Le Batho ivre

 

 


par David JOLY - Vice Président de la CVN.


Rappelez-vous : en ce soir du 16 mai 2012, Pierre-René Lemas, nouveau secrétaire de l’Élysée, énumérait les noms des ministres du nouveau Gouvernement Ayrault.

Arriva le nom de l’heureux élu, ou plutôt de l’heureuse élue, pour le ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie : Nicole Bricq.

Pas de représentant donc d’Europe Écologie – Les Verts  à la tête de ce ministère, ce qui confirmait ce que nous avions pressenti lors de la campagne présidentielle : chez EELV, à l’instar de Nicolas Sarkozy, le président sortant, « l’environnement, ça commence à suffire ! »

À l’époque, lorsque l’on voyait le pedigree de Madame Bricq mâtiné de références de droit commercial et financier, on se disait alors que les enjeux écologiques n’allaient pas peser bien lourds à ses yeux face aux objectifs économiques et capitalistiques du gouvernement dont elle faisait partie.

Et l’on se trompait. C’est ainsi que lorsque son comparse du ministère du Redressement productif appuya de tout son poids, aidé par le Premier ministre, pour obtenir de la part de Nicole Bricq sa signature avalisant de nouveaux permis de forage pétrolier au large de la Guyane, celle-ci tint bon et s’y refusa définitivement.

Pour éviter de débarquer sa ministre, ce qui serait à l’époque apparu comme un nouveau « couac » venant s’ajouter à une liste déjà bien fournie, Jean-Marc Ayrault procéda à un mini-remaniement. Nicole Bricq fut ainsi transférée à la tête du ministère du Commerce extérieur et remplacée par Delphine Batho qui, en bonne petite fille bien élevée, démarra sa nouvelle carrière ministérielle en signant les yeux fermés les permis de forage, à la plus grande joie d’Arnaud Montebourg de la Marinière, chevalier blanc de l’industrie française.

Si à première vue Delphine Batho ne semble pas plus calée en terme de biodiversité que sa devancière, il est un représentant de la biodiversité animale qu’elle connaît comme nul autre : la couleuvre.

Car depuis son intronisation, elle en avalé des quantités et tente d’en faire ingurgiter autant à ses concitoyens qu’elle semble prendre de la sorte pour des demeurés.

Delphine Batho nous a donc annoncé sans rigoler que le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes qui,  s’il se concrétise sera à l’origine de la disparition de 2 000 hectares de zones humides, s’inscrit dans une politique de croissance verte.

Delphine Batho nous a révélé la main sur le cœur que le nouveau plan loup qui prévoit l’extermination de 10 % de sa population était la meilleure façon de garantir la pérennité de cette espèce protégée par la Convention de Berne.

Et dernièrement, sur les ondes de France Info, Delphine Batho nous indiquait que si les plans de prévention des risques technologiques s’appliquant aux entreprises classées Seveso (c’est-à-dire les entreprises présentant de très grands risques de génération de catastrophes environnementales ou sanitaires) allaient être assouplis, permettant à ce type d’entreprises de se développer, c’était uniquement dans le but de mieux les contrôler…

À une heure où l’on s’inquiète de s’assurer que tout ministre ne développe pas son patrimoine personnel à l’aide des richesses de la nation au service de laquelle il est censé être, il est tout autant nécessaire de dénoncer et de combattre tout ministre qui, dans ses fonctions, prend des initiatives détruisant sciemment le plus précieux des patrimoines, ce patrimoine universel : le Vivant.

 

DJ.


Commentaires  
# Jean-Claude Champeau 21-04-2013 13:36
Merci de cette analyse que je partage. J'y ajouterai, à titre personnel, que rien de tout ce qu'il se passe depuis le retour des "socialistes" ne m'étonne : ce parti n'existe qu'en tant qu'alternative lorsque la population est excédée par la "rigueur" d'un gouvernement de droite "classique". Sans cette alternative et ce commode mouvement de balancier entre droite et "gauche", les tenants du libéralisme financier et social ne pourraient plus livrer les populations à leur loi du marché. Les défenseurs d'une nature préservée, les promoteurs de rapports nouveaux avec le vivant non humain seraient bien avisés à la veille de toute échéance électorale en se gardant d'alimenter la moindre illusion sur l'éventualité d'une embellie en élisant des socialistes ultra-libéraux. De l'émancipation humaine, la lutte pour le mieux-être animal est à mes yeux de plus en plus indivisible...
JC Champeau (23)
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