Les latences de la « gauche »

03/09/11

Alors que se sont tenues ou se tiennent actuellement les fameuses universités des partis politiques français où ces derniers concentrent leurs militants autour de leurs plus grandes huiles afin de phosphorer sur les grands sujets de notre société et de son avenir proche, celle du Parti socialiste a été une nouvelle fois l’occasion pour nombre de nos amis d’interpeler les candidats à la future primaire quant à leur position et leur projet vis-à-vis de la condition et de l’éthique animales.

Vétérinaires, psychologues, journalistes, simples citoyens, ont tour à tour tenté de sonder l’un ou l’autre candidat, avec toujours le même résultat : le silence radio le plus total.

Cette démarche ne fut pas suivie (ou très peu) lors de l’université d’été d’Europe Ecologie – Les Verts qui précéda celle du PS, puisque la candidate Eva Joly avait d’ores et déjà clarifié la situation quelques semaines auparavant en s’érigeant défenderesse de la chasse à courre et de la corrida.

Elle ne sera pas mis en œuvre non plus lors de l’université d’été de l’UMP qui se déroule en ce moment puisqu’il est on ne peut plus clair que le principe fondateur de ce parti est la spéculation et l’enrichissement par la destruction du vivant, qu’il s’agisse de torturer des animaux dans des systèmes d’élevage et d’abattage ou dans leur milieu naturel, ou d’exploiter les hommes sur les chaînes de production.

Pourquoi une telle attente vis-à-vis de personnalités politiques du Parti socialiste ?

Tout simplement parce qu’elles se revendiquent comme dignes représentants des valeurs et du peuple de gauche.

Des valeurs et un peuple qui, à la fin du 19ème siècle, avaient des décennies d’avance lorsque la Revue socialiste reconnaissait en 1887 que la loi Grammont était bien insuffisante en terme de protection animale et que tout était à construire dans ce domaine. Où l’on avait conscience que la recherche de l’amélioration des conditions de vie des animaux n’était pas incompatible avec celle des hommes mais au contraire s’inscrivait dans un ensemble logique et unitaire de civilisation. Dans cet esprit d’ouverture on voyait ainsi un grand homme à la fois dénoncer dans son œuvre littéraire l’exploitation des faibles par les puissants, prendre la défense du capitaine Dreyfus et dire de la corrida qu’elle n’est « ni un art, ni une culture, mais une victime désignée, et des badauds qui regardent ».

Un siècle plus tard, nous ne pouvons malheureusement que constater le retard accumulé sans vergogne aucune.

Tandis que l’Inde interdit la chasse, chaque année la liste des espèces chassées s’allonge chez nous.

Alors que l’Allemagne interdit la vénerie depuis 1950, la Belgique depuis 1995, l’Ecosse depuis 2002 et l’Angleterre depuis 2005, la France crée une loi pour sanctionner financièrement les personnes venant perturber les tueries pratiquées par les ersatz d’aristocrates.

De nombreux pays (Danemark, Brésil, Royaume-Uni, Bolivie…) interdisent les animaux dans les cirques car considérant que leurs conditions de détention relèvent d’ores et déjà de la maltraitance. Chez nous, planter des harpons et des épées dans le dos d’un taureau est un geste « culturel ».

Qu’est-ce qui empêche donc ces représentants déclarés des valeurs de solidarité, de fraternité, de compassion, de vouloir mettre fin à tout cela sur notre territoire ?

La complexité de la démarche ? Rien de plus facile : supprimez l’alinéa 7 de l’article 521-1 du Code pénal et ajoutez les animaux sauvages libres à ceux déjà protégés. La chasse et la corrida rejoignent alors les ignominies qui constituent les pages sombres de l’histoire de notre pays.

La peur de la sanction électorale ? Un million de voix de chasseurs à perdre certes, mais deux millions de voix de végétariens, végétaliens et vegans acquises. 100 000 aficionados qui voteront pour le camp d’en face, mais 500 000 opposants à la corrida qui rallieront la voie de la sagesse empruntée.

Peut-être une indifférence vis-à-vis du sujet ? Alors chaque postulant est aussi digne de représenter le peuple de gauche que celui qui il n’y a pas si longtemps était désigné comme favori tout en étant à la tête d’une institution mondiale où, moyennant une rémunération annuelle de 500 000 dollars nets d’impôt, avait pour mission d’affamer encore plus le Tiers Monde et de détruire encore plus vite les outils de solidarité des pays en difficulté (moins d’éducation, moins d’hôpitaux…) dans le cadre du sacro-saint plan d’austérité.

Ce n’est pas Manuel Valls qui nous contredira, lui qui affiche désormais une motivation et une combativité tenaces et exemplaires tant dans le domaine de la défense de la corrida que dans celui de la lutte contre les immigrés fuyant leurs dictatures.

Oui, la vraie idéologie de gauche existe encore.

Apparaît simplement une carence de représentation fidèle et intégrale dans le paysage politique français actuel.

Puisse celle-ci surgir rapidement, d’où que ce soit.

David Joly
Vice-Président CVN

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