Nous vivons une époque inquiétante.
Pour plaire aux lobbies de l’arriération, les gouvernants abandonnent ce qui leur restait de positif, à savoir le respect de l’état de droit et des grands principes d’une république démocratique.
Nous savions qu’ils pratiquaient la lutte des classes inversée, qu’ils émargeaient à la secte des adorateurs des entreprises très privées, que leur dieu s’appelait le marché et leur raison d’être la spéculation d’abord.
Mais demeurait l’illusion qu’ils préservaient les atouts de la démocratie.
Face à eux, des dictateurs, des régimes autoritaires, des idéologies fascisantes s’avançaient, menaçant la liberté de pensée et de mode de vie, les droits de l’homme.
Or, loin d’être des remparts pour la liberté et les droits de l’homme, les gouvernants du jour préparent les agissements des anti-démocrates.
Les Soulèvements de la Terre deviennent des boucs émissaires destinés à donner des gages de soumission aux arriérés.
Les gouvernants n’hésitent pas à qualifier ces écologistes de terroristes, perdant tout sens de la mesure et du réel.
Un terroriste est celui qui répand la terreur par le meurtre, l’attentat et la violence extrême.
En l’espèce, de quoi s’agit-il ?
D’après les informations publiées, des militants des Soulèvements de la Terre se seraient introduits sur le site d’une cimenterie, non pas pour y perpétrer des actes terroristes, mais pour taguer sur un bâtiment des slogans hostiles à l’industrie cimentière.
Taguer un mur constitue un délit, mais non un crime et encore moins un acte terroriste justifiant la garde à vue de 17 militants.
Juridiquement, le traitement de ce type d’actions militantes marque une dérive autoritaire et partiale du pouvoir politique.
Ce ne sont pas des graffitis qui alarment les gouvernants du jour, mais une idée, une contestation, une remise en cause d’un système pervers qui confond progrès et croissance, intérêt général et petits profits des copains exploitants et exploiteurs.
Ce qui est reproché aux Soulèvements de la Terre n’est pas ce qu’ils font et qui ne relève que du spectacle et des actions en sensibilisation du public, mais ce qu’ils sont : des lanceurs d’alerte à l’encontre des méfaits du système économique contre nature.
Ces mêmes gouvernants n’avaient ils pas osé, en violation criante des principes fondamentaux de la république, fournir à la FNSEA une poignée de gendarmes dédiée à réprimer ceux qui osent critiquer l’agro-productivisme, et ce en créant une cellule « Demeter », réduite par le juge administratif.
À tout fait, il faut donner une qualification exacte.
Personnellement, je ne porte pas de jugement de valeur sur telle ou telle action, mais je m’inquiète face à une évolution de l’état qui oublie les fondements de la démocratie.
Les citoyens doivent demeurer égaux devant la loi.
Si des actes contraventionnels, délictuels ou criminels sont commis, les auteurs en répondent à proportion de leurs manquements aux lois et ce, quelle que soit leur appartenance idéologique ou sociale.
Est-ce le cas ici et maintenant ?
Poser la question dispense d’énoncer la réponse.
L’Histoire jugera sévèrement les hommes d’aujourd’hui pour les mêmes raisons que tous fustigent présentement les lâchetés et les fautes du passé.
Décidément, il est plus aisé de commémorer ou de blâmer les prédécesseurs que d’assumer ses devoirs du jour dont le premier devoir de l’état : l’impartialité.
Gérard CHAROLLOIS