Un "pognon de dingue" pour les milliardaires

Digne d’une éructation Trumpienne, les communicants du président français diffusent une vidéo dans laquelle le monarque électif déplore le « pognon de dingue dépensé en vain pour les pauvres qui, faute de se responsabiliser, restent pauvres ».
Bien sûr, le message vise à séduire la frange la plus aigre de la société et l’affaire est calculée à dessein d'emporter l’adhésion des « beaufs » pour qui les bons sentiments valent moins que les exhortations à la « sueur et au sang » des autres, évidemment.
Le propos jupitérien ne sera pas sanctionné électoralement puisque les « pauvres » votent moins que les autres et que, lorsqu’ils le font, ils se trompent souvent.
Les professionnels de la communication le savent et peuvent ainsi manipuler une opinion publique réceptive aux sentiments les plus rances.
Mais qu’est-ce que la pauvreté ?
La notion est relative et parfaitement conjoncturelle.
Ainsi, l’attributaire du Revenu de Solidarité Active accède à l’aspirine pour combattre une rage de dent, ce dont ne jouissait pas le roi soleil, homme le plus puissant de son temps, qui souffrait du froid dans son palais nauséabond.
La pauvreté en Europe et en notre temps n’est plus ce qu’elle fut au Moyen-âge.
Ce qui s’aggrave ici et maintenant, ce sont les écarts entre les peuples et une infime poignée d’oligarques, moins de 1% de la population, qui font élire les gouvernants et confisquent la puissance publique pour l’ajouter à leur puissance financière.
Pour eux, la société doit faire des sacrifices et réserver un « pognon dingue » pour attirer les investissements par les privilégiés, ceux qui prennent des risques assumés par les autres et par la nature.
En 1945, les idées de droite ayant cruellement informé les peuples sur leurs méfaits, l’époque était à la solidarité, à l’altruisme, au souci des plus humbles. Les pays exsangues, dévastés par la guerre, concevaient la sécurité sociale, les droits des travailleurs, l’économie solidaire, les nationalisations des secteurs économiques sensibles pour le bien public.
Ensevelies sous les décombres des villes bombardées et les monceaux de cadavres des champs de batailles ou des camps d’extermination, les idées rances n’osaient plus émerger.
L’oubli est venu et avec lui tout recommence.
La secte « libérale » veut détruire tous les acquis sociaux hérités de la Libération et du Conseil National de la Résistance.
Or, la France opposa longtemps un refus des dogmes sévissant ailleurs en Occident.
Alors, pour la secte libérale, il est grand temps d’en finir avec le « conservatisme français » et l’urgence est de « se mettre en mouvement vers la modernité ».
Pourtant les faits parlent :
La France connait un taux de pauvreté (13%) inférieur à ceux de l’Allemagne et de l’Angleterre (20%).
La couverture sociale est plus performante chez nous que chez nos glorieux voisins.
Les « libéraux » rétorquent qu’en revanche le chômage est supérieur en France, ce qui est exact mais ne réhabilite nullement leurs dogmes.
La Grande-Bretagne connaît le contrat de travail de 0 heure et l’Allemagne possède trop de travailleurs pauvres et de retraités contraints de poursuivre une activité pour ne pas sombrer dans la misère.
Or, il y a pire que le chômage : l’exploitation méprisante.
Si l’on suivait la logique des adeptes de la secte, le travail offrant seul à l’homme sa dignité, il serait moral de rétablir l’esclavage, c’est-à-dire un travail sans rémunération décente.
Le chômage marque l’indignité d’une société et non de la personne victime d’un Système.
Soumettre un individu à un travail ne lui permettant pas de vivre décemment frappe d’indignité cet individu.
La société voulue par les « libéraux » comportera, d’une part, des premiers de cordées vivant dans un monde séparé, d’autre part, un peuple soumis et résigné avec une détérioration inéluctable des classes moyennes, victime du gel des salaires, de la baisse des prestations sociales, de l’augmentation de la C.S.G.
L’inflation, fut-elle modérée à 2% l’an, réduit les conditions matérielles de vie du salarié et du retraité, cependant que les revenus des oligarques s’accroissent de 40% par an.
Les « éléments de langage », formules creuses, la manipulation des opinions publiques masquent l’échec du deuxième système économique hérité du siècle passé, échec tout aussi patent que celui du soviétisme planificateur.
Il serait trop facile de répliquer au monarque électif du jour, serviteur des intérêts de ceux qui l’ont fait élire, qu’il aurait pu économiser les neuf milliards offerts aux oligarques, depuis son avènement au pouvoir, pour éviter d’accroître la dette publique.
D’ailleurs, cette dette publique résulte du Système qui impose à l’Etat, donc au bien public, de se financer par le Marché, erreur  édictée par les « libéraux ».
Le cadeau fait au 1% de la population qui en avait le moins besoin est certes scandaleux, mais il faudrait bien autre chose pour remédier aux méfaits du système économique dévastant la planète.
Le nœud gordien réside dans les financements de l’aide sociale pour les plus vulnérables, des services publics, de la recherche, de la santé, en un mot du bien public.
Ces fonctions devraient échapper à une comptabilité de boutiquier car ce ne sont pas des valeurs marchandes.
L’Etat, en charge de cet intérêt public supérieur, doit recouvrer sa pleine souveraineté et autonomie financière, ce qui passe par une souveraineté populaire sur la monnaie et tout le secteur bancaire.
Il est indécent d’évaluer en coût financier l’éducation d’un enfant ou la vie d’un homme, car la vie n’est pas sur le Marché.
Les communicants du président en diffusant sa grossièreté incongrue ont parfaitement intégré que les peuples revenaient aux errements des années 1930.
Non pas que le Trumpisme et assimilé soit un fascisme flamboyant : il ne comporte pas l’esthétisation de la politique  accompagnant les vieux fascismes du siècle passé supposant des adhésions enthousiastes des peuples.
Les réactionnaires d’hier évoquaient des loups. Ceux d’aujourd’hui rêvent en moutons.
Je parle ici de tempéraments et exprime mon amour des loups et des moutons, êtres biologiques et non métaphoriques.
Mais réactionnaires d’hier et « libéraux » d’aujourd’hui ont des aigreurs et rien n’est pire que les mauvais sentiments.
Que ceux qui ont omis d’être solidaires des retraités spoliés en janvier dernier, des cheminots privés d’un statut pour l’avenir, des fonctionnaires dont le salaire est « gelé » depuis près de dix ans, des gens modestes dont les allocations logements diminuent, ne s’illusionnent pas : leur tour viendra !

Gérard CHAROLLOIS

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