Le temps du mépris.


A  COLOGNE, en Allemagne, les organisateurs d’une importante foire agro-alimentaire, en octobre prochain, refusent d’accueillir les producteurs de foie gras.

Commentant cette offense aux « traditions locales », la presse formatée qui nous censure, rabaisse l’option des décideurs germaniques en affirmant qu’ils « redoutaient les réactions des groupuscules animalistes » .
Le ministre du commerce extérieur du gouvernement conservateur, par ailleurs chasseur, intervient auprès de l’ambassade d’Allemagne, en faveur du foie gras, au nom des 35000 emplois créés par la filière du produit issu des « nobles traditions rurales Françaises » !

C’est qu’en France, toute pensée prenant en compte l’animal doit être marginalisée, ridiculisée, caricaturée et plus encore bâillonnée.
Le gavage des palmipèdes, entre autres, ne doit pas faire l’objet d’un débat sérieux et objectif .

S’en préoccuper, ne pas suivre le conformisme grégaire, s’interroger sur ce que le consommateur basique écarte d’un revers de serviette de table, ne pas bêler à l’unisson des paresseux de la conscience, ne sauraient être que questionnements de « groupuscules animalistes » !

La France est le pays de la chasse sous toutes ses formes, de la tauromachie, de l’élevage concentrationnaire, d’un anthropocentrisme étriqué, doctrine servant de fond culturel aux lobbies de la mort et de l’exploitation du vivant, bien que ces lobbies deviennent très minoritaires dans le corps social.

Nous sommes bien loin de l’ère de la compassion dont rêvent certains intellectuels qui confondent l’émotivité télévisuelle grégaire et une empathie, progrès du processus d’hominisation.

L’idéologie mercantile, propagée par les maîtres du système, enseigne le mépris des assistés, des animaux, des humains exclus du premier cercle et immunisés contre l’esprit de concurrence.
Les conditions épouvantables de l’élevage concentrationnaire contemporain illustrent ce mépris du vivant manifesté par les adorateurs du profit, des dévots du Marché.
Pour faire de l’argent, ils condamnent les poules aux cages, les mammifères à la torture d’usines à viande dont nos contemporains veulent ignorer l’horreur.
Pour faire de l’argent, les oligarques réifient les bêtes et suppriment des emplois publics, rapprochements que la propagande officielle se garde bien d’opérer, alors que tout se tient et participe d’une société de cupidité et de mépris.
Or, il est logique dès lors que le commerce, la production, le profit, l’accaparement, la rentabilité féroce sont tout, que l’être vivant, nié dans son droit à ne pas servir ces buts funestes, soit rien
Les salariés sont des variables d’ajustement, l’éducation publique, la santé, la justice sont des prestations banalisées pas plus importantes que les gadgets et pacotilles des marchands.

L’amélioration de la condition animale et la rupture sociale avec le culte du profit sont indissociables puisque la compassion ne se divise pas.
Abolir l’exploitation d’autrui est une idée qui dérange les négationnistes de la prévalence du vivant sur le profit.
Dès lors, les partis politiques, temples du Marché et de ses lois, refusent avec cohérence l’élévation du niveau d’empathie tant envers les animaux et la nature qu’envers les « parasites sociaux, les assistés », c’est-à-dire l’ensemble des humains à l’exclusion de la caste féodale des oligarques de la finance, non-assistés mais voleurs du bien public.

En revanche, défaut de cohérence, c’est par indigence intellectuelle que des leaders proclamés écologistes et socialistes séparent l’humain de l’animal non-humain dans leurs programmes d’adoucissement de la condition.
Sous le règne de la droite de l’argent, les lois pro-chasses fleurissent tous les ans, les directives européennes visant très pusillanimement à atténuer la cruauté de l’élevage industriel sont combattues, les abattages dits rituels préconisés par les obscur’antismes religieux sont promus, la tauromachie est consacrée et, dans le même esprit de mépris, les services publics, l’intérêt général, les secteurs non-marchands sont rognés jusqu’à leur disparition, au nom de la rigueur budgétaire.

Nous, biocentristes, n’opposerons jamais l’arbre, l’animal et l’homme.
Nous oeuvrons à réconcilier le vivant pour que cette planète cesse d’être un enfer où les individus et les espèces broyées sur l’autel du Marché souffrent et meurent pourune poignée de « parasites sociaux » qui n’ont aucun besoin « d’assistance » pour prédater, polluer, exploiter,promouvoir c’est-à-dire bétonner, avilir.
Nous appellerons à la lutte idéologique, à la mobilisation militante, au refus du piège de l’abstention électorale au nom du purisme, pour que cesse le temps du mépris.
La salutaire indignation ne suffirait guère à changer les gouvernants néfastes qui servent les tueurs d’animaux et les exploiteurs de salariés.
Dépassons ce stade purement émotionnel de l’indignation et que vienne le temps de l’action politique contre ceux qui, en ce mois de juillet, offrent une décade de plus à la guerre sans honneur que quelques dizaines de milliers d’individus livrent aux oiseaux d’eau.
Si les animaux ne votent pas, si trop de pauvres gens exploités, prisonniers de leur servitude, s’intoxiquent à la propagande officielle, votons pour eux et pour sanctionner les fauteurs de ces crimes contre le vivant.
Gérard CHAROLLOIS
CONVENTION VIE ET NATURE
MOUVEMENT D’ECOLOGIE ETHIQUE ET RADICALE

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