Petit conte pour l’édification des temps présents

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Le Génie, du fond de l’univers, contemplant le gâchis sur la terre, enfanta deux hommes, Théodore et Donald, et leur tint ce langage :
- Je vous envoie parmi les hommes pour sauver ce monde que l’on voulait beau.
Ecoutez et remplissez vos missions et le monde sera sauvé.
Théodore, tu seras un homme de savoir, de science et de raison et tu feras reculer partout la souffrance et la mort. Tu seras aussi poète et artiste et apprendras aux autres le goût du bon et du beau, de la sensibilité et les qualités du cœur. Tu travailleras consciencieusement, chaque jour, pour le bien d’autrui et l’intérêt général et tu enseigneras aux humains le respect et l’amour de la vie.
Donald, tu seras premier de cordée, homme d’affaires et grand promoteur, aménageur, spéculateur. Tu ne créeras ni richesse, ni bonheur mais du profit et milliardaire, tu feras les présidents qui, en retour, seront tes obligés. Tu exploiteras sans vergogne la terre, la nature, les animaux et les autres hommes.
Ainsi parla le génie.
- Mais, Maître, pouvons-nous vous poser une question ?
- Oui, dit le maître, car il y a toujours un pourquoi.
- Comment, Maître, pouvez-vous dessiner deux humanités aussi opposées ?
Le génie, penché sur la petite planète bleue leur répondit :
Vos missions sont identiques. Si Théodore réussit, les hommes seront sauvés et accèderont au GRAND SECRET qui les libérera de l’angoisse.
S’il échoue, Donald réussira et l’homme pourri par sa cupidité, sa voracité, sa cruauté disparaîtra.
- Mais alors Maître, tout sera perdu ?
- Pas du tout. Très vite, dans moins de cinquante millions d’années, je confierai aux poulpes la mission que les humains ne furent pas dignes de remplir.
En développant leur intelligence et leur sagesse, les céphalopodes recevront le GRAND SECRET et la vie aura gagné.

Gérard CHAROLLOIS