Lettre ouverte aux militants du vivant


                

     


Par Armand Farrachi et Gérard Charollois

Co-fondateurs de la Convention Vie et Nature


 

 

 

L’Histoire, dit-on, ne se répète pas, mais il y a des situations qui se ressemblent.
Par exemple, de même que les communistes, dans les années 30, ont renoncé à leur projet, sur ordre de STALINE, pour adhérer à la social démocratie, au point de contribuer à faire échouer toutes les tentatives révolutionnaires (comme en Espagne, ou durant le Front populaire, en Amérique du Sud, en Mai 68, etc.), aujourd’hui, ceux qui se réclament de l’écologie politique ont tout à fait oublié que leur nom et leur vocation les vouaient à parler d’abord pour la nature, c’est-à-dire pour les arbres, les rivières, les animaux, la qualité de l’air, l’équilibre des milieux. On a même vu récemment quelques
prétendus écologistes voler au secours de la chasse à courre ou prôner l’extermination du loup, préférer les intérêts des lobbies à ceux des écosystèmes, ceux des pêcheurs à l’état des océans.
Ces noms, ces drapeaux, ces causes, ont été vidés de leur sens par ceux-là mêmes qui prétendaient les défendre, et parfois retournés contre ceux qui luttaient. Sur le terrain, il n’est pas rare que les protecteurs de la nature doivent affronter des élus « Verts » surtout soucieux de flatter des corporations ou des électeurs. Certains porte-paroles des «écologistes » d’Europe Ecologie Les Verts, (pas tous),
de Génération écologie ou de tant d'autres petits partis sont, pour le dire nettement, des usurpateurs, parce que des anthropocentristes.

Ils portent un nom dont ils ne connaissent plus le sens et contribuent ainsi à décrédibiliser l’écologie, ce qui les rend directement responsables de la situation consternante où se trouve aujourd’hui la cause de la nature et du vivant. Le discours politique et électoral officiel a d’ailleurs complètement évacué la nature, au profit des concepts à la fois vides et bien-pensants : « environnement », « transition énergétique », «biodiversité », « stocks halieutiques », avec des « Grenelle » et des « COP21 » qui ne sont que de la poudre aux yeux.
Il est donc urgent qu’une voix nouvelle s’élève pour défendre les revendications de la nature et de l’éthique, c’est-à-dire ce qui n’appartient à personne, et de façon complètement désintéressée : non à la chasse-loisir, à la torture tauromachique, aux violences du foie gras, de l'élevage intensif, à « l’aménagement » compulsif du territoire, à l’agriculture chimique, à l’artificialisation du monde, à la dictature de la finance et des lobbies. Oui, aux ours, aux loups, aux papillons, aux fleuves libres, aux forêts naturelles (et non aux plantations d’arbres de l’ONF), à de véritables parcs naturels, à la démocratie directe, à la préservation de l’air, de l’eau ou de la terre, nos vraies richesses. La cause de la nature, qui est la cause de la vie, la condition même de notre avenir sur cette planète, doit à présent être portée par des militants qui la connaissent et qui l’aiment, sincères, courageux, sans intérêt privé, sans ambition personnelle, sans goût du pouvoir, étrangers à la classe des politiciens professionnels, qui ont eux aussi perverti et dénaturé le système républicain.
L’écologie est pourtant la seule idée neuve du XXème siècle, la seule qui n’ait pas de sang sur les mains. Elle oblige à repenser fondamentalement non seulement l’économie, la politique, le travail et le reste, mais aussi nos modes de vie, nos gestes quotidiens, nos rapports avec les autres, tous les autres, notre morale même, dans la mesure où il s’agit de partager la planète avec ceux qui la peuplent et non de tout dominer pour finalement tout détruire. L’idée de la république, du socialisme ont eu leur rôle historique, et leur sclérose. L’âge de l’écologie est venu, le temps d’une véritable révolution écologiste.
La retraite, la dette publique, le trou de la sécurité sociale, les règles du travail sont certes des sujets essentiels que personne ne peut esquiver, y compris les écologistes. Mais lorsque l’air sera devenu irrespirable, l’eau imbuvable, la nourriture immangeable, que la santé de tous sera compromise par les polluants, quand la préservation même de l’humanité sera concrètement en cause, catastrophes d’ailleurs en cours, l’âge de la retraite et les « primaires » paraîtront des sujets bien secondaires. Notre navire coule et l’on ne discute que de la couleur des rambardes !
La question de la nature est la question capitale. Qui prétend l’éluder se disqualifie aussitôt, montre qu’il continue d’habiter un monde qui n’existe plus, avec des problématiques du XIXe siècle. René Dumont expliquait déjà cela en 1974. Aujourd’hui encore, en 2016, il faut donc le répéter, car non seulement les choses ne se sont pas arrangées en un demi siècle mais elles se sont aggravées.
Pourtant, il n’existe aucune cause qui se confonde autant à l’intérêt général, au sens le plus large, car la nature est notre lot commun, à tous.
Sans elle, rien n’est possible, pour personne, et en premier lieu pour les plus fragiles.
Les « animalistes », les « zadistes », les « désobéissants », les militants de la nature, sont très peu représentés à l’Assemblée nationale, à l’exception de Laurence ABEILLE et deux ou trois autres députés, ou au Sénat où ne sont, à vrai dire, représentés que les lobbies fossilisés, malfaisants, irresponsables.
La première ambition d’un candidat vraiment écologiste ne serait pas de devenir un président de la Vème république, pour occuper d’une vaine présence un palais national, mais de faire entendre la voix du vivant et changer concrètement les choses.
Compte tenu de la médiocrité de « l’offre politique », ce ne serait pas un bien grand risque que d’exprimer haut et fort cet espoir et cette colère, de crier aussi haut et aussi fort que possible notre rejet des ennemis de la Terre.
Les citoyens attendent un sursaut civique, une parole vraie et des avancées effectives.
Gérard CHAROLLOIS s’engage solennellement à ne passer aucun accord politique sans que dans les six mois d’une législature des mesures d’abolition soient prises contre la torture tauromachique et la chasse.
Il s’engage pour une autre économie politique, contre le libéralisme économique qui détruit les sites, pollue, exploite et avilit l’homme en faisant de la cupidité, de la compétition, de l’accaparement des vertus alors que ce sont des tares et des vices.
Il s’engage à constituer une Force Pour le Vivant qui défendra l’arbre, l’animal et l’homme.

Armand FARRACHI, Gérard CHAROLLOIS

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