Pour un statut de l’animal .

Pendant que des hommes mauvais délirent contre les loups, les lynx, les cormorans, les phoques, les renards, les blaireaux et même les hirondelles qui souillent leurs façades, la société perdure à aseptiser le milieu de vie aux noms du profit maximisé ou des peurs irrationnelles.
Rien n’est épargné par la rage de tuer qui habite certains individus qui préparent un monde sans vie sauvage.
Or, le loup, le lynx, le renard et la fouine méritent tout autant que le chien, le chat et le cheval un régime de protection justifié par ce seul fait que ce sont des êtres sensibles.
La loi pénale Française réprime les actes de cruauté à l’encontre des animaux domestiques, de compagnie ou tenus captifs.
Très bien.
Mais, le coup de fusil contre un loup est-il moins cruel que celui contre un chien ?
Les tortures infligées au blaireau par les déterreurs seraient-elles moins atroces que les mêmes actes perpétrés contre un animal de compagnie ?
Soumettre un cerf aux morsures des chiens, le poursuivre jusqu’à épuisement durant cinq heures, avant de le poignarder compte-t-il pour rien, alors que les mêmes sévices dirigés contre un cheval expédieraient le tortionnaire devant le tribunal correctionnel ?
Aucun argument raisonnable ne peut étayer cette différence de traitement entre les animaux domestiqués et ceux qui ne le sont pas.
Les seconds ne sont pas moins sensibles au stress et à la douleur que les premiers.
Leur système nerveux identique les rend accessibles au principe universel de plaisir déplaisir.
Or, si le droit positif protège, du moins en théorie et insuffisamment, l’animal de compagnie des mauvais traitements et actes de cruauté, il ignore l’animal libre.
Celui-ci n’accède à un statut de protection que par le biais de son appartenance à une espèce dite « protégée ».
Protégée, non en raison du caractère sensible de l’individu, mais pour des considérations de conservation d’une espèce.
Ainsi, tuer un rapace ou une cigogne, fait qui advient encore trop souvent, constitue un délit au regard d’un objectif de sauvegarde de ces espèces et nullement pour préserver l’animal d’un acte de violence.
Le droit manque de cohérence et ses illogismes s’expliquent par le poids des lobbies des ennemis de la terre, ceux qui veulent perpétrer des actes de cruauté à l’encontre des renards, blaireaux, loups, cormorans, cervidés et tous les autres.
La législation reflète les courants d’idées opposées divisant la société contemporaine envers la question animale et celle de la nature.
D’un côté, la majorité des contemporains souhaite que cesse la maltraitance des animaux.
Pour satisfaire cette aspiration, les lois punissent les actes de cruauté à l’encontre des animaux domestiques et les destructions d’espèces sauvages protégées, soit en raison de leur quasi-disparition, soit en raison de la sympathie massive de l’opinion (petits passereaux, écureuils).
De l’autre côté, sont sacrifiés au sadisme ordinaire les animaux dits « gibiers » et plus encore ceux abusivement qualifiés de « nuisibles », notions obscurantistes.
Invitons les décideurs à la cohérence.
Tout animal doit bénéficier d’un statut de protection contre les actes de cruauté.
En février 2011, l’institut de sondage SOFRES réalisait une enquête révélant que 87% des Français souhaitaient que l’animal sauvage soit préservé par la loi, des actes de maltraitances, au même titre que les animaux domestiques.
Même en relativisant la signification d’un sondage, il est évident que la majorité des citoyens demande une modification du droit afin d’étendre le régime de protection à tous les êtres sensibles.
Que cela dérange les obsédés de la mort loisir se conçoit aisément, mais en démocratie la majorité devrait faire la loi.
Certes, les pouvoirs d’une majorité d’un moment  trouvent des limites dans les droits fondamentaux d’autrui.
Mais, ici, la volonté populaire rencontre le droit naturel qui, à l’évidence, dressera bientôt un rempart contre la brutalité, la cruauté primaire, la violence débile dirigées contre un être sensible, quel qu’il soit.
Le législateur Français en ignorant ce principe éthique et en méconnaissant délibérément les souhaits du pays ne s’honore pas en créant des dérogations et exclusions au régime de protection des animaux.
Aucune tradition n'habilite à torturer, mutiler, traquer, tuer.
Un législateur lucide et de progrès édictera une prohibition de tout acte cruel dirigé contre l’animal, donc avilissant pour l’homme qui, en le commettant, s’abaisse bien au-dessous de sa condition d’homme.
Sauvage ou domestique, de compagnie ou de la faune, un animal appelle notre compassion puisqu’il partage avec nous un essentiel :  la vie.

Les aberrations de la chasse à la Française.

1 - Cruauté envers l’animal :
La balle qui broie les os, les plombs qui déchirent les chairs et perforent les organes occasionnent d’effroyables souffrances à tout être vivant.
La chasse est un loisir cruel.
Particulièrement intolérables, sous l’angle de la sensibilité animale, citons le déterrage des blaireaux et renards, et la  chasse à courre, pratiques à abolir.
Ces activités récréationnelles heurtent l’immense majorité de nos contemporains et relèvent d’un mépris flagrant du respect que l’on doit porter aux animaux.

2 - Agressions contre les espèces et la biodiversité :
Toutes les espèces de mammifères et d’oiseaux disparues ces trois derniers siècles doivent leur anéantissement à la prédation directe de l’homme.

La notion d’espèce « nuisible » relève d’un obscurantisme irrationnel.
Ces espèces (renards, mustélidés), souvent prédatrices de micro-rongeurs , participent des équilibres faune et flore.
L’abandon de ce qualificatif et de la classification correspondante sont préconisés par la communauté scientifique au nom des équilibres naturels.

Aucune dérogation ne doit atténuer le régime de protection des espèces, tels que les loups et les cormorans.
Ces dérogations, fruits de pressions catégorielles, sont inadmissibles au regard du statut de ces espèces et de leurs effectifs.

La pression de chasse est excessive tant dans sa durée, la plus longue d’Europe que dans le nombre d’espèces chassées, le plus élevé.
Aux USA, les oiseaux d’eau ne sont chassés que durant trois mois, ce qui est le cas de la plupart des pays européens.
Les grives, tuées par millions en France, sont protégées en Grande Bretagne, au Benelux, en Allemagne, en Suisse, en Autriche.
Destructeurs de la faune, gestionnaires du nombre de leurs cotisants, les dirigeants de la chasse oeuvrent constamment pour prolonger au maximum le temps d’ouverture.
Toute chasse devrait cesser du premier janvier au 30 septembre.
La chasse de nuit, nullement sélective, totalement incontrôlable confine au braconnage des oiseaux d’eau et devrait disparaître.
Aucune tolérance ou dérogation ne devrait permettre les piégeages de petits oiseaux : tendelles en LOZERE, gluaux en PROVENCE, matoles dans les LANDES.
Le tétras devrait échappé à tout acte de chasse.
Si elle détruit, la chasse pollue génétiquement la faune et se soutient, en ce pays, par des lâchers massifs de trois millions de faisans, de deux millions de colverts, de centaines de milliers de perdrix, chaque année.
Il faut cesser cette artificialisation de la faune et cette alimentation du stand de tirs, en interdisant les lâchers.

3 - Sécurité et droits des usagers pacifiques de la nature :

La chasse sur le terrain d’autrui devrait être strictement interdite en l’absence d’autorisation du propriétaire.
A cette fin, le chasseur devrait obtenir expressément l’assentiment de ce propriétaire et la contravention de « chasse sur le fonds d’autrui », mal réprimée devrait devenir, par sa gravité, un délit correctionnel.
La prohibition de chasser à moins de  200 Mètres des lieux de vie s’impose pour la quiétude des habitants.
Actuellement, la réglementation interdit de tirer « en direction des habitations et à portée de fusil », norme absurde revenant à édicter qu’il est prohibé de tirer sur les maisons.
Un fusil n’étant pas moins dangereux qu’un véhicule automobile, la chasse avec un taux d’alcoolémie de  plus de 0,5 G. devrait être érigé en délit correctionnel.

4 - Les structures de préservation de la faune :

La faune n’appartient pas aux chasseurs, moins de 2% de la population.
Dès lors, il est scandaleux qu’un établissement public, comme l’ONCFS, soit sous la coupe absolue d’un lobby servant ses intérêts au détriment de l’intérêt général.
L’Office doit devenir un office national de la faune sauvage, organisme démocratique.
Les fédérations départementales des chasseurs, issues d’une ordonnance du gouvernement de VICHY, du 28 juin 1941, doivent devenir de libres associations militantes auxquelles peuvent adhérer ou  non les chasseurs.
Les taxes fiscales payées par les chasseurs doivent alimenter le budget public et non des organes corporatistes.
Jusqu’à ce jour, tout débat au parlement relatif à la chasse, confine à un délire anti-nature, les élus surenchérissant sans cesse sur les pires exigences de la « voix de son maître ».
La France n’est pas une démocratie en la matière.
Les chasseurs exercent une dictature en s’appropriant la faune et l’espace rural.
Echo des procédés usités par les régimes totalitaires, le lobby obtint, du précédent gouvernement, l’habilitation à effectuer de la propagande, dans les écoles au nom d’une éducation à «l'environnement».
Il s’agit-là d’une imposture grossière, lorsqu’on sait que les chasseurs combattent toute mesure de limitation de leurs prédations et que leur loisir représente un « art de tuer ».
Nous voulons un Etat impartial, pluraliste, démocratique.
Il conviendrait que les défenseurs du vivant soient, en cette qualité, sans avoir à renier leurs convictions, sans s’abaisser à déclamer qu’ils « ne sont pas contre la chasse mais contre ses abus », associés à la politique de protection de la nature et des animaux.


Paraphrasant le constitutionnaliste SIEYES, en 1789, parlant du tiers état, je dirai :

-  Qu’est-ce que l’abolitionnisme de la chasse dans l’Etat ?

Rien.

- Qu’est-ce que cette opinion dans le corps social ?

La majorité.

- Que voulons-nous ?

Devenir une partie prenante du pluralisme démocratique .

- Que refuserons-nous ?

De nous renier.

Gérard CHAROLLOIS


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