Le biocentrisme : pour ceux qui veulent savoir.

Certains philosophes à la célébrité majeure distinguaient un « enseignement exotérique », compréhensible par tous et ouvert à tous et un « enseignement ésotérique », réservé aux initiés, aux disciples du maître.
En fait, trop souvent, l’emploi d’un vocabulaire, voire d’une langue d’adeptes,masquent le flou et l’inconsistance d’une pensée.
Le siècle passé connut de « grands gourous », vénérés par l’intelligentsia, « penseurs » vedettes qu’il convenait d’admirer, de suivre, de célébrer pour appartenir au cercle des clercs du temps. Sous le verbiage fumeux, il n’y avait que le vide masqué par l’hermétisme du discours.
HEIDEGGER, LACAN, en particulier, étaient tellement « géniaux » que nul ne comprenait rien à leur langage décalé, mais tous devaient feindre de s’incliner devant le génie novateur du jour.
Alors, récusons l’ésotérisme, ce paravent des gourous et définissons clairement les concepts que nous utilisons pour les promouvoir.
Biocentrisme peut intriguer celui qui découvre ce vocable.
Aussi, en voici la définition.
Pendant des siècles, la société humaine mit les dieux, aux heureux temps des polythéismes, puis un seul, lorsque survinrent les monothéismes, au-dessus de tout.
Ce fut le temps de l’obscurantisme théocentriste.
Tout pouvoir politique, toute justice, toute institution, tout fait de la nature provenaient des dieux, dispensateurs des bienfaits comme des châtiments, auteurs du monde et des rois.
Avec le 18ème siècle, les déistes et les athées enseignèrent, les premiers  que les dieux existaient mais que l’on pouvait les ignorer dans l’organisation de la société car « leur royaume n’était point de ce monde », puis, les seconds que les dieux n’existaient pas.
Les uns comme les autres fondèrent une nouvelle société, non plus théocentrique, mais anthropocentrique.
L’humain devint la mesure de toute chose, la valeur absolue, le centre des préoccupations de l’univers. Ce fut une avancée pour la civilisation et la liberté individuelle, pour la raison et les droits de l’Homme.
Le biocentrisme substitue le vivant à cette auto-adoration d’une seule espèce.
Le biocentrisme s’oppose donc, d’une part, au théocentrisme, superstition sous laquelle croupissent encore certains peuples soumis à des lois prétendument dictées par un dieu, d’autre part, à l’anthropocentrisme, doctrine dominante jusqu’à ce jour en Occident, rangeant les autres animaux parmi les choses, les marchandises et la nature rabaissée à un simple décor, simple environnement.
Opposé à l’anthropocentrisme, le biocentrisme demeure un humanisme, car, loin d’en contester les précieux acquis, il vise à le consolider en en élargissant le cercle de l’empathie.
Le biocentrisme élève la condition animale tout en considérant  comme acquis les droits de l’humain, la liberté individuelle, le féminisme, la condamnation de l’intégrisme religieux, du fondamentalisme négateur des droits du vivant.
Partons d’un fait scientifiquement établi.
La vie est apparue sur la terre bien avant l’humain. Durant des centaines de millions d’années des espèces se sont succédées et par évolutions ont donné naissance à la biodiversité actuelle.
La paléontologie confirme l’évolution, popularisée par DARWIN et son livre sur l’origine des espèces en 1859.
Nous étudions le passé du vivant grâce aux fossiles désormais soumis aux analyses biochimiques et même à la génétique.
Nous commençons à connaître l’histoire de la terre.
Mais que savons-nous du futur de l’évolution ?
Que dire du devenir de cette biodiversité dont l’humain est une composante ?
Il serait absurde d’imaginer que l’évolution se fige, que l’humain d’aujourd’hui échappe au processus évolutif en marche sur la terre depuis quatre milliards d’années.
Que deviendra l’espèce humaine soumise à cette inéluctable évolution ?
L’Homme, par sa maîtrise biomédicale, ne sera-t-il pas le facteur de sa propre mutation future ?
L’humain  appartient à cette évolution biologique globale dont il n’est qu’un maillon éphémère au regard des temps géologiques.
Plaisant orgueil qui permit à homo sapiens, plus économicus que sapiens, de s’ériger en divinité et de se séparer de la biosphère.
Nous partageons avec tous les autres animaux, outre un patrimoine génétique, avec variantes, une histoire commune.
Nous partageons surtout avec tout être sensible la capacité de souffrir et l’effroi vertigineux devant la mort, ce néant que nos ancêtres durent peupler de mythes, faute de pouvoir le regarder en face comme le soleil, pour reprendre l’image de LA ROCHEFOUCAULT.
Cette communauté de destin face à la souffrance et à la mort, nous invite à une solidarité incompatible avec l’approche traditionaliste du fait animal.
Au centre des valeurs, il y a la vie, voilà ce qu’est le biocentrisme.
Rien  de fumeux, d’ésotérique, de sectaire dans ce vocable nouveau pour désigner une éthique, une politique nouvelles.
Le biocentrisme, c’est l’aspiration à une réconciliation de l’humain avec la nature, non pas pour en copier les travers, mais pour apporter ce qu’il y a de mieux dans la raison humaine : la bienveillance.
Bien sûr, l’humanité ploie encore sous le joug d’idéologies meurtrières, tribales, superstitieuses, générant ici et là des affrontements, des massacres, des haines, des clivages qui, avec un peu de recul, apparaissent dérisoires.
Il y a un siècle, en cette année 2014, Français et Allemands allaient rageusement se jeter les uns contre les autres, avec une fureur monstrueuse.
Pourquoi ?
Aujourd’hui, dans d’autres régions de la terre, des hommes emprisonnent, torturent et tuent d’autres hommes aux noms de dieux divers.
Pour nous, biocentristes, ces rages de tuer relèvent de la préhistoire.
Nous n’appartenons pas au même monde qu’eux.
Que nous importent leurs dieux, leurs drapeaux, leurs ethnies ?
Nous savons que la seule communauté qui vaille est celle des vivants.
Dans cette communauté, nous intégrons toutes les autres espèces.
En cela le biocentrisme est radicalement hostile à tout loisir, tout jeu, tout spectacle impliquant la souffrance et la mort d’un être sensible, quel qu’il soit.
Dans tous les pays, notre pensée progresse, d’où, en France plus particulièrement, la violence primaire des négationistes du biocentrisme.
Les biocentristes sont pacifiques, respectueux de l’intégrité de tous, mais leur idée subversive effraie ceux qui par obscurantismes ou par intérêts financiers sordides font de la maltraitance animale  leur « culture ».
BARTOLOME DE LAS CASAS plaidait au 16ème siècle la cause des peuples Amérindiens. Pendant quatre siècles, après lui, ces peuples furent exterminés et il n’y a que quelques décennies que l’ONU leur reconnut le droit de ne pas disparaître, reconnaissance trop tardive.
Combien de temps faudra-t-il pour que homo économicus cesse d’anéantir la vie ?

Gérard  CHAROLLOIS


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