Le conditionnement par la peur.

L’humain vulnérable, à terme condamné, trouve dans la crédulité un refuge à son angoisse d’exister.

Mais, cette réassurance passe par la peur.

Peur du ciel et de l’enfer, peur de l’inconnu, des ténèbres et de la science, peur des jeunes et de la vieillesse, des étrangers, des différents, peur de la solitude ou de la foule, peur de la technique comme de la nature sauvage, peur des forêts et des animaux.

La phobie n’est jamais que l’inadéquation de cette perception que nous éprouvons tous face à une situation, à un objet, à des êtres ou à des mythes menaçants.

Sans la peur, l’individu ne survivrait pas longtemps. Elle est réflexe de protection et s’avère précieuse à ce titre.

La politique et les lobbies, les communicateurs et les officines de propagande utilisant les meilleures techniques de contrôle des populations abusent de ce levier efficace pour guider une société.

En suscitant la peur, le leader, le propagandiste s’assurent un succès facile.

Actuellement, les politiciens pratiquent cet art avec une habileté consommée, sachant à propos faire naître des tensions, dresser des groupes humains les uns contre les autres, pour mieux asseoir leurs pouvoirs et perpétuer leurs funestes dominations.

Historiquement, la droite a acquis une longueur d’avance dans l’utilisation de la peur, depuis ces deux derniers siècles : peur des partageux, des pauvres, des laborieux, des anarchistes, des trublions, des ritals à la fin du 19ème siècle, des immigrés, des délinquants, du déclin, de la déliquescence des mœurs.

Lorsque se dégradent les conditions économiques, les politiques trouvent dans l’exploitation des peurs un alibi à la « crise ».

La peur est régressive et crée une mentalité du type de celle des années 1930, mentalité réactionnaire que nous rencontrons, à nouveau, dans l’Europe d’aujourd’hui.

 Constatons que certains progressistes, y compris écologistes, recourent, parfois, à tort selon moi, à ce sentiment infantilisant de la peur : la technophobie, par exemple.

Or, je suis de ceux qui préfèrent parler à la raison, à l’intelligence des personnes et non à leur cerveau reptilien.

Face à une technologie nouvelle, par exemple, il ne convient pas d’adopter une réaction puérile d’admiration béate ou inversement de crainte irrationnelle.

Il faut examiner, délibérer et choisir à l’aune de l’incidence pour les êtres vivants du mieux-être ou des nuisances de toute chose.

Laissons aux réactionnaires, à ceux qui méprisent leurs semblables, le monopole de la débilitante peur, pour nous attacher à une approche objective, visant à améliorer le sort de l’arbre, l’animal et l’homme.

En protecteur de la nature et des animaux, je m’afflige de constater que le lobby de la chasse et ses acolytes parviennent à abrutir la population, en instrumentalisant la peur de la faune sauvage.

La plupart de nos contemporains tremblent de rencontrer un sanglier dans leur jardin persuadés par les mensonges cynégétiques que l’agressif animal va les attaquer, les blesser, les tuer, car il est fort et méchant .

Aussi, le moindre sanglier apparaissant aux abords d’une ville suscite une panique dont le pauvre animal sera l’unique victime, les valeureux policiers, frustrés de ne pas pouvoir user plus souvent de leurs armes, venant abattre le redoutable cochon qui menaçait les femmes et les petits enfants !

Le fait que nul ne soit jamais tué par un sanglier, que les mille cinq cents loups Espagnols, les six cents loups Italiens n’aient jamais attaqué un promeneur ne dissipe en rien cette peur délibérément entretenue par les manipulateurs qui trouvent intérêt au conditionnement phobique.

Non, en Europe, les animaux sauvages n’attaquent pas l’homme.

Mais, les chasseurs doivent inspirer la peur du sanglier, du loup et même du renard, pour légitimer leurs massacres.

Il y a même des officines, de pseudo-chercheurs tentant de trouver dans les chroniques du Moyen-âge, des cas de malfaisances des loups.

Amis randonneurs, parcourez en toute quiétude nos montagnes, vous ne risquez aucune mauvaise rencontre, sauf en période de chasse où quelques-uns d’entre-vous perdront la vie parce que des hommes inquiétants jouent encore à la guerre !

Bien évidemment, un malheureux sanglier blessé peut mordre le chasseur qui le persécute.

Un lapin en ferait autant.

Mais, il est absurde, malhonnête, méprisable d’abriter une imposture sous le masque de la peur cultivée.

Alors, me dira-t-on, que faites-vous avec le changement climatique, les OGM, l’urbanisation généralisée, sinon dénoncer des périls et jouer sur la peur ?

Personnellement, je m’y refuse.

Face à ces défis contemporains, il convient de raisonner, d’apprécier scientifiquement les données des options.

Ainsi, à titre d’illustration de mon propos, je ne condamne pas les OGM au nom de je ne sais quelle peur irrationnelle.

Quand bien même, il serait démontré que ces plantes (MONSANTO) ne seraient pas nocives pour nos petites santés, je les condamnerais au nom d’un choix et non d’une peur.

Je veux sauver la biodiversité par choix de conscience, biodiversité détruite par les OGM. Je veux des plantes sauvages, des insectes et des oiseaux. Je refuse un monde silencieux voué au seul productivisme.

Ce n’est pas la peur qui détermine ma condamnation, mais une éthique : celle du choix de la vie.

A l’euristique de la peur, préférons celle de l’empathie.


Gérard CHAROLLOIS


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