L’exception politique française

23/10/2011

Après la désignation de François Hollande comme challenger du PS la semaine dernière, nous pouvons estimer que les identités des candidats qui participeront à la prochaine présidentielle sont, sauf ajout de dernière minute, connues.

Analysons les positions des partis pour tenter d’y trouver ne serait-ce qu’un semblant d’intérêt à ce qui nous tient le plus à cœur, nous, biocentristes : la défense du vivant, de tout le vivant.

Concernant tout ce qui est à droite et au-delà, l’analyse est vite faite.

Pour ce qui est du FN, résumons simplement sa position en une image : celle de sa candidate en tête de cortège lors de la manifestation des chasseurs à Valenciennes en 2009, manifestation pour le droit de mort ayant occasionné plusieurs blessures et des dommages matériels évalués à plusieurs centaines de milliers d’euros.

A droite, conscients du niveau catastrophique du dernier quinquennat dans tous les domaines, on a décidé de faire campagne non pas sur les qualités de son camp mais sur les défauts du camp adverse, avec pour cela Jean-François Copé et Nadine Morano dans le rôle de Shirley et Dino.

Et côté écologie, il n’y a qu’à citer les noms des occupants du Ministère des loisirs de mort et des pesticides de ces dernières années pour se faire une idée : Bachelot, Borloo, Kosciusko-Morizet.

Des noms définitivement synonymes d’incompétence, d’irrespect de la loi (surtout du droit européen) et de disparitions programmées de nombreuses espèces (ours, loups, tétras, blaireaux, martres, belettes, putois…).

A gauche, nous avons eu droit à une primaire socialiste. Après le premier tour, les quatre battus se sont empressés de se rallier au candidat en tête, histoire d’assurer l’obtention de leur futur maroquin. Et c’est ce qui se passera .Après tout, il faudra bien quelqu’un à la tête de chaque ministère. Si ce n’est que parmi eux, trois (Royal, Valls, Baylet) se revendiquent fièrement aficionados, et que le quatrième (Montebourg) avoue n’avoir aucune empathie envers les animaux et que les seuls droits défendables sont ceux des hommes.

Un peu plus à gauche, Jean-Luc Mélenchon prône « l’humain d’abord », entendez l’humain avant le sacro-saint capitalisme ravageur. Qui ne pourrait être d’accord avec cela aujourd’hui, au regard de la situation financière de certains pays, ainsi que du drame social qui se joue chez nous où le nombre de sans logis a littéralement explosé en deux ans ? Malheureusement, il faut reconnaître également que pour l’instant « l’humain d’abord » est aussi, sauf surprise, « l’humain seulement ».

Du côté des candidatures à tradition écologiste, citons succinctement Eva Joly, la désormais effigie de la respectabilité de la chasse à courre et de la corrida, et l’invitée de dernière minute, Corinne Lepage, dont le programme ne contient à aucun moment le mot « biodiversité ».

Nous voyons donc bien que nous ne pouvons avoir l’infime espoir que l’un ou l’autre des candidats prenne en compte une once de nos principes et revendications. Et soyons certains qu’il en sera de même en 2017 et après.

Dès lors, pourquoi en France n’existe-t-il aucune personnalité politique capable d’englober dans son programme le principe de respect, d’empathie, de bien-être légitime pour l’ensemble du vivant ?

Différentes raisons selon les individus.

Parfois la peur de se décrédibiliser politiquement et intellectuellement en revendiquant des droits à des espèces non-humaines. Qu’ils mesurent alors la crédibilité et la reconnaissance dont bénéficie encore aujourd’hui Mohandas Gandhi pour qui le degré de civilisation d’une nation se mesure à la manière dont ladite nation traite ses animaux. Qu’ils se demandent si les œuvres littéraires gargantuesques de Victor Hugo et d’Emile Zola, dénonçant la scandaleuse situation sociale de leur époque, perdent leur légitimité de par leur coexistence avec des positions d’empathie de ces auteurs envers la faune.

Peut-être aussi la crainte, dans ce contexte économique plus que délicat, de passer pour un irresponsable en octroyant des moyens financiers à l’amélioration du bien-être d’entités non humaines. Notre regretté Théodore Monod disait si bien que « les animaux ne demandent pas qu’on les aime mais qu’on leur foute la paix ».

A ceux-là nous conseillerons de commencer simplement par interdire les loisirs de ce pays débouchant sur la torture et la mise à mort d’animaux : chasse, corridas, combats de coqs. Une simple modification d’article de loi qui non seulement ne coûte rien mais qui, en plus, ferait gagner de l’argent à notre pays :

- économie des dizaines de millions d’euros de subventions étatiques et territoriales annuelles à destination d’activités ultra-déficitaires ;

- disparition des amendes payées par l’Etat français à l’Union européenne pour non-respect des directives sur la biodiversité ;

- fin des exonérations fiscales octroyées à ces pratiques barbares (comme, par exemple, l’exemption de taxe foncière sur les huttes chèrement louées) ;

- développement du tourisme vert d’observation de la nature, désormais débarrassée de ses potentielles sources d’homicides.

Malheureusement, une dernière frange de la classe politique refuse tout progrès envers le vivant non-humain car ce serait alors reconnaître l’universalité du vivant tout court, autrement dit l’acceptation d’en être partie intégrante et non l’exception dominant la masse, un concept à cent mille lieues du formatage de l’ENA et autres fournisseurs officiels de politiciens et politiciennes, qui trop occupés à s’admirer le nombril ne voient à aucun moment l’évolution des attentes des citoyens et des principes fondateurs d’une civilisation digne de ce nom.

Il est plus que temps que nous, biocentristes, entrions dans la danse et acceptions le combat politique pour changer la donne, donner la parole aux sans-voix , et surtout agrandir le champ de vision de la classe politique actuelle à un périmètre plus large pour ce qui est du droit au bien-être, droit fondamental qui, acquis par tous et respecté par tous, ne peut que déboucher sur un progrès humain et non-humain sans précédent.

David Joly
Vice-Président CVN

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