Les faits et les commentaires

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Constatons que malgré les fabuleux progrès des sciences et des techniques, nous subissons des régressions sociales et des stagnations comportementales et éthiques.
La condition animale révèle les blocages d’une société en marche vers la rentabilité, le profit, l’économisme dogmatique et abstrait et vers la négation des droits du vivant.
La valeur d’une civilisation se mesurant à son degré de compassion envers les plus vulnérables, par-delà les appartenances, il convient de constater que la secte qui dirige le monde emporte un recul civilisationnel.
La secte possède son culte : le Marché, son temple : l’entreprise privée, ses dogmes : concurrence, compétition, rentabilité, performance.
Ainsi, les enquêtes d’opinion peuvent bien confirmer que l’immense majorité de nos contemporains souhaitent l’abolition de la chasse à courre, de la torture tauromachique, veulent des limitations strictes de la chasse, le monarque électif et sa cour perdurent à se courber devant les pires lobbies de la cruauté et du mépris du vivant.
Or, les dirigeants politiques ne manquent ni d’informations sur le rapport des forces, ni de génie tactique pour manipuler l’opinion ce que prouve leur perpétuation au pouvoir par-delà les pseudo-alternances qui ne sont que des changements d’acteurs en représentation.
Sans cette manipulation scientifiquement élaborée, les peuples n’éliraient plus les adeptes de la secte qui, de réformes en révolution thatchérienne, les conduisent aux régressions et amènent la planète à la mort de sa diversité biologique.
Le style change et le fond demeure : les uns jouant les vulgaires, brutaux et populaires, les autres les gendres impeccables, policés à souhait.
En France, le monarque électif du jour se surpasse, flattant le lobby chasse en exprimant son soutien à la chasse à courre, son acceptation de la chasse des oies en février, bien que les juridictions nationales et communautaires aient condamné ce braconnage de fin d’hiver à d’innombrables reprises et que le souverain ne puisse pas ignorer la loi qu’il bafoue ainsi.
Pourquoi cette servilité des politiques envers ce que le pays compte de plus ringard, attardé, désavoué par la majorité des citoyens ?
C’est qu’ils ont calculé que le soutien d’un lobby chasse, bien que très minoritaire mais très structuré, valait mieux pour leurs intérêts électoraux que celui des défenseurs de la nature et du vivant.
Il faut dire qu’en avril 1989, les présidents de fédérations départementales des chasseurs, à l’initiative de celui de la DORDOGNE, ont su lancer un micro-parti politique (CPNT) qui obtint des résultats globalement médiocres mais qui parvint à faire élire 5 députés européens en 1999 et des conseillers régionaux, notamment en PICARDIE et en AQUITAINE.
Ce parti parvint à contaminer la droite politique qui lui offre des vices-présidences de régions dont l’unique obsession est d’assécher les finances des associations régionales de protection de la nature, qualifiées d’anti-chasses et de gratifier, comme en région AUVERGNE-RHONE-ALPES, de trois millions d’Euros des chasseurs en voie de paupérisation d’adeptes mais non d’argent.
Les défenseurs du vivant n’ont pas su se rassembler en un antidote du CPNT.
Dès lors, le raisonnement du monarque électif est qu’il est plus profitable d’obtenir le soutien d’une organisation structurée, puissante financièrement et dotée de relais ruraux que de contenter un courant écologiste, naturaliste, animaliste majoritaire mais émietté en nébuleuse déstructurée et qui ne saura pas sanctionner les génuflexions devant les tueurs agréés.
En 2016, j’ai tenté de promouvoir un anti CPNT, une FORCE POUR LE VIVANT, un parti « anti-chasciste", mais à la différence de ce qui intervint chez les ennemis de la terre, loin d’unir, de rassembler les énergies, les talents et les moyens, notre initiative inspira une floraison de micro-partis reprenant la même sensibilité.
Le résultat prévisible débouche sur notre impuissance à peser sur les décideurs du fait de nos dispersions stériles.
Combien y aura-t-il de listes écologistes et animalistes lors des prochaines élections Européennes, en 2019, face au parti du monarque électif et des conservateurs pro-CPNT ?
Poser la question revient à donner la réponse et à prévoir l’échec des uns et des autres.
Si nous voulons inverser le rapport des forces, il faut en finir avec ces divisions, cette course égotique pour unir tous ceux, sans exception aucune, qui veulent faire gagner la vie.
J’ajouterai que mes amis de combat, des diverses associations, des groupuscules écologistes, des micro-partis du mieux, ne mesurent pas l’ampleur du péril, la puissance des ennemis de la terre, leur emprise sur les moyens de manipulations de l’opinion, les complicités qu’entretiennent les membres de la secte par-delà leurs fausses compétitions électorales, car ils servent tous les mêmes intérêts, ceux des forces thanatophiles.
Dès lors, l’union s’impose avec tous ceux qui refusent le système pervers fondé sur l’exploitation, la compétition, la rentabilité, la domination arrogante, le mépris de l’autre et de la vie.
La qualité, la notoriété, l’ardeur du leader n’y fera rien. C’est l’union qui donnera force et crédit à un mouvement d’opposition résolue aux négations des droits du vivant.
Je me réjouis de découvrir chez d’autres les idées, les valeurs, les thèmes et même les formules que la CONVENTION VIE ET NATURE sème depuis quinze ans.
Je les remercie de nous relayer, de porter la voix, le projet de société biocentriste.
Alors, je ne désespère pas qu’un jour viendra où notre appel à l’union soit entendu, même si nous devions ne plus être là personnellement pour nous en réjouir.
L’objectif clair, ferme, résolu tient à l’instauration d’un état d’empathie, de bienveillance, de réconciliation entre l’arbre, l’animal et l’homme, un nouvel ordre écologique opposé à l’ordre du Marché qui réifie les êtres humains et non-humains pour célébrer le culte du profit.
Coupables ou naïfs ceux qui ne verraient en notre démarche qu’un farfelu animalisme et qui rétorqueraient qu’il y a tant de grandes questions, tant de défis, tant de périls affectant l’humain, qu’il apparaît très subalterne de se préoccuper d’un loisir d’idiots de villages.
Erreur : tout se tient et la compassion forme une entité mentale, une démarche éthique globale, une cohérence politique.
Lorsque cette démarche sera comprise, la secte au pouvoir partout sur la Terre, avec sa fièvre d’exploitation et de croissance quantitative, s’écroulera comme se sont effondrés les deux grands totalitarismes criminels du siècle passé et ses ravages seront tout aussi évidents que les monstruosités de ceux qui, comme elle, voulaient régner mille ans.
Peut-être que notre seul mérite résidera dans le fait de l’avoir annoncé trop tôt.
Servir une cause vaut mieux, n’est-ce pas, que se servir d’une cause pour exister.
 
Gérard CHAROLLOIS