Quelle nature ?

L’humain peine à instaurer avec la nature ce lien pacifié qui lui permettrait seul de ne pas être une impasse évolutive vouée à l’anéantissement.
Il y a les arriérés qui pensent encore que la nature doit être domestiquée, dominée, gérée et qui n’ont pas compris qu’elle ne nous menace que par sa disparition provoquée par notre espèce cupide et cruelle.
Ils veulent exterminer tout ce qui ne leur rapporte rien, concevant l’espace naturel comme un espace jardiné, exempt de vie sauvage.
Ennemis de la terre, ils pourchassent le loup, l’ours, ici et ailleurs l’éléphant, le lion et le gorille.
Commentant le terrorisme islamiste, le ministre des affaires étrangères français stigmatise la «lâcheté» des assassins fanatisés et abrutis par un mythe.
Le ministre se trompe d’épithète.
Le fou de dieu n’est pas lâche. Il est cruel.
La cruauté est la première tare humaine.
Cette cruauté frappe l’homme et l’ensemble du vivant.
Quelle dose de cruauté faut-il pour écraser délibérément un passant qui ne vous a rien fait ?
Quelle dose de cruauté faut-il pour aller chasser de pauvres bêtes qui ne nous ont fait aucun mal ?
Bien sûr, la lâcheté existe aussi, pas chez l’assassin qui risque sa vie pour avoir la satisfaction d’ôter celle des autres, mais chez tous ces planqués du juste milieu qui n’osent pas dénoncer le crime et la cause du crime : le fanatisme religieux d’un côté, les loisirs de mort visant les animaux de l’autre.
Le respect du vivant ne se divise pas.
Tout être vivant a un intérêt légitime à vivre et à vivre sans souffrir.
Voilà pour les ennemis de la terre.
Mais face à eux, vous rencontrerez de sympathiques esthètes de la nature qui voudraient figer la nature à un stade qu’ils considèrent comme optimal, définitif, intangible. Pour eux, il y a les espèces végétales et animales présentes en un lieu et en un temps déterminé et celles qui n’ont rien à faire dans un milieu muséifié. Ils parlent d’espèces invasives à l’encontre desquelles ils seraient prêts à déclencher le feu chimique ou l’orgie des fusils pour exterminer les intrus.
Je ne partage pas cette conception congelée de la nature.
De tous temps, l’évolution amena des changements dans le règne du vivant.
Ce qui advient de nos jours et qui est criminel ne tient pas aux transformations, mais à l’appauvrissement de la biosphère par les activités humaines.
Le vivant disparaît ce qui est inacceptable.
Son évolution serait parfaitement admissible surtout si elle se traduisait par un enrichissement d’espèces.
Dans les parcs périurbains de PARIS, des milliers de perruches indiennes, de couleur verte, se sont implantées et se reproduisent, émerveillant les uns, irritant les autres par leurs cris et leurs détériorations des isolations des bâtiments.
Certes, on doit s’interroger sur l’incidence de cet oiseau sur le reste de l’avifaune antérieurement présente, mais son exotisme ne constitue pas en soi une hérésie ornithologique.
Avant l’homme, des espèces apparaissaient ainsi dans des lieux nouveaux pour elles et ce processus naturel s’appelait l’évolution.
Ne soyons pas frileux à l’égard de ces conquérants et réjouissons nous toujours lorsqu’il y a de la vie.
Ne cherchons pas à maîtriser toujours et, déplorant les raréfactions, accueillons avec bienveillance les formes nouvelles.

Gérard CHAROLLOIS

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