L’espèce invasive.

Parmi diverses mesures d’inspiration néo-conservatrice, parfaitement condamnables, en faveur des entreprises privées, du marché et de la spéculation, l’actuel gouvernement Français avance deux propositions qui suscitent mon approbation.

D’une part, il réduirait, en le partageant entre le père et la mère, la durée du congé parental, lors de la naissance d’un enfant.

D’autre part, il réduirait également la prime à la naissance.

Certes, ces régressions sociales s’inscrivent dans l’échec du système économique dit « libéral » et ne font que précéder bien d’autres reculs, sacrifices, efforts, réformes que la droite voudrait encore plus féroces.

 Mais, ces deux mesures éventuelles méritent notre soutien en ce qu’elles vont à l’encontre d’une politique nataliste désastreuse, pourvoyeuse de surpopulation, d’urbanisation de tout le territoire, d’extermination de la nature et des espaces non anthropisés.

Le bourrage de crâne inflige, à longueur de médias formatés, que la France connaît un taux de natalité le plus élevé d’Europe, ce qui constitue, bien évidemment, une chance !

Pour nos conformistes bêlants, il ne suffit pas d’être passé de quarante millions d’habitants à soixante cinq millions en un demi-siècle, il conviendrait, sans doute, de parvenir à cent millions, puis davantage, afin de payer les retraites des cent millions !

Comme il est singulier de constater qu’une idée ressassée, fut-elle absurde, dispense les individus sous contrôle d’exercer leur esprit critique.

Accroître indéfiniment la population, inciter des gens à faire des enfants pour percevoir de l’argent, c’est donner des otages au malheur et dégrader le cadre de vie, multiplier les grands ensembles, les infrastructures de transports, les ronds-points, les super-marchés, les banlieues crasses avec leur marée de béton et de déprimes.

C’est déménager la nature et refuser inexorablement aux autres formes de vies une place sur la planète.

Oui, supprimons les primes à la natalité en LEUR substituant une aide à la personne dans le besoin.

Faire des enfants pour percevoir de l’argent pervertit la maternité.

Comment limiter la surpopulation ?

Pour nous, biophiles, la vie de tout être constitue la valeur première.

Tout être vivant acquiert un intérêt et donc un droit à vivre .

La science biologique et médicale doit combattre la maladie, le vieillissement et la mort, ces ennemis.

Mais, c’est l’existence qui confère l’intérêt à vivre.

Pour contenir la catastrophe démographique tout en travaillant à l’allongement souhaitable de la vie, il faut réduire le nombre des naissances.

Peu probable que l’actuel gouvernement centriste aille bien loin sur cette voie par trop audacieuse pour sa coupable pusillanimité.

Pour limiter les naissances, nous pouvons agir sur deux leviers :

- supprimer l’incitation financière qui détermine des « milieux socialement défavorisés » à procréer pour toucher des allocations ;

- culturellement, enseigner que la femme peut se réaliser autrement qu’en génitrice.

Oui, faire des enfants tue la terre.

Cessons de croître et multiplier indéfiniment, si l’on ne veut pas vivre demain dans une vaste mégapole à la taille d’un continent.

Laissons des espaces exempts d’exploitation, pour la biodiversité, car toute espèce possède un droit imprescriptible à ne pas disparaître.

Et les espèces qualifiées d’invasives ?

D’aucuns amis naturalistes rêvent d’une nature figée, immuable, fidèle à ce qu’elle fut à un moment donné de l’évolution.

Pour eux, il faudrait maintenir la flore et la faune dans l’état où elles se trouvaient dans les siècles passés et tout envahisseur exogène devient un problème.

Je ne partage pas cette vision musée d’une nature arrêtée dans ses fluctuations permanentes.

Que l’érismature à tête rousse côtoie l’érismature à tête blanche ne me paraît pas une menace tant pour les espèces que pour les individus.

La biosphère n’a jamais été figée et les espèces ont constamment évolué en symbiose ou en concurrence les unes avec les autres.

Toute espèce fut un jour invasive.

Le grand défi que l’humain pose au processus d’évolution ne réside pas dans ces changements invasifs, mais dans l’appauvrissement du vivant.

L’homme par sa cupidité, sa cruauté, son anthropocentrisme provoque non pas des transformations des biocénoses mais une disparition du vivant .

L’essentiel n’est pas de rétablir la nature du Moyen-âge, mais d’assurer au maximum de formes de vies la possibilité de s’épanouir.

La faute de l’homme est d’anéantir la biodiversité et non de l’enrichir en espèces nouvelles.

Certes, par son commerce, son lucre, son besoin frénétique de voyages, l’humain propage partout virus, bactéries, champignons, insectes, plantes et animaux exotiques, ce qui crée parfois des antagonismes regrettables, comme dans l’exemple du frelon chinois importé en Aquitaine avec des poteries et qui colonise l’Europe en affaiblissant les ruchers qui n’avaient pas besoin de ce prédateur pour subir un déclin préoccupant.

Mais, avant de se livrer à des campagnes massives de destructions d’insectes, d’oiseaux, d’amphibiens étrangers, il faudrait s’interroger sur les incidences de ces campagnes sur l’ensemble de la faune.

L’homo economicus répond toujours à tout problème par la destruction, cette pulsion de mort dont il demeure addictif.

Jamais le vivant n’a été stable sur la planète. Ce qui signe le crime de l’homme ne tient qu’à ce qu’il interrompt la possibilité de l’évolution par l’aseptisation absolue qu’il inflige.

Son crime est de retirer le droit de vivre aux loups, aux ours, ici, aux éléphants et aux grands singes, ailleurs.


Gérard CHAROLLOIS


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