Le ministère de l’essentiel.

La France s’est dotée d’un nouveau gouvernement issu de la défaite le 6 mai du parti de l’argent arrogant et des traditions.

En tous temps, certains s’imaginent honorés de devenir  ministres et d’autres sont ulcérés d’avoir été oubliés, car, pour se construire, sculpter leur statue intérieure, ils aspirent aux apparences du pouvoir.

Le caractère dérisoire des ambitions égotistes, le spectacle débile des querelles carriéristes qui font le quotidien des partis, m’amuseront toujours.
Décidément, les hommes sont addictifs aux décorations, aux titres, aux grades, aux honneurs de pacotilles, hochets qui occupent tant ces personnages publics.
Bien sûr, il leur faut déclarer devant les micros qu’ils sont là pour servir et que seul l’intérêt général commande leurs actions persévérantes qui débutèrent par l’élimination fratricide, au sein de leur propre parti, de leurs rivaux.
Donc, voilà nos ministres consacrés, globalement moins antipathiques que les sortants.
Cependant, jouant le CANDIDE, je m’étonne ou feindrais de m’étonner que les deux ministres écologistes n’aient pas reçu l’attribution du ministère de l’essentiel !
Quel est le ministère de l’essentiel, surtout pour un écologiste ?

Le ministère de l’écologie.
Car enfin, la crise majeure n’est-elle pas écologique ?
J’entends ces professionnels de la politique réciter : « Mais, voyons l’écologie a vocation à s’occuper de tout et le logement, le développement sont de grands sujets ».
Sans doute, comme l’industrie, l’agriculture, l’intérieur, les affaires étrangères, la justice, l’éducation nationale, que nos ministres, omniscients peuvent gérer tour à tour,passant de l’un à l’autre sans besoin du moindre stage de formation.
Néanmoins, j’insiste, l’écologie n’est-elle pas la question première ?
Sauver la biodiversité, faire pièces au fascisants lobbies des obscurantistes qui tuent et polluent, résister aux pressions des industriels, des agrochimistes, des aménageurs contre nature ne seraient-ce pas œuvres exaltantes ?
Pas pour nos écologistes politiques. Peut-être parce qu’ils sont davantage « politiques » qu’écologistes ?
Bien que nous ayons contribué à la victoire de François HOLLANDE, le ministère de l’essentiel ne nous a pas été proposé !
Dommage !
Nous aurions aboli la chasse, la tauromachie, protéger intégralement les loups et autres prédateurs, travaillé à un nouveau statut juridique de l’animal, sauvegardé des espaces naturels pour les espèces de faune et de flore qui disparaissent inexorablement.
Etonnant qu’avec un tel programme, nos téléphones n’aient pas sonné à l’heure où les carriéristes attendent fébrilement l’appel salvateur !
Les chasseurs, la FNSEA, les gavés aux commandes publiques de BTP, feront-ils demain comme hier régner leur loi ?
Ils ne manquent pas de relais dans tous les partis même si leur engagement est ouvertement réactionnaire et qu’ils étaient chez eux auprès des gouvernants d’hier.
Trop lentement, le parti socialiste Français évolue sur la question du respect du vivant.
Mais mieux vaut une lente évolution que la régression qu’imposait l’ancien régime.
En attendant de juger sur les actes, saluons  une mesure plus importante que beaucoup ne l’imaginent : la réduction de 30% des traitements du chef de l’Etat et des ministres.
Les gangrénés par le « libéralisme », la droite en quête de dénigrements, dénonceront la portée dérisoire de ce geste.
Les dévots du Marché sont tellement corrompus qu’ils ne perçoivent pas la signification de ce renoncement.
Réduire les salaires des grands élus, au demeurant modestes en comparaison aux rétributions indécentes de certains oligarques privés, n’a effectivement aucune incidence économique.
Mais l’important est ailleurs.
Nous avons vécu des années fric nauséabondes.
Par-delà la pseudo-crise économique, nos sociétés vivent une crise profonde de lamorale et de l’éthique.
Remettre l’argent qui corrompt tout à sa place est hautement symbolique et salutaire.
En réduisant leurs rémunérations, les nouveaux dirigeants envoient un signal positif à la société (l’argent n’est pas la mesure de tout et surtout pas de la valeur d’un être).
Or, depuis une vingtaine d’années, la pensée Thatchérienne putréfie le monde.
Car, qui peut imaginer sérieusement que nous subissons une crise économique ?
Nos sociétés sont gavées de biens de consommation,. La famine ne menace en rien l’Europe qui regorge de produits, d’objets manufacturés, de gadgets électroniques périmés au bout de trois ans pour que le consommateur captif jette et remplace.
Le problème n’est nullement celui de l’offre.
C’est la justice sociale, l’équité, la redistribution, le partage du travail qui posent problèmes et ces problèmes ne seront nullement réglés par une inutile croissance.
Nous avons suffisamment de nourritures, d’objets électroniques en tous genres, assez d’autoroutes, d’aéroports, de voitures.
Il suffit de mieux répartir, c’est-à-dire de penser l’inverse du thatchérisme.
En renonçant à de l’argent, nos nouveaux gouvernants rompent avec l’indécence de leurs prédécesseurs, prêtres bornés de la religion financière.
Continuez camarades. Sur cette voie, peut-être trouverez-vous l’issue de secours.
Cette issue ne sera pas la croissance quantitative, source de pollution, de nuisance, de déménagement de la nature, mais une croissance purement qualitative.

Gérard CHAROLLOIS
CONVENTION VIE ET NATURE
MOUVEMENT D’ECOLOGIE ETHIQUE ET RADICALE
POUR LE RESPECT DES ÊTRES VIVANTS ET DES EQUILIBRES NATURELS.

Commentaires  
# Dji-m 20-05-2012 18:26
Un pays a assez recemment inventé puis appliqué le concept du "bonheur national brut". Ce pays, le Bouhtan, malgré sa pauvreté a fait de la protection et du respect de la nature une de ces priorités, gagnant par là, à mes yeux et sans doute au votre, une richesse et une avance infinies.
Pourtant ce pays était encore une monarchie il y a quatre ans...
Je parle de cela pour rebondir sur votre texte qui évoque la violence déployée par nos politiques. D'une certaine façon ceux qui parviennent au pouvoir sont les pires. Sélectionnés par un système destructeur. N'y a-t-il pas un paradoxe? Nous attendons d'eux de la bienveillance quand leur seule chance de réussir est de ne pas l'être.
Bien sur, je suis attaché à la démocratie mais ses institutions éloignent des sphères du pouvoir ceux qui sont assez bons pour placer le vivant avant eux-même.
Sur quoi proposez-vous d'agir pour changer cela?
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