : faire plaisir au lobby taurin, contrarié par le rassemblement historique contre la torture des arènes (créant ainsi une situation de sous-effectif des forces de l’ordre  24 heures plus tard à Paris, laissant le chemin libre à des dizaines de casseurs lors de la parade des joueurs du PSG, fraîchement promus champions de France, au sein de la capitale).

            C’est la raison pour laquelle François Hollande a reçu fin mai les représentants de la fédération nationale de chasse et s’apprête en septembre à les intégrer dans des pseudo-commissions responsables de la gestion de l’environnement.

            Le plus dramatique dans tout ça, c’est que tout en poursuivant la politique sarkozyste avec entrain, le pouvoir actuel ose se revendiquer de gauche.

            Un pouvoir qui se dit inquiet de voir l’extrême-droite grimper en flèche dans les huit législatives partielles qui ont eu lieu depuis juin 2012 et qu’il a systématiquement perdues, et qui dans le même temps drague comme jamais le monde cynégétique. Un monde cynégétique ayant eu comme meneur Marine Le Pen lors de sa dernière manifestation à Valenciennes. Un monde cynégétique qui, lors des Européennes de 2009, a vu son parti politique attitré (CPNT) faire alliance avec le parti d’extrême-droite de Philippe de Villiers. Et dernièrement, comme l’un de nos adhérents l’a très bien souligné, un monde cynégétique qui a offert sur un plateau d’argent un poste de chargé de communication à Étienne Bousquet-Cassagne, candidat FN de la dernière législative partielle sur l’ancienne circonscription de Jérôme Cahuzac, autre grande figure emblématique des valeurs de gauche.

Heureusement pour nous, les Verts présents dans ce Gouvernement sont là pour lutter contre cette schizophrénie socialiste : au 423ème faux pas dans le domaine de l’écologie, promis, ils démissionnent.

David JOLY- Vice-président CVN.


Commentaires  
# grandaty 26-07-2013 12:11
Bravo pour votre analyse : alliance chasseurs Fn est une vraie réalité.
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