Du principe de réalité à celui de conviction.

Faut-il réformer ou abolir la torture, l’esclavage, la peine de mort, la chasse, la tauromachie ?

D’aucuns penseront que les faits sociaux, les mœurs, les institutions ne peuvent évoluer que progressivement, par petits pas, de réformes en variations, les amenant par étapes à des mutations nécessaires et à des disparitions qui font la civilisation.

Par pusillanimité, les esprits prudents se garderont de s’exposer dans une contestation trop radicale, pour leurs temps, préférant cultiver la « modération », le centrisme frileux, le compromis permanent.

D’autres, choisissant la clarté, le courage de déplaire aux gens de biens ennemis du mieux, affirmeront des positions éthiques iconoclastes.

Ils expliqueront que face à la torture, il ne s’agit pas de réduire la durée des supplices, que face à la peine de mort, la guillotine n’est pas un progrès dans l’art de couper un homme en deux, que face à l’esclavage, il est vain de reconnaître un jour par semaine sans servitude.

Le militant de mieux posera en principe l’abolition de ce qui génère souffrance et avilissement des victimes et des bourreaux.

Bien sûr, on peut souhaiter que les enfants soient préservés du traumatisme moral de voir agoniser un taureau ensanglanté, mais l’essentiel est de mettre un terme aux tourments infligés à un être sensible.

Il est souhaitable d’obtenir des dimanches sans chasse, mais, d’un point de vue éthique, l’important est de développer chez les humains les qualités premières qui leur feront renoncer à associer leur plaisir et la mort d’un animal.

Et cela, l’opinion publique ne peut que le comprendre, d’où les menées malhonnêtes des lobbies contre ceux qui osent énoncer des valeurs qui dérangent les conformismes.

Face aux réformes, aux petits pas, aux évolutions, les crimes des hommes ont toujours été bien gardés.

Torture, esclavage, peine de mort, n’ont jamais été réformées.

La chasse, mort loisir, la corrida, mort spectacle, ne se réformeront pas davantage.

Les lobbies, bastilles assiégées, victimes de fièvres obsidionales, ne concéderont jamais rien et ne reconnaîtront jamais en leurs antagonistes des interlocuteurs respectables.

Le parlement ne votera pas l’interdiction d’accès des enfants dans les arènes.

Le parlement ne votera pas l’interdiction de la chasse le dimanche.

Une bastille ne se réforme pas.

Elle tombe.

Et paradoxalement, nous pouvons nous réjouir de cette incapacité des grands crimes à s’adapter aux changements de la société.

Nous ne voulons pas plus d’une « chasse durable », d’une « tauromachie durable » que de génocides, d’obscurantismes durables.

En ne voulant rien concéder, les lobbies se condamnent à ce que nous attendons d’eux : leur disparition.

Comment ?

Il faut savoir qu’un lobby tient l’Etat par des procédés sournois, par des jeux d’influences, par des démarches occultes auprès des politiques, manoeuvres leur assurant la servilité des pouvoirs.

Leur influence leur permet d’imposer leurs lois et de frapper d’ostracisme leurs contestataires.

Mais cette mainmise mafieuse est aussi fragile qu’elle est absolue.

Le jour où s’inverse le rapport des forces, où la digue craque, c’est la concession perpétuelle.

Depuis des décennies, la chasse Française refuse farouchement toute adaptation aux conditions matérielles et morales de la société nouvelle et quelques avancées obtenues par les protecteurs des animaux et de la nature ne résultent nullement de concertations, de tables rondes, d’un dialogue de dupes, mais de centaines d’arrêts du conseil d’Etat et de la cour de justice de l’union européenne.

Le législateur Français n’a reconnu le droit de non-chasse dans les territoires à associations communales de chasse agréées que par contrainte d’un arrêt de la cour européenne des droits de l’homme et cette reconnaissance formelle s’apparente plus à des entraves méprisables.

La chasse de nuit des oiseaux d’eau n’est qu’un braconnage incontrôlable et non sélectif.

Les chasseurs veulent tirer des tétras dans les hautes pyrénées et perdurent à tuer des alouettes, des grives, des bécasses, malgré l’impérieuse nécessité de sauvegarder les oiseaux migrateurs.

Ils délirent sur la nocivité des petits carnivores sauvages et contre les grands prédateurs, révélant leur inculture.

Pour l’heure, ils sévissent contre la biodiversité et violent les principes démocratiques en imposant au pays leurs choix contre la volonté de la majorité de la population.

Le processus est identique du côté des tortionnaires de taureaux qui, avec la complicité de l’Etat, bafouent la liberté d’expression des défenseurs du vivant, en les violentant impunément et en les harcelant judiciairement.

Les lobbies de la mort exercent présentement une dictature de fait en France.

Contre eux, nous devons tenir le langage clair de la résistance.

Certes, la montée actuelle des maléfiques valeurs « pétainistes » leur garantit, un temps encore, bien des occasions de générer souffrances et massacres. Les peuples, oublieux des leçons du passé, sont souvent rappelés à cette vérité première :

« Les mauvais sentiments ne peuvent faire qu’une mauvaise politique » et il advient que l’Histoire délivre de bien cruelles déconvenues.

Abolir la chasse, la tauromachie, c’est extirper la pulsion de mort.

Les résignés qualifieront d’utopie cette élévation de la conscience, élévation qui dépasse le seul cadre du rapport à l’animal et à la nature.

Je réponds, après d’autres, que l’utopie n’est pas l’irréalisable,mais l’irréalisé.

Pour la torture, l’esclavage, la peine de mort, la chasse, la tauromachie un seul appel aux consciences éveillées :

Abolition !


Gérard CHAROLLOIS


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