Penser comme la nature

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Le peuple est en colère et les sado-masochistes s’étonnent de ce que les gens n’aiment pas recevoir des coups de bâtons.
Il est clair qu’une majorité de citoyens désapprouve la politique d’injustice sociale et de régression assumée avec arrogance par les agents des banques et de la finance.
Des émeutiers, d’affreux « casseurs », ont dégradé des biens à PARIS et le pouvoir politique entonne l’antienne des hommes d’ordre dénonçant des « ultras », des « extrémistes », des « radicaux » décalés, minoritaires et irresponsables.
Je m’amuse à songer ce qu’auraient déclamé ces personnages, tenant de l’ordre injuste, le 15 juillet 1789 au lendemain de la prise de la BASTILLE !
Certes, je préférerais que les citoyens se mettent en marche contre le château parce qu’il célèbre la chasse à courre et protège les promoteurs qui assassinent les espaces naturels.
Car c’est en cela que le système est pervers.
80% des Français souhaitent des dimanches sans chasse ainsi que l’abolition de la vénerie et partout des comités de défense locaux s’opposent aux infrastructures destructrices de vie sauvage.
Mais, le pouvoir politique ignore ces aspirations majoritaires et entre banquiers, milliardaires, oligarques et grands veneurs, les hommes du pouvoir se moquent de la démocratie et insultent la sensibilité élémentaire des gens civilisés.
La morgue les caractérise.
Ils sont la cour de 1789, les POLIGNAC de notre temps et au lendemain du 14 juillet peuvent baver sur les « casseurs ».
Je regrette que le peuple ne s’insurge pas pour sauver la faune, la flore et les milieux naturels.
Mais les ennemis de mes ennemis sont mes amis.
Confronté aux événements de mai 68, le général de GAULLE posa au pays une double question de confiance. Il prononça le 30 mai la dissolution de l’assemblée nationale. Les 23 et 30 juin, le parti de l’ordre obtint une écrasante majorité. Mais le 27 avril 1969, il était désavoué par 52% des votants au référendum et partit immédiatement, considérant que le contrat de confiance était rompu entre lui et le pays.
Qui oserait soutenir sérieusement que le contrat de confiance existe encore entre le président et le peuple ?
Le président, à l’instar du fondateur de la cinquième république, va-t-il interroger sa légitimité en donnant la parole au peuple ?
Les grands veneurs et les petits oligarques n’ont pas cet orgueil gaullien qui distinguait l’homme de l’Histoire et le séparait des politiciens très ordinaires.
Quand bien même 90% des citoyens condamneraient la politique actuelle, les agents du Marché, les entreprises privées se cramponneraient au pouvoir au nom d’une indéniable légalité qui n’a plus rien à voir avec la légitimité.
Pour ma part, je pense comme la nature.
Combien sommes-nous à penser comme la nature ?
L’honnêteté intellectuelle et la lucidité obligent à reconnaître que nous sommes minoritaires.
Cela ne contredit nullement ce que nous apprennent les enquêtes d’opinion ci-dessus rappelées.
L’immense majorité souhaite l’arrêt de la chasse, un meilleur respect des animaux, la préservation des sites.
Mais cette confortable majorité ne serait pas prête à « casser » pour défendre le vivant.
En revanche, les aggravations criantes des injustices sociales font descendre le peuple dans les rues.
Ne boudons pas notre plaisir.
Les ennemis de la terre sont en grande difficulté.
La nature, victime de leur idéologie cruelle et cupide, se réjouit des contestations d’où qu’elles viennent.
Tout lynchage est à proscrire.
Mais un veneur aux abois, un promoteur de routes nouvelles, de mines d’or ou de forages pétroliers aux prises avec des partageux, consolent du mal qu’ils font au vivant.
Penser comme la nature, c’est agir contre un système économique qui méprise l’arbre, l’animal et l’homme.
ARCHIMEDE voulait un point d’appui pour soulever la terre.
Donnez-nous une révolution pour ébranler ce qui tue la vie.

Gérard CHAROLLOIS