Malaise dans la politique.

L’économie, le Marché, la finance internationale, les firmes plus puissantes que les Etats gouvernent au lieu et place des politiques qui ne détiennent plus que les apparences du pouvoir.
L’économie, le Marché, la finance se moquent  des élections qui, ici ou là, sélectionnent, parfois des femmes et des hommes qui, pour séduire les peuples, désignent les forces d’argent comme leurs seules ennemies et qui, une fois élus, font la  politique des oligarques.
Il n’y a plus de démocratie puisque le politique ne fait plus la loi.
Dans ce contexte, le personnel politique subit une « baisse de niveau » moral et intellectuel.
Copains et coquins se partagent quelques fauteuils électifs et les avantages qu’ils confèrent.
Lorsque le bureau du sénat, assemblée ruraliste, gardienne des lobbies pesants, dont je préconise la réforme depuis des années, refuse à des juges d’instruction de placer en garde à vue le chasseur Serge DASSAULT, homme d’affaires, patron de presse ultra-conservateur, entravant ainsi une enquête sur des malversations éventuelles, le citoyen se trouve conforté dans le discrédit qu’il dirige à l’encontre d’une classe politique sans convictions et dont les talents relèvent d’illusionnistes de foires.
Le citoyen doute de l’honnêteté des élus, non pas tant d’une honnêteté juridique et formelle, que d’une honnêteté dans la sincérité des engagements.
Avec des écologistes politiques qui ne font rien pour améliorer la condition animale et sauver la nature, avec des socialistes qui prônent la compétitivité des entreprises privées  et la réduction des dépenses publiques, avec des « libéraux – conservateurs  » qui ne sont en rien « populaires » mais « patronaux » et affairistes, utilisant l’Etat pour servir les intérêts de leur petit cercle de copains, il faut bien admettre que le militant ne sait plus où s’investir.
En France, comme auparavant en Allemagne, en Grèce, en Italie, en Espagne, les alternances ne sont que des leurres et les forces d’argent, le Marché demeurent les seuls maîtres d’une société devenue démocratie formelle sans choix véritable.
Dès lors, plus la politique déçoit, plus les partis se muent en paravents des ambitions personnelles, uniquement occupés de petites carrières, sans aucune noble et grande querelle d’idées, sans volonté  d’améliorer le sort des êtres.
Plus la situation se dégrade, plus le mouvement d’abaissement du niveau moral et intellectuel s’accélère.
Ces jours-ci encore, illustration de ce décalage entre politique et éthique, le député européen d’EUROPE ECOLOGIE LES VERTS, José BOVE, dénonce, dans un journal Suisse,  la présence du loup en Europe.
Bien sûr, et il faut s’en réjouir, l’écologie n’est pas monolithique.
Nous, biocentristes, représentons une pensée écologiste en admettant volontiers d’autres approches, conscients de ce que la force d’une idée naît de son pluralisme.
Toutefois, un élu écologiste appelant à éradiquer la faune, c’est un communiste qui insulte les mineurs de fond, un socialiste qui vitupère les enseignants, un conservateur UMP qui taxe les milliardaires, un nationaliste qui déchire le drapeau.
C’est pire qu’un oxymore, une faute contre l’esprit, un coup de plus porté à la crédibilité de la politique.
Qu’un parti politique écologiste ait désigné un syndicaliste agricole ennemi des loups et sans doute des ours, des lynx, pour le représenter, révèle la nullité éthique de la classe politique.
Les partis sont devenus des machines électorales où de petites ambitions égotistes s’affrontent dans l’oubli total de l’essentiel : le service d’une cause.
Jusqu’à quel degré d’abaissement iront-ils ?
Quelle dose de nausée devra submerger le citoyen pour que nous retrouvions des partis politiques honnêtes c’est-à-dire conformes sur le fond à ce qu’ils prétendent être : écologistes, socialistes, conservateurs, nationalistes ou autres, sympathiques ou adverses, que nous aimions ou combattions, mais tous respectables dès lors qu’authentiques dans leurs engagements.
Nous vivons le temps des acteurs en représentation permanente, des concepts menteurs.
Finalement, refusant de dissocier morale et politique, je nourris davantage de respect pour un adversaire idéologique convaincu, sincère, que pour les inconsistants prompts à tous les reniements au nom d’une fausse tolérance, du compromis, de l’acceptation résigné de l’inacceptable.
Si la haine, le mauvais goût, les passions tristes débordent, notamment sur internet, nous le devons à la grande faillite du politique.
Si les socialistes nationalisaient massivement et déclaraient la guerre au Marché, c’est-à-dire s'ils étaient socialistes, si les écologistes exigeaient l’arrêt de la chasse, le respect de la nature, c’est-à-dire s’ils étaient écologistes au sens commun et philosophique du  mot, si l’UMP assumait être le parti du MEDEF et de la FNSEA, le citoyen saurait que la politique, c’est du sérieux.
Mais nous vivons le temps des imposteurs intellectuels, le temps de ceux qui n’assument pas  les convictions qu’ils affichent, et la société tangue face à ce néant éthique.

Gérard  CHAROLLOIS


Commentaires  
# fanette 12-01-2014 09:39
J'adhère tellement que je fais suivre à certains ... Choisir entre la politique du pire et celle du moins pire ? Comme ce n'est plus un choix, je m'abstiendrai !
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# douysset 12-01-2014 10:07
1000% d'accord avec votre édito absolument remarquable.
Merci pour votre voix qui s'élève, obstinée, mais tellement peu entendue, hélas.
Merci pour votre courage.
Qu'il va en falloir en 2014 pour continuer d'agir et de protester malgré cette indifférence générale....
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