L’emprise.

Dans le cadre d’une loi pusillanime portant préservation de la biodiversité, l’assemblée nationale adopta, en première lecture, contre l’avis du gouvernement, une disposition d’interdiction des insecticides néonicotinoïdes en agriculture.

C’est la seule mesure concrète, effective, sérieuse d’une loi qui, comme toutes celles qui traitent du vivant, ne sont que des pétitions de nobles principes sans portées pratiques.

Les firmes du poison commercialisent, avec la complicité du syndicat agricole Français, depuis 1994, une nouvelle classe de molécules, au nombre de sept, neurotoxiques pour détruire les insectes : les néonicotinoïdes.

Systémiques, ces substances imprègnent l’ensemble du végétal et sont rémanentes dans le sol.

Les députés proposent de bannir ces toxiques qui aseptisent la nature. Mais le sénat dont la majorité est conservatrice, aux ordres de la FNSEA, des firmes, du « libéralisme économique » a déjà rejeté une proposition de loi émanant d’un de leurs collègues EELV, visant à protéger les insectes pollinisateurs de ces nouveaux poisons. Il est dès lors probable que les agents du Marché optent pour les intérêts des multinationales et contre la survie de la biodiversité et ce d’autant que le gouvernement se soumet également aux injonctions de ces firmes dont les budgets dépassent ceux des Etats.

Malgré le vote en première lecture, l’entomofaune n’est nullement sauvée.

Ce litige exemplaire, ignoré du grand public, passé sous silence par la presse formatée, révèle le décalage entre les débats politiques futiles et les vrais enjeux, bien dissimulés.

Les partis politiques perdurent à invoquer la croissance, le développement, le désenclavement et à distraire le citoyen avec des combats et des peurs illusoires du siècle passé.

Pendant ce temps, pour accumuler des profits, les entreprises pillent les ressources, dévastent les sites, polluent les océans en passe de perte de biodiversité, détruisent toutes les espèces végétales et animales non rentables, conditionnent les humains pour mieux les instrumentaliser leur faisant accepter des situations dont un examen objectif révèle l’absurdité éthique.

Ainsi, le système marchand parvient à faire gérer les hôpitaux, les écoles, les tribunaux, les commissariats de police comme des épiceries en les soumettant à la dictature de la comptabilité financière, comme si la santé, l’éducation des enfants, la justice et la sécurité avaient un prix.

Le système de l’économie libérale repose sur la putréfaction des consciences et la monétarisation de toute chose et surtout la destruction de la nature.

Or, la nature prévaut sur les intérêts des firmes et des lobbies qui exercent sur le monde leur dictature de fait, dictature sournoise, sans milice bottée, sans goulag, mais avec une habile propagande relayée par les canaux de la culture que le système contrôle et verrouille.

Tous les médias audio-visuels appartiennent aux forces d’argent et diffusent la même acculturation.

Loin d’être subversives, pirates, iconoclastes, les radios naguère libres diffusent le même fond sonore pour magasins et salons de coiffures.

Ce ne sont pas les idéologies qu’a tuées le système, mais les idées, la pensée critique, la confrontation salutaire des convictions contraires.

La question n’est pas tant de savoir s’il faut interdire les néonicotinoïdes, mais quand viendra le grand procès de NUREMBERG des criminels contre le vivant ?

Juger ces dirigeants d’entreprises, ces politiciens corrompus par les lobbies qui, pour faire de l’argent, commercialisent ces molécules, au mépris de la viabilité de la terre, serait œuvre de salut public.

Au même titre, qu’il conviendrait de juger les dirigeants d’entreprises qui conçoivent l’obsolescence programmée des appareils divers et autres gadgets, au détriment des citoyens et de la terre dont les ressources sont ainsi exploitées frénétiquement.

Face au climat qui se dérègle, aux minerais qui s’épuisent, à l’atmosphère qui altère la santé, aux perturbateurs endocriniens, aux nanoparticules, aux technologies performantes, à la septième grande disparition d’espèces vivantes, n’éprouvez aucune peur.

La peur est le sentiment que cherchent à inspirer les dictateurs, les gourous et autres maîtres en mal d’emprise sur les esprits.

La peur est infantile et paralysante.

Elle suspend la réflexion et l’intelligence, supprime la liberté, rabaisse l’individu, le soumet, l’avilit, le rend mûr pour la capitulation.

Les religions et les totalitarismes ont toujours joué de la peur pour « guider le troupeau ».

Non, face au désastre actuel, à l’immense agression contre le vivant, j’en appelle à la colère, l’indignation, le refus qu’il faut opposer au système marchand qui règne sur la planète et que servent certains partis politiques adeptes du « libéralisme économique » et du « tout pour les entreprises ».

Ne vous laissez pas abuser par les faux débats de ceux qui retardent d’une guerre, puisque c’est bien d’une guerre qu’il s’agit : celle que certains humains ont déclaré à la merveilleuse et si fragile diversité de la vie.


Gérard CHAROLLOIS


Commentaires  
# Florence Englebert 31-03-2015 19:46
Bravo M. Charollois ! Vous avez absolument tout dit !
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