Charlie, la seule voix du vivant

 

 


Par David Joly - Vice Président de la Convention Vie et Nature


Bon, pour le coup, je ne vais pas trop me casser la tête, puisque je vais me livrer à un plagiat intégral.
En fait, ce ne sera pas vraiment un plagiat car par la même occasion, je vous livre le nom du talentueux auteur de l’article d’origine : Fabrice Nicolino.
Cet article, il se trouvait dans le numéro de Charlie hebdo de la semaine dernière et avait pour thème la grogne des tortionnaires… pardon, je voulais dire des éleveurs, qui, comme de coutume, ont organisé des manifestations non déclarées un peu partout, générant au passage des dégradations matérielles chiffrées à plusieurs millions d’euros (788 000 € pour le seul Finistère) et s’adonnant à leur pratique favorite dans ce genre de situation : la maltraitance de leurs animaux en public.

Un comportement qui restera, comme de coutume française, totalement impuni. Mieux même : en deux temps trois mouvements, Hollande, son premier sinistre et son bouffon installé au ministère de l’Agriculture pour servir la soupe à la FNSEA signeront un chèque de 600 millions d’euros.Bon, je m’arrête là, je laisse la parole à Fabrice Nicolino qui explique tout cela bien mieux que moi dans son article intitulé « Veaux, vaches, cochons et tueurs » :

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Les éleveurs de bidoche refusent de nommer le vrai responsable de cette énième crise. Car il s’agit de leur système : l’industrialisation de l’élevage et la mondialisation ont conduit droit au chaos. Et les vraies grandes victimes sont les bêtes. Avant ceux qui les mènent à l’abattoir.

On a déjà vu la scène, mais cette fois c’est la grosse peignée. L’éleveur de charolais étripe le vigile d’Auchan avant d’étrangler le vétérinaire de l’abattoir. Ce que voyant, le charmant porcher industriel attaque à la grenade la sous-préfecture et chourave 28 tonnes d’hormones de croissance pour doper sa production. Sûr qu’il faudrait faire quelque chose pour ces ploucs qui triment au cul de leurs bêtes robotisées. Mais quoi ? Commençons par dire la vérité.

Premier point : ce système délirant est le leur. Celui de Le Foll et Hollande, celui de la FNSEA, ce syndicat qui assassine ses membres depuis soixante-dix ans, celui des éleveurs eux-mêmes. Au jeu de piste appelé mondialisation, il y aura toujours plus de perdants que de gagnants. On sait ainsi les causes vraies de la crise perpétuelle du cochon : dès qu’un marché nouveau apparaît, les porchers s’empressent de produire à tout-va de la merde rose. Tel a été le cas avec la Russie, la Chine et même l’Union européenne après le grand désastre de la peste porcine aux Pays-Bas, en 1997. Et puis tout se referme pour la raison que Chinois, Russes ou Bataves ne sont pas manchots. Au bout de quelques années, ils produisent sur place ou consomment moins de charcutaille française.

Deuxième point : cette grandiose folie a une histoire, qui s’appelle industrialisation. Imaginée dès l’après-guerre dans les laboratoires de l’INRA (Institut national de la recherche agronomique) par des zootechniciens fous d’Amérique, elle est réellement lancée sous de Gaulle, après 1958. En février 1965, visitant le grand Ouest, le ministre de l’Agriculture gaulliste Edgard Pisani lâche : « La Bretagne doit devenir un immense atelier de production de lait et de viande. » Le triomphe sera total. L’animal devient une chose, soumise à sélection génétique, insémination artificielle, alimentation industrielle, abattage quasi automatisé. Le maïs fourrage s’étend, des ports comme Lorient se spécialisent peu à peu dans l’importation massive de soja. Un soja destiné aux animaux, qui ne tardera pas à être transgénique.

Troisième point : il était imparablement logique, dans ces conditions, d’en arriver à des « fermes » de 1 000 vaches, en attendant 10 000. Rappelons que, dans la Somme, près d’Abbeville, un industriel du BTP – Michel Ramery – a décidé de construire une usine à lait où les vaches sont parquées en attendant la lame du coutelas. Le plaisant de l’affaire, c’est que les éleveurs locaux, frères jumeaux de ceux qui hurlent aujourd’hui, n’ont strictement rien branlé. Pendant que la Confédération paysanne prenait tous les risques sur le terrain, démontant une partie des bâtiments, la FNSEA gardait le silence. On ne dira jamais assez de mal de ce « syndicat » qui cogère les dossiers agricoles depuis soixante-dix ans. S’il ne devait y avoir qu’un responsable du merdier en cours, ce serait elle. Mais Hollande, qui croit pouvoir s’en servir, adore le monstre.

Quatrième point : la consommation de bidoche baisse inexorablement. Entre 1960 et 1980, elle a nettement augmenté dans un pays qui découvrait les Trente Glorieuses et l’hyperconsommation. Et puis moins jusqu’en 1992. Depuis cette date, c’est la cata. On boulotte environ 89 kg de viande par an et par habitant, contre 100 kg il y a vingt-cinq ans. Bien que les explications soient complexes, il faudrait être niais pour oublier le veau aux hormones, la vache folle, le poulet à la dioxine ou la grippe porcine. Cela tombe bien, car le modèle est condamné. D’abord, parce qu’il occupe des surfaces géantes au détriment des céréales, seules capables de nourrir 10 milliards d’humains. Ensuite, parce que l’élevage est responsable de près de 20 % des émissions de gaz à effet de serre. Lutter contre le dérèglement climatique, c’est lutter contre l’élevage industriel.

Cinquième point : où sont passés les animaux ? Dans cette histoire, nul ne pense aux millions de porcs, poulets, pintades, oies, canards, bovins encabanés et piquousés de partout. Resplendissants dans les panthéons de l’Antiquité, ils ne sont plus que des ombres dans cet immense pandémonium où grouillent les tueurs. En 2007, 1 046 562 000 animaux ont été butés dans des abattoirs français estampillés. Depuis, le chiffre ne bouge guère. Leur vie, c’est la mort.

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Rien à ajouter. Si, les traditionnelles et splendides Puces de Luce Lapin où Brigitte Gothière, charismatique porte-parole de L214, nous rappelle, entre autres, la seule issue viable pour notre planète : une alimentation strictement végétale, ce qui ferait disparaître la maltraitance et la torture des animaux d’élevage, la détresse sociale des éleveurs (un suicide par jour), une bonne partie du phénomène de réchauffement climatique (l'élevage en est la première cause).

J’ajouterai l’intégralité de la faim et de la sous-nutrition dans le monde, puisque 60 % des terres, qui pourraient produire des céréales à destination de l'homme, sont réquisitionnées pour ces êtres maltraités du début à la fin de leur courte vie où ils seront charcutés, de plus en plus souvent en pleine conscience, en raison bien sûr du développement de l'abattage rituel, mais également du fait de l'augmentation exponentielle des cadences dans les abattoirs où l'on en vient alors à économiser les quelques secondes nécessaires à un étourdissement.

Cherchez, au sein de la presse écrite française, un autre titre qui tiendrait ne serait-ce que 10 % de ce discours de vérité, vous n’en trouverez aucun. Compteraient-ils dans leurs rangs uniquement des crétins incapables d’analyser la situation agricole du pays ? Bien sûr que non. On y en trouve des crétins, mais pas plus et pas moins qu’ailleurs. Non, la raison est tout autre, et en cela bien pire : d’un côté, vous pouvez admirer une presse nationale dont les titres appartiennent désormais systématiquement à des oligarques multimilliardaires dont le seul but est de passer les plats à un gouvernement ploutocrate qui saura, à plus ou moins brève échéance, leur renvoyer l’ascenseur, en confiant à des sociétés, dont ils sont également propriétaires, des contrats publics juteux dans le domaine du BTP, de l’armement, de la technologie, de la santé… Et de l’autre côté, une presse quotidienne régionale dont le fonds de commerce est l’information bas de plafond où l’esprit d’analyse et la critique n’ont jamais leur place, contrairement à la désinformation pratiquée en faveur des petits potentats locaux, qu’il s’agisse de maires arriérés, de présidents de fédérations de chasse ou d’organisateurs de corridas. Bref, tout ce qui constitue ce bon vieux terroir rural qui pue le sang et la mort.

Acheter et lire Charlie, ce n’est pas uniquement soutenir la seule voix des sans-voix, c’est aussi refuser ce système orwellien tant adulé par Hollande, Beulin et autres médiocres avides de pouvoir et d’argent.

DJ.


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