L'agonie de la démocratie.

Les peuples manifestent, pétitionnent, dressent des tentes sur les places des villes et l’indignation est à l’ordre du jour.
Dans divers pays du Sud de l’Europe, les parlements siègent sous la haute protection policière et les gouvernements dits de « gauche » au Portugal, en Espagne, en Grèce tombent ou vacillent sous le poids de leurs reniements.
Alors, reviennent les agents dociles du Marché, ceux qui feront avec arrogance et morgue ce que les sociaux-démocrates faisaient à bas bruit, avec un peu de honte et sous la contrainte du tyran : le Marché.
Quelle que soit la colère des peuples, le nombre et l’ardeur des cortèges, l’ampleur de la noble « indignation », partout et toujours le tyran qui se rit de la démocratie, dicte sa loi, ses réformes.
Que dit cette loi :
« Vous devez réduire la dépense publique, supprimer des emplois de service public, privatiser tout ce qui peut être rentable et d’abord, instrument de la domination du tyran, faire financer l’Etat par l’emprunt ».
Ces dogmes se sont progressivement imposés en Occident, au point de ne plus susciter de débats, au point d’aller de soi, de n’offrir aucune alternative et échapper à tout examen critique.
Qu’ils votent à « gauche », c’est-à-dire pour la justice sociale, la solidarité avec les plus humbles, l’amélioration des droits du salariat ou qu’ils votent à droite, c’est-à-dire pour le pouvoir de l’argent, les peuples subiront la dictature du Marché dont trois agences de notations sont les chiens de garde.
Comment s’étonner que trop de personnes abdiquent leurs citoyennetés et cessent de participer à un jeu démocratique qui apparaît de plus en plus formel et sans réel enjeu.
C’est le temps du « à quoi bon », puisque tout n’est que contraintes, qu’il n’y a pas d’alternative, qu’il faut combattre la dette publique en imposant aux citoyens l’abandon progressif des droits acquis.

L’abstentionnisme, ce suicide collectif, progresse et certains s’illusionnent enpensant ainsi troubler les maîtres du système.
Erreur absolue, car fussent-ils élus par une infime minorité de participants aux scrutins, les dirigeants bénéficient de la légalité leur conférant le pouvoir de faire la loi et le règlement.
D’ores et déjà, les majorités parlementaires en France et ailleurs en Occident n’émanent que d’une minorité absolue du pays, ce qui ne les empêchent pas d’imposer leurs intérêts, leurs choix, leurs dogmes sans la moindre vergogne.
Quand les femmes et hommes de mieux se taisent, ne retentissent plus que les éructations des arriérés.
Restent, pour s’exprimer et élire les pires ennemis de l’arbre, l’animal et l’homme, les éléments les moins indignés, donc les moins éclairés, d’une population.
Les adorateurs du Marché ont réussi à brimer l’Etat, cette main protectrice qui épargne les plus faibles et les plus honnêtes de la violence des plus forts et des plus malins.
Ils ont fait échapper l’économie et la finance au contrôle d’un souverain dépossédé : le peuple.
Ils peuvent aujurd’hui clamer que le politique n’y peut plus rien et que la main invisible mais de fer de la finance commande seule.
La démocratie est vidée de toute substance puisque les ordres, les lois, les décisions émanent d’autres sources invisibles, lointaines, irresponsables, cruelles, indifférentes à l’indignation des peuples.
Pour faire ce coup d’etat multinational, les dogmatiques de la privatisation ont conçu de supprimer la souveraineté budgétaire de l’Etat, transformé en simple particulier condamné à se financer par des emprunts auprès des forces spéculatives.
Ils ont instauré des banques centrales indépendantes du souverain.

L’indignation, ce pouvoir de dire « Non », cette révolte du cœur, ce premier sursaut d’autonomie de l’enfance, ne suffira pas à sauver la démocratie assassinée.
Une indignation ne fait pas une politique, n’apporte aucun remède, ne débouche sur rien d’autre qu’une grosse colère d’où peut sortir le meilleur ou le pire qui, en l’espèce, auraient pour noms : nationalismes, individualismes égotistes, fuites en avant.
Que vienne le temps de l’analyse, de la réflexion rationnelle et de la volonté d’abattre le tyran.
L’Etat, expression de la souveraineté populaire, garant du bien public, frein aux voracités des cupides sans scrupule, n’a pas à se soumettre à la finance internationale.
Son budget qui signifie santé, justice, éducation, protection de la nature, accompagnement des détresses sociales, n’est pas celui d’un fonds de commerce.
A l’inverse de ce qui est pratiqué par les adorateurs du Marché, il conviendrait d’interdire l’emprunt public et de financer l’intérêt général, d’une part par l’impôt, d’autre part par la libre émission de la monnaie par le souverain.
La politique s’émanciperait ainsi de la tutelle de l’argent et les peuples reprendraient leurs droits sur leurs destins.
Malheureusement, nous ne vivons encore que le premier stade, celui de l’indignation et d’une grosse déprime collective.
Suivra le temps du sursaut.
Gérard CHAROLLOIS
CONVENTION VIE ET NATURE
MOUVEMENT D’ECOLOGIE ETHIQUE ET RADICALE
POUR LE RESPECT DES ËTRES VIVANTS ET DES EQUILIBRES NATURELS.

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