Bilan d’apocalypse quinquennale

L’écologie est la grande absente de la campagne présidentielle 2012. C’est France Nature Environnement qui nous le dit et pour remédier à cela, elle a décidé de convier à la tribune sept candidats déclarés afin qu’ils exposent clairement les actions qu’ils mettront en œuvre en cas de succès.

Après le passage de chacun d’entre eux, corrigeons la crainte de France Nature Environnement : l’écologie ne sera pas absente de la campagne présidentielle. Par contre l’une de ses composantes, la protection de la biodiversité, est vouée aux oubliettes.

Hormis les quelques mots de François Bayrou sur l’importance de la bonne santé du monde des abeilles nécessaire à la survie de la flore (donc de la nôtre), chaque candidat s’est cantonné au désormais traditionnel raccourci écologie = résolution du problème du nucléaire.

 


Problème immense à résoudre, certes, mais aussi sujet qui permet aux candidats d’occulter l’état de notre faune, notre flore, nos milieux naturels, dévastés par les politiques multidécennales d’asphaltage, d’agriculture intensive basée sur l’élevage concentrationnaire et l’empoisonnement à coups de pesticides, de pêche industrielle dévastant les fonds marins, de pollution de la terre et des nappes phréatiques par les milliers de tonnes de plomb déversés chaque année par les carabines du monde cynégétique….

Sept candidats qui sont donc venus pour être polis, pour ne pas trop s’engager, pour surtout se marquer à la culotte.

Sept seulement ? Pourtant, plus de sept individus se sont porté candidats à ce jour.

Et si France Nature Environnement veut mettre l’écologie au cœur de la présidentielle, pourquoi ne pas avoir invité Jean-Marc Governatori (Alliance Ecologiste Indépendante) dont le programme fait plus que la part belle à l’écologie ? Pourquoi ne pas avoir invité Nathalie Arthaud (Lutte Ouvrière) qui a dit clairement son opposition à la corrida, donc engagée sur le terrain de l’éthique animale, autre composante de l’écologie, n’en déplaise à certains.

Leur très faible chance d’obtenir les 500 signatures qui leur permettront de se présenter sur la ligne de départ ? Une chance très faible en effet, mais pas moins que celle d’Hervé Morin ou de Corinne Lepage, qui eux étaient conviés.

Desiderata de la candidate d’Europe Ecologie – Les Verts qui se serait alors trouvée plus qu’en porte à faux face à des prétendants dont les convictions en matière du respect du Vivant auraient mis en lumière le peu d’intérêt qu’elle porte au Vivant non-humain ?

Mystère…

Autre absence de marque : le Président actuel.

Absence logique puisque l’on appelait à s’exprimer uniquement des candidats et que Nicolas Sarkozy n’est pas encore officiellement candidat à sa succession, même si depuis plusieurs mois il arpente la France aux frais du contribuable pour draguer son traditionnel électorat : chasseurs, agriculteurs, patronat.

Mais il aurait été de toute façon inutile de le convier.

D’une part, parce qu’il n’aurait pas eu le temps : en effet, il s’apprête à s’adresser aux Français pour tenter de les persuader que durant les trois mois qu’il reste avant le déclenchement de son siège éjectable, il va se préoccuper de la situation sociale de chacun d’entre eux, autrement dit réaliser le parfait contraire de ce qu’il fait depuis quatre ans et neuf mois.

D’autre part, en sa qualité de candidat sortant, il n’y a qu’à se pencher sur son investissement écologique de son quinquennat bientôt bouclé : exonérations fiscales pour des activités lucratives se rattachant à la pratique de la mort-loisir, consécration culturelle de la mort-spectacle, prolongation de la durée de vie des poubelles nucléaires fissurées, délit d’entrave de la chasse, éradication par l’entremise de ses valets-préfets des loups, lynx, blaireaux, renards, ours, tétras, bernaches, oiseaux migrateurs, augmentation du seuil des nitrates autorisé pour permettre la tradition des algues vertes de Bretagne…

Liste non exhaustive et non définitive puisqu’après s’être adressé aux Français dimanche soir, il déroulera le tapis rouge de l’Elysée au monde de la chasse vingt-quatre heures plus tard pour une nouvelle séance de calinothérapie de laquelle les adeptes de la mort-loisir ressortiront avec l’autorisation de chasser partout sans jamais devoir respecter le droit de propriété privée et la liberté d’opinion, surtout celle d’être contre la mise à mort d’animaux à titre récréatif et de ne pas l’autoriser sur son propre terrain.

Car, comme l’a déclaré ce cher Président : "Il y a des décisions récentes qui ont été prises par le Conseil d'Etat qui sont vécues par une partie de nos compatriotes comme vraiment un souci non pas de résoudre un problème, mais de les empêcher de profiter de ce qu'on pourrait appeler un petit bonheur".

Il a raison. Qu’est-ce donc que ce pays privant certains de ses citoyens de ce petit bonheur de pouvoir abattre un ramasseur de champignons, de loger une balle dans la tempe d’un gamin de douze ans, d’étriper à la dague un cerf dans le salon de la famille où ledit cerf s’est réfugié, de piétiner une nichée de renardeaux découverte à l’occasion d’une partie de vénerie sous terre entre copains ?

Voter pour Hollande, Mélenchon, Joly, Bayrou, Poutou, Morin, Villepin… ne sera certainement pas synonyme de bien-être pour la faune et la flore de nos contrées.

Mais une chose est certaine : laisser notre pays entre les mains de celui qui est fier d’avoir plongé la biodiversité dans un coma profond, c’est la certitude de le voir débrancher le respirateur artificiel.

David Joly
Vice-Président CVN

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