L’arracheur de dents de l’Elysée

En cette période où il est de bon ton de parler quotidiennement de la crise économique, penchons-nous sur la dernière intervention du chef de l’Etat dont le but était d’exposer les mesures qui vont être mises en œuvre pour lutter contre ladite crise (et où il a pu par la même occasion mettre à nouveau en valeur sa haute maîtrise de la langue française).

Parmi les décisions prises, deux ont retenu principalement mon attention. Deux mesures synonymes d’impôt supplémentaire.

La première est bien sûr la prochaine augmentation du taux de TVA qui passera de 19,6 % à 21,2 %.

Dans un grand élan d’empathie, Nicolas Sarkozy a donc décidé d’augmenter l’impôt qualifié comme le plus injuste d’entre tous. Pourquoi donc ? Tout simplement parce que tout achat se voit taxer exactement de la même façon, qu’il soit réalisé par le smicard lambda atteignant difficilement les 1 000 euros nets en fin de mois ou par le locataire de l’Elysée et ses 20 000 euros mensuels (je sais, certains vont me dire que ce dernier est nourri, logé, blanchi aux frais du contribuable et qu’il ne dépense pas un euro de tout son mandat, ce qui souligne d'autant plus le courage de la décision prise).

La deuxième mesure est l’augmentation de la CSG sur les revenus financiers. Sur ce sujet, le chef de l’Etat s’est empressé d’affirmer que les revenus du travail n’étaient pas concernés : « aucun salarié ne paiera un centime de plus de CSG ».

Ce qui me permet d’affirmer haut et fort que Nicolas Sarkozy est un menteur.

Penchons-nous un instant sur l’application de cet impôt dans le domaine de la paye (mes excuses pour les réfractaires aux chiffres) : la CSG/CRDS représente 8 % d’une base regroupant le salaire brut de tout employé auquel vient s’ajouter la participation patronale éventuelle à un régime de prévoyance et/ou de mutuelle.

Cette base bénéficiait jusqu’au 31 décembre 2011 d’un abattement de 3 %.

Or, une circulaire interministérielle gardée bien secrète a décidé de voir à la baisse cet abattement : depuis le 1er janvier 2012, il n’est plus que de 1,75 % pour la partie concernant le salaire brut et disparaît totalement pour le reste.

Les salariés n’ayant pas bénéficié d’augmentation en ce début d’année (et ils seront nombreux) constateront donc une baisse de leur salaire net de quelques dizaines de centimes à quelques euros.

Somme correspondant donc à un supplément de CSG/CRDS, soit l’exact contraire ce qu’a avancé Nicolas Sarkozy.

Que vont devenir ces rentrées fiscales supplémentaires ? Elles vont financer un grand plan de lutte contre la précarité et le mal-logement ? Elles vont permettre d’ouvrir des centres d’hébergement pour SDF confrontés à la nouvelle vague de froid hivernale ? Elles ont pour but d’acquérir des territoires encore à l’état naturel et de les classer en zones protégées pour la faune sauvage ?

Dans ce cas je revendique à pleins poumons le doublement de cet impôt !

Malheureusement la réalité est bien plus morne.

D’une part, elles vont être consacrées à la mise en place d’une nouvelle exonération de charges sociales pour le patronat, qui fait suite à la fameuse réduction Fillon de 2003 qui réduit déjà jusqu’à 60 % les charges patronales et qui encourage les bas salaires puisque cette réduction est d’autant plus élevée que le salarié concerné est proche du Smic.

Cette nouvelle exonération va permettre, paraît-il, de concurrencer les pays émergents puisque le coût de la main d’œuvre est la principale composante du prix des produits. Avant l’employé chinois coûtait 30 fois moins cher que son comparse français. Désormais, le rapport ne sera plus que de 25. C’est certain, tout le monde va se ruer sur les produits « Made in France » !

D’autre part, elles vont déboucher sur de nouveaux cadeaux fiscaux aux ennemis de la nature. En effet, moins de vingt-quatre heures après l’annonce de cette cure d’austérité pour tous les travailleurs, Nicolas Sarkozy redistribuait déjà une bonne partie de cette manne financière à ses amis les chasseurs. Comme pour tous les abonnés du Fouquet’s Club, désormais le mot impôt est définitivement rayé du vocabulaire cynégétique : exonération des chasses commerciales, exonérations des terrains destinés à la chasse.

Un énième déni de démocratie devenu la marque de fabrique de l’UMP-CPNT qui met en lumière ce principe tant et tant énoncé par tous les philosophes ayant marqué l’histoire des idées de notre Humanité et qui constitue le fondement du biocentrisme : le respect de la vie et du bien-être d’autrui est universel ou n’est pas.

Nicolas Sarkozy nous montre clairement que lorsque l’on vénère l’exploitation et la souffrance de l’animal, de facto on prend son pied à maltraiter et à faire souffrir ses semblables.

David Joly
Vice-Président CVN

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