Résistants, unissez-vous !

 


Par David JOLY - Vice-Président de la Convention Vie et Nature.


« S'ils n'ont pas de pain, qu'ils mangent de la brioche ! » La légende prête ces mots à Marie-Antoinette, reine de France et épouse de Louis XVI. Elle les aurait prononcés à la fenêtre du château de Versailles, devant le peuple parisien venu auprès du roi se plaindre de l'augmentation du prix du pain.

Que ces mots aient été réellement proclamés ou pas, ils reflètent très bien l’état d’esprit qui régnait à la fin du 18ème siècle : le plus grand mépris envers ceux que l’on appelait encore « Tiers-État » voilà quelques temps, considérés comme une sous-catégorie de la population française, ne méritant que le droit à la misère et de payer l’impôt qui assurait alors l’opulence dans laquelle baignaient la noblesse et le clergé.

« Leurs yeux ronds, leur nez épaté, leurs lèvres toujours grosses, leurs oreilles différemment figurées, la laine de leur tête, la mesure même de leur intelligence, mettent entre eux et les autres espèces d'hommes des différences prodigieuses. » C’est ce qu’énonçait Voltaire dans son Essai sur les mœurs et l’esprit des Nations. Et même s'il tentait de rattraper le coup sept ans plus tard dans son Traité sur la tolérance, voilà une idée partagée par grand nombre de ses concitoyens qui acceptèrent jusqu’à la fin du 19ème siècle la traite d’êtres humains sur le seul critère d’un aspect physique et d’une pigmentation de peau différents. Des concitoyens hilares ou virulents lorsque des abolitionnistes de l’esclavage revendiquaient une égalité de droits et de respect.

« Le Juif est l'asticot d'un corps en corruption, une pestilence, pire que la peste noire d'autrefois; c'est un porteur de bacilles de la pire espèce, l'éternel champignon diviseur de l'humanité, le frelon fainéant qui s'introduit chez les autres, l'araignée qui suce lentement le sang des peuples, une bande de rats qui se combattent jusqu'au sang, le parasite dans le corps des autres peuples, le parasite typique, un pique-assiette, qui va se multipliant comme un microbe nuisible, la sangsue éternelle, le parasite des peuples, le vampire des peuples. »

Ignoble passage de Mein Kampf, traduisant parfaitement l’idéologie qui fut véhiculée de 1939 à 1945 par le régime nazi, qui déboucha sur ce tragique pan de l’histoire de l’humanité. Une idéologie partagée en France par de nombreux collabos, aux plans fort heureusement contrariés par ce que l’on nomme depuis la Résistance.

18ème, 19ème, 20ème siècles : chacun d’entre eux a été marqué par l’un de ces épisodes où une partie de la population était vouée aux gémonies en raison de critères physiques, sociaux, sociétaux. Parce que les détenteurs du pouvoir de l’époque y avaient décelé une opportunité de décupler leurs prérogatives mais aussi (et surtout) leur fortune déjà colossale. Où l’éthique, le respect, la morale étaient jetés pour cela aux orties. Mais toujours réhabilités au final par des femmes et hommes de cœur qui ont refusé le pire, qui ont toujours cru en le meilleur, allant défier les ennemis du moment sur leur propre terrain, n’hésitant à aucun moment à mettre leur vie en jeu au nom de leur idéal : le respect de la vie et sa primauté sur tout intérêt particulier de nature politique, économique, financière.

« Des temps lointains que l’on ne connaîtra plus » vous disent certains. Il n’en est rien. Certes, nous ne vivrons plus ces temps barbares de mise à mort, d’exploitation physique collective dans les champs, d’éradication ou de mauvais traitement de telle ou telle frange de la société. Cependant ces comportements ignobles ont survécu : ils ont simplement changé de victimes.

À l’aube de ce 21ème siècle, la chasse à l’homme n’existe plus : la faune sauvage l’a remplacé et sert de défouloir aux fédérations de chasse. L’exécution publique a disparu : dorénavant l’on se délecte devant le spectacle d’un taureau vomissant son sang au milieu d’une arène. On n’admire plus avec entrain des indigènes derrière des barreaux ou contraints de réaliser des numéros, enchaînés, sur une piste de cirque. Désormais c’est le quotidien des lions, des éléphants, des tigres, des ours, des otaries… On n’exploite plus jusqu’à l’épuisement mortel des serfs ayant pour seule récompense la fosse commune : on rentabilise le lait de vaches et de chèvres, le foie d’oies et de canards, la laine de moutons qui auront pour reconnaissance un aller simple pour l’abattoir.

« Mais au moins l’homme est épargné, c’est bien là l’essentiel. » Bien sûr. Ne sont-ils pas aussi nombreux qu’aujourd’hui à dormir dans la rue ? À ne pas avoir les moyens de subvenir eux-mêmes à leur besoin élémentaire de se nourrir ? À ne pouvoir assurer à leurs enfants la possibilité de se rendre à l’école suffisamment longtemps pour en sortir avec un minimum de diplômes qui leur permettra à leur tour d’avoir une vie décente ? Et combien d’entre eux, ayant acquis hier un toit, un lopin de terre, se voient expulsés pour l’avoir fait là où une autoroute, un aéroport, une ligne ferroviaire, un parking géant, doivent aujourd’hui voir le jour ?

Il n’est aucunement présomptueux d’affirmer que nous, que vous, défenseurs des animaux, des terres cultivables, de la flore, du droit au logement, du respect de l’homme, combattants de la chasse, des expulsions, de la corrida, des projets d’asphaltage, des élevages concentrationnaires, de l’homophobie, sommes les Résistants de ce 21ème siècle.

Bien sûr, il ne s’agit à aucun moment d’utiliser la violence contre ceux qui procréent leurs barbaries, leurs plaisirs sadiques, leurs projets destructeurs et irrespectueux. Bien sûr que le risque pour sa propre vie n’est pas comparable à celui qu’ont connu ces héros combattants de la maltraitance de l’homme par l’homme lors des siècles passés.

Mais la finalité de nos batailles est la même : obtenir l’application sans délai ni exception de ce principe de base qu’est le respect du Vivant.

Si tous les combats menés jusqu’ici méritent la plus grande admiration, chacun d’entre eux, comme le passé nous l’a si bien enseigné, ne se verra couronné de succès que lorsque nos forces seront unies, quels que soient nos domaines de prédilection. Car si ces derniers peuvent sembler nous éloigner, il est une chose qui nous rapproche irrémédiablement : l’ennemi commun qui empêche nos victoires.

Cet ennemi porte un nom : le marché. Ce marché qui constamment doit dégager des bénéfices, abreuver les actionnaires de dividendes, rassurer les agences de notation. Et pour cela, il exploite le Vivant. L’homme, l’animal et l’arbre sont des marchandises, des matières premières, des outils de travail que l’on va exploiter, rentabiliser et se débarrasser lorsqu’ils ne présenteront plus aucun intérêt en raison de leur âge avancé, de leur perte de productivité, de leur valeur marchande amenuisée.

Et dans cette démarche, ils peuvent compter sur un allié de poids : le monde politique. « Nous subissons la loi de l’économie et ne pouvons rien faire ou très peu » disent-ils lorsqu’ils sont confrontés à des délocalisations et aux vagues de licenciements attenantes. Non, ils ne sont pas impuissants : ils sont complices.

Complices de par l’argent public détourné sous forme de subventions pour alimenter la machine à business. Complices de par les lois taillées sur mesure pour assurer le rendement des investissements réalisés trop souvent à la faveur des spéculateurs et au détriment du Vivant.

Combien d’hommes, de femmes et d’enfants à qui l’on éviterait de dormir dans la rue, de mourir de froid, de vivre quotidiennement avec la sensation de faim, de sortir du système scolaire condamnés car illettrés ? Combien d’animaux à qui l’on aurait épargné toutes ces souffrances pour le plaisir pervers récréatif de quelques-uns, pour l’enrichissement de fournisseurs de laboratoires tortionnaires et incompétents ou d’éleveurs avides de subventions pour camps de concentration ?

Oui, combien de ces représentants du Vivant auraient été épargnés si on leur avait consacré les centaines de milliards d’euros qui ont été utilisés ou qui vont l’être pour subventionner des médicaments inefficaces et dangereux, une bombe nucléaire à retardement que l’on préfère nommer EPR, des spectacles barbares de mise à mort de taureaux, un aéroport aussi ruineux qu’inutile, des élevages monstrueux pour alimenter les abattoirs et les stands de tir des chasseurs ?

Tout aussi puissant que peut être financièrement un lobby, il est une chose qu’il n’achètera jamais : cet amour du Vivant que nous partageons.

Alors il est plus que temps de lancer cette offensive que certains redoutent, abhorrent, mais qui est nécessaire à notre victoire finale : aller défier ce monde politique soumis et acheté sur son propre terrain.

Le jour où un parti politique aura compris que le respect du Vivant est la base de tout et qu’il le clamera haut et fort, toutes ces horreurs tomberont les unes après les autres.

Puisqu’il n’existe pas, puisque la prise de conscience de l’un des partis du paysage politique actuel est impossible, à nous de le créer.

Nous avons déjà démontré cette unité dans la rue. Désormais il faut la concrétiser dans les urnes, seule menace prise au sérieux par les rentiers du Parlement et du Gouvernement français.

Et alors nous verrons si Manuel Valls continue de narguer, à travers les médias, les abolitionnistes de la corrida. Si Claude Bartolone est toujours aussi hilare lorsque, visitant un abattoir rituel, un militant l’interpelle sur la souffrance des animaux. Si François Hollande continue d’enfumer son monde avec un pseudo bien-être des animaux sur le marché de Rungis.

La balle est dans notre camp.

DJ.


Commentaires  
# Patrick Zbinden 08-01-2013 21:08
Ne soyons pas dupes, en 1945 la peste a vaincu le choléra, il ne s'agit en aucun cas de la victoire du Bien sur le Mal comme on veut nous le faire croire.
Ce sont toujours les vainqueurs qui écrivent l'Histoire.

Le monde depuis 1945 n'est certainement pas meilleur, au contraire tout s'est aggravé.
On voit où nous conduit la déification de l'humanité, l'anthropocentrisme plus arrogant que jamais nous conduit à notre perte.
Surpopulation, destruction des écosystèmes, déséquilibres irreversibles, notre espèce prolifère telles des cellules cancéreuses anéantissant l'organisme qui les abrite.

Pour sauver ce qui peut encore l'être il faudrait beaucoup de lucidité, ne plus voir le monde avec des oeillères, bref rejeter toute vision anthropocentrique de l'univers.
Ceci implique de s'émanciper des valeurs véhiculées par la société, qui sous couvert d'humanisme sont en réalité profondément mortifères.
Et la démocratie n'est qu'une vaste imposture, d'une part de la médiocrité des masses ne peut sortir la solution aux immenses problèmes qui nous attendent, d'autre part les citoyens qui croient être libres sont en fait formatés par la pensée unique, les médias imposent dans les esprits ce que l'on appelle le politiquement correct.
Tout le reste est ostracisé, voire diabolisé, traité au mieux d'extrémisme.
Pour les conformistes tout ce qui diverge un tant soit peu de l'idéologie dominante est extrémiste.

Et quoi que l'on puisse penser du choix politique d'une philosophe comme Savitri Devi, reconnaissons qu'elle a écrit le plus beau texte qu'on puisse trouver contre l'expérimentation animale:
http://www.library.flawlesslogic.com/connaissance_fr.htm
et aussi une analyse lucide des religions anthropocentrées:
http://www.library.flawlesslogic.com/imp_fr.htm
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